Ouai rien capté à part que Damien chante fort dans le micro :D.
AnonymeIl y a 10 ans

Ouai rien capté à part que Damien chante fort dans le micro .

ça me rassure de voir que je suis pas le seul a ne pas avoir tout saisi, c'est très technique :-D, merci beaucoup pour le partage. A priori, ça a l'air d'être du lourd, tout ça.
kyl 24 Il y a 10 ans

ça me rassure de voir que je suis pas le seul a ne pas avoir tout saisi, c'est très technique , merci beaucoup pour le partage.

A priori, ça a l'air d'être du lourd, tout ça.

Merci pour l'interview ! C'est très intéressant même si je ne comprends pas grand chose ^^
Alain57 Il y a 10 ans

Merci pour l'interview ! C'est très intéressant même si je ne comprends pas grand chose

Moi j'ai compris l'essentiel. Vickie Mayne est la charmante brune qui fait les essais retour son avant les concerts à la vitesse V! ^^
AnonymeIl y a 10 ans

Moi j'ai compris l'essentiel. Vickie Mayne est la charmante brune qui fait les essais retour son avant les concerts à la vitesse V!

Je rejoins le club des "j'y ai rien compris" techniquement parlant (et c'est peu dire !), mais je trouve sympa d'avoir partagé l'article car le Monsieur me donne l'agréable impression de bien connaitre son boulot et surtout de prendre plaisir à faire ce qu'il fait. Alors simplement pour ça : merci
Décalée Il y a 10 ans

Je rejoins le club des "j'y ai rien compris" techniquement parlant (et c'est peu dire !), mais je trouve sympa d'avoir partagé l'article car le Monsieur me donne l'agréable impression de bien connaitre son boulot et surtout de prendre plaisir à faire ce qu'il fait.

