Un concert exceptionnel de 3 heures nous a été offert par Saez ce vendredi soir au Galaxie d’Amnéville. Un moment d’un grande intensité et d’émotion, avec du rock, de la poésie, des textes percutants et revendicatifs !

Une ambiance brumeuse règne sur scène. Le rouge est la couleur prédominante. Quelques notes de piano se font entendre. L’artiste se fait attendre, et le public patiente tranquillement. Il est 20h48 lorsque la salle est plongée dans l’obscurité. Une vidéo est alors projetée. Un film en noir et blanc, où une jeune femme nous parle d’elle, de l’amour, de la vie… le tout accompagné au piano durant plusieurs minutes. Le rideau se lève. Quelques notes de piano encore. Des chandeliers ornent la scène. Damien arrive sous les applaudissements, s’installe avec sa guitare sur un fauteuil baroque en velours rouge. L’ambiance se veut intime. Seul sur scène. C’est avec « L’Humaniste » que le set est lancé. La scène est toujours dans la pénombre. Nous distinguons à peine l’artiste poète. Assis sur son fauteuil, avec sa guitare acoustique, l’instant est déjà fort en émotion. Ce premier morceau nous prend les tripes dès le départ et amène une ovation. Certains s’essuient le coin des yeux… Le public, conquis, se met à chanter sur « Les Enfants Paradis ». Les briquets s’allument dans la salle. Les leds des téléphones également. Ce début de set est poignant d’émotion. L’accueil est des plus chaleureux. Ça tape des pieds dans les gradins. Toujours en acoustique, « Tango » vient poursuivre le show. Damien est encore seul sur scène. Le ton monte petit à petit. La salle claque des mains. Les doigts grattent de plus en plus fort sur la guitare. L’intensité de la voix se veut de plus en plus forte. Une montée en puissance se fait sentir. Le public reprend en choeur « y’a Broadway à Paris » sur la fin de « Marie ».

Damien adresse ses premiers mots au public. Ça va les branleurs ? Ça va les p’tites putes ? La salle chante encore sur « Putains vous m’aurez plus ». C’est impressionnant. Damien se soucie de savoir si le son est bon. Ceux du fond, vous entendez la gratte ? La réflexion que nous nous faisons à ce moment-là est qu’il est incroyable de réussir à tenir la salle comme ça, en jouant assis sur un fauteuil à la guitare sèche. La puissance des mots et les qualités du maître de cérémonie font que l’alchimie est parfaite. Le public conquis. Ces premières mélancolies ont capté les sentiments et l’assistance. Chargés à bloc, nous sommes fin prêts pour la suite du combat. Avec « Betty », le « ressers à boire » est repris par le public sans se faire prier. Les musiciens arrivent discrètement sur scène, et nous arrivons au point de bascule avec un passage à l’électrique. L’accordéon vient également agrémenter le tout. Damien s’adresse aux personnes qui l’interpellent et lui demandent certains morceaux… J’hésite sur les prochaines… Vous vous êtes trompés de concert… C’est par un karaoké… On va pas faire des sondages sur les réseaux pour savoir quoi jouer… C’est avec « Mon Terroriste » que nous continuons, accompagné des claquements de mains. Le public chante une nouvelle fois. Les bras se lèvent. Le groupe reçoit une ovation à l’issue de ce morceau où l’accordéon est bien mis en avant. La revendication s’enracine, et le public sait ce qu’il est venu chercher. Il y a un parfum de révolte, savamment dosé, entre appel aux vrais sentiments, rage, colère, accordéon et cordes saturées. Et ça marche !

