SAEZ la tête enfoncée entre ses deux mains, Damien Saez écoute religieusement l'écoulement des titres de son 3e album à paraître fin juin. Nerveux, il fume cigarette sur cigarette, et ne s'arrête que pour prendre le temps d'expliquer les nouvelles directions explorées dans sa musique.

"Là , on vient d'écouter le premier versant de l'album, plus rock, plus brut. l'autre garde la même cohérence, mais se barre dans d'autres directions..."Effectivement, la fin dudit titre, qui semble raconter une espèce de trip psychédélique dans un voyage au Mexique, s'achève sur une digression jazzy, ou un solo de saxophone hurle des notes que Damien se plait à comparer à Coltrane. "le type qui a enregistré ça est le saxophoniste d'Eric Clapton, et il ne doit pas y avoir beaucoup de disques des années 70 ou il n'a pas joué." Pour garder une dimension réellement rock (plus présente que jamais dans son nouvelle album, dont on pourrait comparer les nuances à Noir Désir ou Radio Head), Damien Saez s'est acharné dans une période d'écriture qui lui a beaucoup coûté. " 5 mois à ne faire que ça", raconte-t-il. " il a fallu que je retourne à Dijon (sa ville d'origine) et que je m'enferme. Au final, les textes sont ceux dont je suis le plus fier." Si les "gros" titres de Saez gardaient jusque là une candeur chargée de slogans ("solution", "fils de France", ceux de son nouveau disque chapitrent autrement ses obsessions et ses peurs, d'une façon beaucoup plus élaborée et alternée, à l'image du titre "Debbie" coloré d'accents punk et ska, suivi par un titre tout en crescendo. " à part 2 ou 3 titres, mon 1er album était un journal d'ado mis en musique, le disque que n'importe quel môme de 18 balais rêve de faire. 'God Blesse' était un prolongement du premier, avec une 2e partie qui allait sur un autre niveau d'écriture. Pour ce nouveau disque, la méthode de travail n'est pas la même. Sur les textes, tout est travaillé : chaque virgule, chaque mot. Et ça change de beaucoup le résultat final." C'est que Saez a grandi et s'est un peu calmé (pas complètement). " à 26 ans, c'est pas qu'on a tout compris, mais on formule différemment ses déclarations. Aujourd'hui , j'ai décidé de continuer à dire ' je n'adhère pas à telle ou telle chose', mais autrement qu'avec des slogans de manifestation. Une phrase comme ' tu ignores le vide devant toi' , ça dit des tas de choses que j'aurais exprimées autrement avant." Moins tourné sur lui même , Saez parle de son disque comme celui ou il raconte les rencontres importantes. " Debbie est un personnage croisé. A la fin d'un autre titre , il y a Martin et Lisa , plus loin Marie ou Marilyn, des noms qui posent des décors. Avant, il y avait plus de chansons sociales. Là dés la première chanson, je dis 'tu', je m'adresse à quelqu'un , il y a plus de mise en dialogue, et aussi plus de mysticisme"....