Alors simplement pour ça : merci

[quote="melie"]Interview d'un ingé son sur la tournée Miami : http://www.soundlightup.com/archives/reportages/xavier-gendron-et-sa-paragon-sur-la-tournee-de-damien-seaz.html[/quote] Pour une fois qu'on avait un article intéressant et susceptible de nous apprendre quelque chose, ça me faisait quand même mal de n'y rien comprendre. Tout n'est pas devenu limpide mais voici quelques explications de l'auteur de l'article, Ludovic Monchat, qui sait de quoi il parle puisqu'il a été ingé son pour des concerts avant de monter sa boite avec un studio d'enregistrement et de sillonner les scènes hexagonales pour interviewer les techniciens. Je le remercie d'ailleurs pour sa gentillesse et sa patience d'ange. Sa passion pour son métier a permis de rendre l'incompréhensible intelligible et passionnant. Pour commencer, [b]Xavier Gendron[/b] c'est un peu la crème de la crème dans son domaine, il fait partie des 2 ou 3 meilleurs en France et peut travailler en toutes conditions, donc si lui n'arrivait pas à faire les retour pour Saez personne ne le pourrait. X. Gendron a fait des retours qui envoient "le boulet" parce que c'est ce que demandait Saez. L. Monchat a pu monter sur scène pendant les balances du concert au zénith de Paris le 18 avril 2013, ses impressions parlent d'elles-même quant à la qualité du travail de X. Gendron : [i]"C'est fabuleux, si tu pouvais imaginer la plénitude quand t'es au milieu des 6 wedges avec les musiciens qui jouent, c'est un bonheur, c'est très fort. T'es en capacité de faire de la magie dans ces cas-là, tu t'entends admirablement bien, t'es porté par tes musiciens, t'es porté par le son, tes pieds touchent plus terre quand t'es sur scène comme ça, c'est ce que Damien veut et c'est ce qu'il a. C'est dangereux parce que très fort ça peut à terme t'abimer les oreilles mais c'est magique comme son, c'est exactement ce qui te met en condition de te laisser aller. T'es au milieu du son, t'es bien." "T'as une puissance sonore impressionnante, mais c'est clair, c'est propre. T'as un bel équilibre notamment entre la batterie, avec Garoute qui est quand même un gars qui tape fort, et tous les amplis guitare autour de toi. Damien les tourne exprès pour se créer avec ses musiciens un environnement sonore où il entend le son de chacun."[/i] Saez est très exigeant, vis-à-vis de lui-même et du public, mais, quand tout se passe bien, il ne vient pas chercher la petite bête pour le plaisir. Il a vraiment besoin d'avoir des gens qui suivent parfaitement derrière et une fois que l'artiste est content et que tous les musiciens jouent à l'unisson avec lui, tout peut arriver et les bons concerts s'enchainent. Saez a besoin d'être à l'aise sinon ça ne fonctionne pas, et des fans qui le suivent bien se rendent compte tout de suite si l'artiste est dans une bonne soirée ou pas. Malheureusement techniquement il est possible de gâcher pas mal de concerts. Certains artistes (dont Saez) sont d'une exigence totale mais au moins les choses sont claires, la barre est très haute mais l'ingé son sait exactement ce qu'il faut faire pour le satisfaire et dès qu'il a atteint ce que Saez souhaite ça roule, mais pour ça il faut comprendre l'artiste, le suivre tout le temps, ne jamais le quitter des yeux, être prêt à corriger certaines choses, à répondre à ses moindres demandes, savoir également lui tenir tête quand il demande des choses impossibles qui peuvent lui abimer les oreilles ou qui risquent de ne pas fonctionner, il faut lui expliquer pourquoi (sans lui parler pendant des heures parce qu'il n'est pas là pour écouter un technicien pendant des heures) ; si un technicien dit quelques trucs précis en les justifiant, l'artiste écoute, il ne faut surtout pas croire qu'il soit dans un autre monde, et pour ça X. Gendron est parfait et surtout, quand on lui demande "je veux le boulet sur scène, je veux que ça envoie, je veux que ça me décolle les pieds du sol", ça marche très bien. Une fois que ça joue, le travail au [b]retour[/b] consiste à ajouter ce qui manque. L'ingé ne peut pas ajouter énormément de guitare parce qu'il y en a déjà beaucoup par les amplis et il ne faut évidemment pas que ça couvre la voix, mais il faut réussir à créer des équilibres pour que Saez soit dans une bulle de son où il peut naviguer et se donner à son public sereinement, en entendant parfaitement la moindre inflexion de sa voix, en entendant ses musiciens, en étant vraiment dans un monde de son qui est le sien et qui n'est pas du tout celui du public. Un artiste a besoin d'être dans son univers à lui, avec parfois très peu de guitare et beaucoup de batterie, ou une base rythmique très forte pour avoir vraiment le guide et chanter par-dessus, d'autres veulent très peu de basses parce que ça peut les embrouiller mais ils veulent les guitares à fond , chacun veut quelque chose de spécifique. X. Gendron