Deux ans après God Blesse, Saez revient avec un nouvel album , Debbie. Si sa production est toujours aussi léchée, l’auteur de Fils de France n’a plus le monopole du rock ré(sur)volté. Revue des troupes.

Saez L’insoumi

Depuis son dernier album en date, God Blesse, sorti en 2002, le rock hexagonal a été bousculé par une cohorte de jeunes pousses décidées à occuper le terrain avec leur propres décibels. L’auteur de l’hymne Jeune et Con doit désormais frotter ses riffs insolents à ceux de concurrents sérieux, enfants de Noir Désir, disciple de l’école anglaise ou électrons libres, capables de conjuguer rock et langue de Miossec. La nouvelle livraison de Saez, Debbie, transpire toujours l’insolence, l’arrogance fragile et l’insoumission. Il n’a cure des critiques, celles qui lui reprochent le maniérisme de ses vocalises, son phrasé nasillard, sa manière se torturer les voyelles - peut-être – il voir là la fameuse "dyslexie magique" chantée par Dyonisos ? Grande et belle gueule, Saez reste un écorché, récitant des arabesques choisies et ostensiblement lettrées, sur fond de symphonies pour amplis. Le verbe haut, enfiévré, parfois un rien trop solennel, il livre là un troisième album à la fois racé et agressif, sensuel, sexuel, physique. Bref, tout à l’image de cette forte tête du rock français. Mais derrière, ça pousse.