« Manu dans l’cul » est envoyé dans la foulée. Merci Damien, peut-on entendre dans la foule. Un beau moment de communion ! Inutile de dire que la fosse boit les paroles du tribun. C’est le temps des barricades ! L’enchaînement est fait avec « Des p’tits sous », et nous remarquons les slams qui ont fait leur apparition. Damien arrête de chanter au cours du morceau et titille la salle. Les gars, je crois qu’on est encore tombé sur l’école de commerce… Pour les revendications, faites cracher la voix ! Il reprend. On veut des p’tits sous ! Le public acclame les mains en l’air. Le discours politique reprend, puis les guitares s’en mêlent. La grand messe continue sans temps mort. Le riff est ultra efficace, le tempo est endiablé. La recette a déjà fait ses preuves et ce soir encore ! Le morceau finit de façon explosive. Le groupe quitte la scène avant de revenir avec « J’accuse », en version plutôt musclée. Le public chante en chœur dès les premiers accords. Ça saute, ça danse, les têtes bougent dans tous les sens. C’est de la pure folie ! L’ambiance monte encore d’un cran avec « Burqa », repris par le public. « Fils de France » est enchaîné, gardant la même énergie sur scène et dans la fosse. Le groupe accélère, les gens suivent et en veulent encore plus, pour finir le poing en l’air. Le rythme est encore soutenu avec « Cigarette », et le public reconnaît « Pilule » dès les premiers instants. La salle chante encore. La bonne parole anarchiste ne tarit pas. Ça arrache, le public aime et le montre. La puissance du son au service de puissants discours régulièrement repris par des fans nourris au sein révolutionnaire et contestataire.

C’est sans concession. Pleinement assumé et revendiqué. Jouissif pour tous ceux qui sont venus pour ça. Damien en perd sa voix. J’ai plus de voix, dit-il…. 10 de tensions…. C’est à vous, nous invitant ainsi à chanter encore plus. Le public lui fait une nouvelle ovation. Ça remue des épaules dans la fosse lorsque Damien interpelle « Marianne ». Des cris se font entendre au lancement de « Rue de la soif ». Ambiance celtique, ambiance à boire, mêlant accordéon et allers retours de Gibson saturée, mettant tout le monde d’accord. Le pogo est de mise, entre deux tirades éthyliques, le verre tendu bien haut, faisant chanter le public. La formule est encore et toujours la même, et l’énergie aussi, avec « Bonnie ». Nous entrons même dans la danse, et nous chantons avec Damien au son de l’accordéon. Une nouvelle fois, nous communions avec lui. Au delà des paroles, des riffs, de l’engagement, c’est sans doute la plus belle réussite de Damien Saez. Les battements de bras dans toute la salle sont impressionnants ! Après une nouvelle pause, Damien revient seul avec sa guitare acoustique pour « Nonne ou Putain » et « Jeunesse lève toi ». Les musiciens font leur retour pour « J’veux qu’on baise sur ma tombe ». Le public chante encore. La communion se fait dans la douceur d’un rythme saccadé et ralenti, d’une guitare haut perchée, jusqu’à ce qu’arrive l’incontournable accordéon. Les mains levées, nous chantons le « hohoho », envoûtés par le savant mélange dont Saez a le secret.

Merci pour votre fidélité ! J’espère que je vous l’ai bien rendu ! Mes frangins ! Damien quitte la scène, nous laissant avec la mélancolie qu’il a apporté. Le musiciens quittent également le plateau progressivement. Le groupe parti, nous continuons à chanter, incapable de nous arrêter là. Le rappel est chaleureux. Quelle ambiance ! Le public gronde, siffle et rappelle. Ça tape des pieds et des mains. Damien fait son retour, visiblement ému. Bah dis donc… Ils vont me faire chialer les cons… C’est avec « Rois demain » que le set se termine, joué seul sur scène, comme il a commencé. Merci infiniment ! Faites gaffe à vous ! Faites attention en rentrant ! À bientôt j’espère ! Avec un show de 3 heures que nous n’avons pas vu passer, Saez, dans toute sa générosité, a ravi le public, conquis, toujours là, indéfectible et fidèle. Le poète dégage une force incroyable. Les convictions et l’engagement sont toujours là. Les mots claquent. Damien Saez accuse et dénonce en rimes. Un beau et grand moment de partage ! On aurait tellement voulu que cela ne termine jamais !

Fabrice A.

Source : lamagicbox.com