doit lire exactement les besoins de Saez pour créer un univers qui lui permette de délivrer ce que le public attend. C'est très différent de la façade qui délivre un seul mix, l'ingé au retour doit faire un mix par chanteur/musicien présent sur scène. Il faut bien analyser le son de chaque scène, car chaque salle a un son différent, et pour le public et pour l'artiste, la forme de la salle joue sur les retours sur scène, le plateau peut être plus haut/bas/large... L'ingé son au retour doit être en mesure de délivrer quelque chose de constant et de régulier à l'artiste, il ne lui donne pas l'ambiance spécifique d'une salle mais lui permet d'avoir la même bulle de son. A la [b]façade[/b] c'est Rémy Blanchet (plutôt connoté ingé son de concerts rock), qui a travaillé plusieurs années avec X. Gendron, et a fait des retours pendant très longtemps. La façade c'est aussi un métier de mixeur de son mais pour 1000/2000/10 000 personnes, il ne faut pas trahir ce que délivre l'artiste mais le mettre en forme, en faire un paquet et le délivrer au public. Ce qu'il fait pour Saez correspond tout à fait à son style musical et à ce qu'il veut donner à son public. Il arrive malheureusement que des ingés son retour fassent quelque chose de bien mais qui pourrit complètement la façade, c'est-à-dire que le son qu'ils envoient dans l'oreille de l'artiste peut satisfaire l'artiste mais bave dans la salle et abime le son des 1ers rangs voire de toute la salle, et vice versa. Ce n'est pas le cas ici car X. Gendron et R. Blanchet sont amis, ils ont une énorme proximité et un grand respect humain et professionnel l'un envers l'autre. En général aujourd'hui on travaille avec des [b]consoles numériques[/b], le son y est traité de façon numérique, c'est en quelque sorte un gros ordinateur. Les avantages sont la taille très réduite par rapport à une analogique, le nombre d'entrées beaucoup plus important ; elle sont également d'une grande simplicité avec une mémorisation parfaite et totale de tous les paramètres, donc en arrivant sur scène on retrouve stricto sensu ce qui avait été fait le concert précédent, l'ingé retouche simplement pour tenir compte des paramètres de la salle. Le gros inconvénient est que ça entraine parfois une tendance à moins écouter, à plus se confier à ce qui avait été fait, or pour les retours il faut vraiment être très polyvalent, s'adapter à tout moment à des demandes. Le numérique peut être très fonctionnel mais pas pour tout, dans le cas de Saez c'était peut-être une erreur de vouloir mémoriser certaines choses. Un autre problème du numérique est que l'ingé n'a que quelques tranches accessibles, auxquelles il a affecté les signaux qui l'intéressent, mais s'il y a un souci sur une autre tranche il va falloir aller chercher, dans les layers où elle est stockée, la page où se trouve la source du problème (comme ce serait fonctionnel s'il n'y avait qu'une seule pédale dans une voiture et qu'avant de freiner il faille chercher dans le menu la fonction frein !). La console Paragon est [b]analogique[/b], elle a un son qui est génial, un son propre, chaud, qu'on ne peut retrouver sur du numérique. Elle est aussi très fragile, très délicate et très lourde à transporter, mais quand on a le courage de la prendre c'est THE console. Par contre l'analogique ne mémorise rien donc les boutons ne doivent absolument plus bouger après les réglages sinon tout est à refaire (à la différence du numérique où il suffira de taper sur reset). Mais elle offre l'avantage d'être plus pratique que la numérique car toutes les tranches sont accessibles directement, chaque paramètre a un bouton, donc pas de perte de temps à chercher une tranche quand il y a un souci. Cette console étant extrêmement fragile, chaque transport peut entrainer des dysfonctionnements ; il y a énormément de connexions qui se font à l'intérieur par le biais des câbles, connecteurs ; un signal passe d'une tranche ou d'un fil à un autre par le biais d'un connecteur. Quand on se sert d'un connecteur il y a toujours risque de faux contact. Pour réparer, l'ingé peut bouger la tranche qui ne fonctionne pas, dés-enclencher/ré-enclencher ce qui pose problème. Il peut aussi faire entrer un "bruit rose" (signal très bruyant et désagréable), le simple fait de recevoir d'un coup plein de son peut rétablir le contact. Il y a également la solution de commuter les 48 Volts de la console avec une tranche pour générer une petite sur-tension qui va faire repartir la machine. Dans la section dynamique de la console, le [b]noise gate[/b] permet de nettoyer le bruit : par exemple pour le batteur entre chaque coup il y a du bruit, qui va être nettoyé pour qu'il n'y ait pas de parasites entre les coups, car le micro d'une grosse caisse par exemple ne capte pas que ça, il capte aussi les bruits parasites autour. Le noise gate (porte de bruit) est un système discriminant par