Grâce à son nouveau triple album Le Manifeste Lulu, Damien Saez vient de signer un opus d'une qualité remarquable. Le Petit Prince de la poésie française vient de lui donner un second souffle.

Des siècles de poèmes français ont été nécessaires pour qu'un génie de la plume résiste au XXIe siècle. Damien Saez est bel et bien de retour depuis juillet dernier. L'un des rares chanteurs à texte de notre époque sème sur la toile des bouts d'œuvre d'art depuis le dernier été : après une vidéo pour annoncer sa reconquête de la scène, celui qu'on surnomme "Le Petit Prince" vient de sortir un triple album baptisé Le Manifeste Lulu. Le silence du poète a duré trois longues années, mais l'attente en valait la chandelle. Avec ces nouveaux opus Mon Européenne, Lulu et Les bords de Seine, Saez met en musique de textes d'une beauté qui relancent sa carrière. On peut déplorer peut-être, la récurrence de ses thèmes (la contestation politique/les problèmes de la société, l'amour perdu et les scènes des grandes villes), mais impossible de rester insensible à cette plume si humaine. Certes, c'est une habitude mais elle est délicieuse, comme un plaisir coupable dont on ne se lasse pas.

La plus grande majorité des chansons sont de simples piano-voix ou de l'acoustique avec une guitare mais Le Manifeste Lulu n'est pas là pour faire de la musique de haut vol. Comme souvent lorsque Saez sort un triple album, rien ne compte plus que le texte et le message qu'il veut faire passer. Avec une moyenne de plus de sept minutes par morceaux, le Petit Prince avait beaucoup de choses à dire. Malgré ces longueurs, ce triple album n'est pas pensé pour être chanté à tue-tête, mais pour ressusciter la poésie française. Baigné de romantisme et d'humanisme, Saez déplore le monde, les attentats, la politique et la corruption, pleure l'amour perdu, la femme qui a quitté son lit et sublime sa mélancolie naturelle, la neige sur Paris. Jamais plume des temps modernes n'a su écrire de telles pépites de la nouvelle littérature.

Si une personne sensible a la chance d'écouter ce nouvel opus, certains titres font monter quelques larmes (comme "Matins de neige" ou "Notre-Dame Mélancolie", "les amours mortes" par exemple). Il semble absurde de vouloir démêler le fantasme, la métaphore et le vécu dans les lignes que Saez nous écrit, mais qu'importe, les mots dansent et le tableau qu'ils dépeignent émeut profondément. L'ensemble est dense, combat les maux du monde avec les mots sur lesquels son poète danse avec aisance.

En dépit de l'image parfois négative que les gens peuvent avoir de lui, Damien Saez sera probablement étudié à l'école dans quelques années. Des professeurs de Français présenteront cet homme fragile comme l'homme mélancolique qui a redonné vie à la poésie française romantique, dans une époque qui manquait cruellement de si grands artistes. Après tout, il annonce lui-même la mort de cet art dans "Mon pays je t’écris", une des chansons du Manifeste Acte I : « Ils sont morts les Vinci, les Rimbaud, les Voltaire. Mon pays c’est l’enfer, la misère des cerveaux. » Tout est dit.

Damien Saez sera en concert au Zénith de Paris le 22 avril prochain et en tournée dans toute la France. Plus d'informations sur les dates à venir sur le site dédié à ce nouveau projet : culturecontreculture.

Elodie LEMAN

Source : www.poleculture.net