Pour son nouveau spectacle, articulé autour de ses deux derniers opus, Saez associe films et chansons rock au cours d’un set très généreux dans le temps, scindé en trois grandes parties. Si la vidéo très nouvelle vague déconcerte la salle, inaugurant l’ambiance cyclothymique de la soirée, au premier titre l’émotion déboule et l’atmosphère change du tout au tout.

Le spectacle va, en fait, grimper crescendo , voyant d’abord l’auteur de J’accuse étaler toute la nudité de ses ballades, seul et sans artifice, pour gagner une dimension bien plus rock par la suite. Mais avant de sonner rageusement l’heure des pogos, Saez construit son spectacle patiemment, hypnotise un Zénith quasi rempli dans une pénombre plombante : il faut presque des yeux de chat pour capter un seul photon provenant de la scène.

Et tandis que le public offre un charmant spectacle de flammèches, sur scène tout s’accélère. Considérant la verve habituelle du personnage, conjuguée aux circonstances électorales, on pouvait s’attendre à quelques envolées politiques… Tout le monde en prend pour son grade, dans un langage aussi cru que libérateur, des politiciens aux réseaux sociaux, jusqu’aux plateformes d’écoute en ­ligne. Plus « vénère » que réactionnaire, Saez construit toutefois son discours sur de vraies notions d’empathie, plaçant revendications et protestations au centre de sa démarche artistique, fusionnant à la volée déclamation, prose et tubes rock celtiques. Pour certains le dogme semblait indigeste, mais pour beaucoup d’autres il s’est ­avéré diablement défoulatoire.

Joachim Carrasco

Source : www.bienpublic.com