rapport à un niveau, donc il faut régler le seuil d'entrée très finement. Ce réglage permet par exemple, une fois que le signal de la grosse caisse a été transmis, de dire "j'entends un bruit mais beaucoup plus faible, que j'analyse comme étant parasite donc je l'élimine en fermant la porte", ensuite un nouveau coup de grosse caisse qui est beaucoup plus fort, donc en réglant les paramètres la porte reconnaît la grosse caisse et laisse passer le signal, après ça le son redescend à du bruit de fond donc la porte se referme... Si on laissait la batterie sans noise gate, par exemple entourée de pleins d'amplis guitare, il y aurait plein de bruit d'amplis guitare qui viendraient dedans et le son serait beaucoup moins précis. Très souvent on en trouve sur les sources qui captent trop de parasites, ça permet de faire un travail beaucoup plus propre mais il ne faut pas en mettre partout. Trop de noise gate tue le son mais pas de noise gate tue tout, par exemple si on a un effet avec de l'écho sur quelques passages de la chanson (surtout avec les appareils anciens qui faisaient beaucoup de souffle), le reste du temps l'écho va polluer le son avec un bruit de fond "naturel" généré par cet appareil, en mettant un noise gate on coupe le bruit de fond de cet appareil. Il y a des noise gate dans chaque tranche de cette console. X. Gendron a fait le choix du son brut, c'est-à-dire pas de choix compliqués, extrêmement peu d'effets/de noise gate/de compresseur. Le [b]compresseur[/b] est un amplificateur de gamme variable : quand on tape par exemple sur une caisse claire avec une baguette le son est extrêmement dynamique c'est-à-dire qu'il y a une grande différence entre le son plus faible et le son plus fort. Les ingés ont tendance à réduire cette dynamique avec un compresseur c'est-à-dire à rendre le son plus agréable, plus dense, plus compact, plus facile à travailler. Mais pour ça il faut savoir mixer car c'est très pratique de retirer de la dynamique à un son mais en même temps plus il compresse plus il modifie le son et plus il modifie la façon dont la console va s'approprier le son parce que ce n'est plus tout à fait le son. Son utilisation est indispensable dans la prise de son mais une compression exagérée finit par faire un son écrabouillé, qui peut convenir parfois, mais pour Saez il fallait laisser un son dynamique, brut, et c'est ce qu'a fait X. Gendron. Il lui donne le son en mettant extrêmement peu de compression voire pas du tout et donc si le batteur tape comme une brute ou joue en finesse, Saez a le son sans modification de la dynamique, et si par exemple un guitariste se laisse un peu aller, le son va augmenter pour tous, y a pas de garde-fou. Pas de garde-fou non plus artistiquement, donc il ne compresse pas la batterie pour la rendre plus belle, mais Saez est un artiste très brut, très écorché, très fin, et il veut un son qui soit l'équivalent, mais il faut savoir le maitriser. Laisser tout ouvert sans noise gate, sans compresseur, implique d'avoir toujours les mains sur les niveaux parce qu'il faut pouvoir les adapter en fonction de ce que les musiciens jouent sur scène. Chacun reste un être humain, et peut jouer plus ou moins fort, se distraire, lâcher ses notes, et le travail des ingé façade et retour c'est de savoir capter cette énergie, la mettre en forme, pour donner à chacun, sur scène et dans la salle, un résultat agréable. Ne pas utiliser de compresseur c'est pouvoir aussi avoir exactement l'image de ce qu'il se passe sur scène. Là il n'y a absolument rien sur la voix de Saez, s'il susurre il va s'entendre doucement, mais s'il gueule il veut que sa voix lui arrive en pleine face et se rendre compte qu'il pousse. Un compresseur va avoir tendance à gommer un petit peu, quand il va susurrer le gain va remonter automatiquement, quand il va crier le gain va baisser ; avoir quelque chose de beaucoup plus régulier peut être confortable mais du coup quand il pousse sa voix elle est mangée, donc à terme un artiste peut se bouffer la voix en une soirée simplement parce qu'il y a trop de compression sur sa voix donc il n'arrive pas à la faire sortir comme il voudrait, du coup il gueule un peu plus et le compresseur le mange... Donc il faut savoir laisser libre cours à la dynamique du son, ce que X. Gendron fait très bien. Dans ce contexte l'artiste sait se régler, ce n'est pas à l'ingé son de donner quelque chose de faux alors qu'il a besoin de s'entendre tel qu'il donne. Il faut savoir laisser à l'artiste un niveau constant dans lequel il puisse, lui, se jauger et s'entendre. Certains artistes veulent des réverbs très très longues, des effets..., c'est possible mais il faut toujours se méfier de ne pas bouffer la dynamique. Avec cette console analogique l'intérêt c'est de jouer exactement ce que Saez veut c'est-à-dire le son et rien d'autre. X. Gendron a seulement des compresseurs sur les