Saez sort à nouveau une chanson en écho à l'actualité politique. Premier mai, son nouveau titre, résonne comme un espoir en berne.

Face à la présence de Jean-Marie Le Pen au 2ème tour de l’élection présidentielle, le 21 avril 2002, Saez écrit, compose et joue une chanson. Fils de France deviendra le tube engagé de toute une génération.

J’avais 16 ans, je séchais les cours pour crier « Non au F-Haine » dans les rues de ma commune de moins de 30 000 habitant•es, dans la campagne lorraine. Et je gueulais « Nous sommes, nous sommes la nation des droits de l’homme » en choeur avec les manifestant•es.

Saez, c’était pour moi la voix d’une révolte qui ne demandait qu’à s’exprimer, une jeunesse qui cherche à se faire entendre face au vote des vieux, en gros.

Premier mai, quinze ans après Fils de France

Entre temps, le chanteur aura poursuivi sa carrière.

Quinze ans se sont écoulés depuis Fils de France, et voilà que Saez sort un nouveau titre en réaction à l’élection présidentielle, où le Front National est à nouveau présent au second tour, sans que cette qualification n’ait suscité un émoi particulier.

La terrible habitude de la montée de la haine et de la peur de l’autre, sans doute.

Premier mai, un espoir en berne ?

Ce qui m’a frappée à l’écoute de Premier mai, c’est que je n’y retrouve pas du tout la hargne de Fils de France. Là où je sentais dans ce dernier une vraie énergie de révolte, le nouveau titre de Saez m’inspire plutôt la résignation.

Même si le refrain insiste que « Nous serons la lutte », c’est sur un ton très doux, très lent, comme une souffrance qu’on s’inflige. Loin de la force rebelle « pour un idéal, pour une utopie » qu’on chantait en 2002…

Mais finalement, cet apaisement dans le rythme m’inspire plutôt une lame de fond.

Saez chante « nous serons la lutte » en-dehors d’un système électoral décevant, et de ce point de vue, je retrouve également ma conception de l’engagement citoyen, qui ne saurait se limiter à glisser une enveloppe dans l’urne, une fois tous les 5 ans.

Pour moi, l’engagement politique est permanent.

C’est défendre les droits des femmes à chaque fois que j’en ai l’occasion, c’est adopter un mode de vie durable pour porter moi-même le modèle de société que je voudrais voir émerger, c’est prendre la parole à chaque fois que j’ai l’opportunité de défendre une cause qui me tient à coeur, etc.

C’est répliquer chaque jour l’engagement pro-égalité qui m’anime en ce ce Premier mai, en résumé. Et toi, tu l’as lu comment, ce nouveau titre anti-FN de Saez ?

Clemence Bodoc

Source : www.madmoizelle.com