over head (micros au-dessus de la batterie pour l'ambiance générale de la batterie et des cymbales) car c'est souvent une source de beaucoup de bruits qui pourraient brouiller le résultat final ou être beaucoup trop fort dans les ears. Les [b]ear monitors[/b] sont des écouteurs professionnels qui permettent d'entendre en étant isolé de l'extérieur. Prothèses en acrylique moulées à l'oreille du musicien, dans lesquelles il y a des mini haut-parleurs, certains pour le grave et d'autres pour l'aigu. Ça permet au musicien de s'isoler du bruit ambiant quand il les met, en tout cas le son est atténué d'une vingtaine de db. Il branche ce casque dans un récepteur HF (récepteur radio), dans lequel l'ingé son retour envoie un mix qui est son mix et qu'il est le seul à entendre. Parfois les ears permettent d'avoir un click, notamment pour des morceaux où il faut une bande pré-enregistrée en plus des musiciens sur scène, afin qu'ils restent bien alignés sur la mesure de la bande. L'antenne hélicoïdale sert à transmettre le son par onde radio aux musiciens (HF), chacun capte la fréquence de son ampli qui lui-même reçoit le signal de la console. Le son est un peu moins bon qu'en filaire car il peut y avoir des parasites (comme quand on écoute la radio). Mais c'est plus simple pour un artiste qui bouge beaucoup, et les chanteurs ne sont pas en filaire car ils ont des micros HF justement pour être plus libres. Outre un meilleur son, le filaire a l'avantage d'économiser les fréquences radio, car les fréquences libres sont de plus en plus rares. Un autre mode de retour : les [b]wedges[/b] : des haut-parleurs au sol tournés vers soi, ou des haut-parleurs latéraux qu'on appelle des sides, qui servent à faire un bain de son. Quand il est dans ce bain de son l'artiste entend ses musiciens, son public, sa voix, et la batterie par derrière. Saez est complètement entouré de wedges ce qui lui permet d'avoir un son constant dès qu'il bouge dans sa zone de travail (6 wedges rien que pour lui, 4 devant et 2 derrière). Avec des ear monitors l'artiste entend ce qu'il veut lui, il n'a quasiment plus l'influence de ce qui se passe sur scène, totalement isolé, donc c'est un mode de retour qui permet d'être plus à l'aise mais qui nécessite d'avoir un mix encore plus raffiné dans lequel on insère par exemple du public, sinon quand il gueule devant lui il ne l'entend pas dans son casque, donc l'ingé son retour passe son temps à mettre un petit peu de public dans les oreilles, à la fin des chansons il en met plus, pendant les chansons il baisse pour que l'artiste soit moins dérangé, si quelqu'un crie ou chante faux, qu'avec des wedges où il entend tout ce qui se passe dans la salle, ce qui peut être bien mais aussi dérangeant (là c'est le moment où je me suis dit qu'ils pourraient penser à faire des kits de survie pour qu'enfin les fans puissent suivre un concert sans eux aussi profiter des cris des mâles avinés ou des groupies en chaleur). En ce moment il y a un petit peu plus d'artistes qui préfèrent les ears. Le principal est que, quand l'artiste s'entend bien il chante bien, il joue bien, il fait un bon concert. Le concert pourrait presque ne pas avoir lieu si l'ingé son retour était malade parce que ça veut dire pas de son sur scène, et donc pas de son dans la salle parce que l'artiste ne pourra pas chanter (sans retour c'est comme essayer de chanter juste en se bouchant les oreilles). C'est un boulot très dur, d'ailleurs certains artistes ont 2 ingé son, un qui s'occupe exclusivement de leur mix, et un autre pour le reste des musiciens, ce qui offre aussi l'avantage qu'une console peut prendre le relais si l'autre casse, mais ça coûte très cher. Concernant le son : le grave c'est la basse, la grosse caisse, bref tout ce qui génère des fréquences basses et physiquement quand on le reçoit dans le corps ça fait vibrer le pantalon ; l'aigu c'est les cymbales, les sifflantes de la voix, tout ce qui est en finesse, le [b]bas-mid[/b] ou bas médium c'est ce qui apporte du coffre au son, ça rentre dans le bide, c'est la caisse claire, la voix. Donc c'est un spectre très important du son, on y trouve beaucoup d'infos sur le son, c'est là qu'est l'assise du son. Nettoyer une fréquence c'est faire en sorte qu'elle ne masque pas le reste. On peut donner une couleur à du son, mais on peut aussi faire quelque chose qui tienne la route mais qui ne soit pas bien compréhensible (comprend mal les paroles, guitare pas claire...), il y a des sons qui se masquent entre eux, faire un beau mix c'est faire en sorte de restituer quelque chose d'équilibré, plaisant. Et nettoyer certaines fréquences c'est une gestion constante de la prise de son et du mix, pour rester fidèle à ce que demande l'artiste et avoir tout le temps le meilleur de 2 instruments tout en veillant à ce qu'ils ne se bouffent pas le nez. On peut aussi nettoyer du bas-mid qui vient de la façade. Tout dépend là encore des salles et de ce que donne l'artiste, si un soir Saez articule moins parce qu'il est fatigué, si un guitariste joue plus fort que d'habitude ou a un son différent après un changement de cordes, il va falloir modifier le mix parce qu'il faut qu'on le comprenne et que le rendu ne soit pas différent. Pour ça il faut être toujours à l'écoute de ce qu'on sort. Moins on travaille le son, plus on a un beau son, on a souvent tendance à intervenir beaucoup, parfois trop et le résultat final ne sonne plus. Saez aime une [b]réverb[/b] (habillage du son) longue. S'il y a un problème, par exemple un larsen (son en boucle sur lui-même), plus la réverb est forte et longue plus il risque d'y avoir prolongation du problème dans le temps. Donc dur de donner un retour son de qualité à l'artiste quand il veut un temps de réverbération très long, parce que la réverb facilite le bouclage du son sur lui-même, et un larsen d'1 seconde va être prolongé pendant plusieurs. Tout effet rajouté par-dessus la voix du chanteur dans les retours et dans la salle, va rendre plus difficile le travail pour les retours. D'où la chasse au larsen faite par l'ingé son retour. Quand il y a des ears pas de souci car le son arrive direct dans l'oreille du chanteur, mais avec des wedges le larsen peut se produire à tout son. Après la balance, X. Gendron vient sur scène avec un micro en se mettant dans toutes les positions possibles, pour éviter les conditions de déclenchement du larsen, donc il va enlever les fréquences qui peuvent créer des larsen, nettoyer, épurer le plus possible tous les départs de larsen, il vérifie avec/sans la réverb, avec le micro près du wedge... La 480 est un appareil de réverb que Saez adore mais c'est un appareil d'une fragilité extrême et dont il faut bien maitriser les paramètres. Le rendu d'une réverb doit être le plus naturel possible, la 480 a un son d'une grande douceur, elle peut faire des simulations de salle, d'église, ou même des réverb qui n'existent pas dans la nature... Appareils qui donnent le son le plus beau, le plus touffu, le plus doux, le plus dense, le plus riche possible, en terme de rendu de réverbération, les ingés son se les arrachent. Le tc1128 est un [b]égaliseur[/b] fait spécifiquement pour les retours. Les artistes peuvent vouloir un retour très fort, il faut alors faire en sorte de ne pas risquer le fameux larsen. Le début du larsen, l'accrochage, se passe généralement à certaines fréquences, donc en fonction du micro, du haut-parleur, de la salle, de beaucoup de paramètres, le larsen peut se déclencher à certaines fréquences et pas à d'autres. Si l'ingé son détermine quelles sont ces fréquences, il peut atténuer légèrement la fréquence qui déclenche, pour cela il lui faut un égaliseur très fin, c'est-à-dire avec beaucoup de fréquences d'intervention, et il fait un petit trou à la fréquence qui déclenche, ce trou est créé avec un égaliseur graphique ou paramétrique. Chacun des wedges passe au travers d'un de ces égaliseurs, et donc l'ingé son retour, en fonction de chacun des haut-parleurs, de là où il est posé..., enlève la fréquence qui pourrait déclencher le larsen. L'ingé son retour fait d'abord l'égalisation de tous ses wedges pour leur donner un son qui lui plait (égalisation plaisir) et ensuite une 2ème égalisation (égalisation travail) où il va enlever, en fonction du micro de Saez, certaines fréquences qui pourraient déclencher le larsen. C'est un travail d'orfèvrerie parce que quand l'ingé enlève des fréquences, il enlève aussi du son, donc il ne peut pas se permettre de dire "tiens je fais un trou énorme parce que je sais que le larsen part là", parce que quand il enlève cette fréquence il va dégrader et dénaturer le son, donc il faut enlever uniquement ce qui permet de gagner un peu de marge, un peu de sérénité, c'est-à-dire la fréquence qui démarre le sifflement mais juste un peu car cette fréquence est quand même utile dans le spectre sonore, d'autant plus que le larsen est toujours centré dans la fréquence où se trouve la voix. Pour les photos des racks : tous ceux avec le petit afficheur vert sont des égaliseurs, chacun va vers un wedge. Les possibilités propres de la Paragon : c'est trop compliqué, il faudrait nous former à la prise de son pour qu'on comprenne. Info destinée à des techniciens, et pour des fans ça n'a pas grande influence. En gros ce sont des possibilités données à l'ingé son de travailler d'une manière qui lui permette d'être à l'aise. C'est la façon de gèrer la présence ou non du trajet de signal de certains effets, de certains traitements dynamiques, faut-il les mettre en pré-fader, post-fader... Certains trouveront sans doute des précisions simplistes mais tous les fans ne sont pas musiciens ou passionnés de technique. D'autres auront encore des questions mais impossible de tout aborder.
AnonymeIl y a 10 ans

Interview d'un ingé son sur la tournée Miami : http://www.soundlightup.com/archives/reportages/xavier-gendron-et-sa-paragon-sur-la-tournee-de-damien-seaz.html


Pour une fois qu'on avait un article intéressant et susceptible de nous apprendre quelque chose, ça me faisait quand même mal de n'y rien comprendre.
Tout n'est pas devenu limpide mais voici quelques explications de l'auteur de l'article, Ludovic Monchat, qui sait de quoi il parle puisqu'il a été ingé son pour des concerts avant de monter sa boite avec un studio d'enregistrement et de sillonner les scènes hexagonales pour interviewer les techniciens. Je le remercie d'ailleurs pour sa gentillesse et sa patience d'ange. Sa passion pour son métier a permis de rendre l'incompréhensible intelligible et passionnant.

Pour commencer, Xavier Gendron c'est un peu la crème de la crème dans son domaine, il fait partie des 2 ou 3 meilleurs en France et peut travailler en toutes conditions, donc si lui n'arrivait pas à faire les retour pour Saez personne ne le pourrait. X. Gendron a fait des retours qui envoient "le boulet" parce que c'est ce que demandait Saez. L. Monchat a pu monter sur scène pendant les balances du concert au zénith de Paris le 18 avril 2013, ses impressions parlent d'elles-même quant à la qualité du travail de X. Gendron : "C'est fabuleux, si tu pouvais imaginer la plénitude quand t'es au milieu des 6 wedges avec les musiciens qui jouent, c'est un bonheur, c'est très fort. T'es en capacité de faire de la magie dans ces cas-là, tu t'entends admirablement bien, t'es porté par tes musiciens, t'es porté par le son, tes pieds touchent plus terre quand t'es sur scène comme ça, c'est ce que Damien veut et c'est ce qu'il a. C'est dangereux parce que très fort ça peut à terme t'abimer les oreilles mais c'est magique comme son, c'est exactement ce qui te met en condition de te laisser aller. T'es au milieu du son, t'es bien." "T'as une puissance sonore impressionnante, mais c'est clair, c'est propre. T'as un bel équilibre notamment entre la batterie, avec Garoute qui est quand même un gars qui tape fort, et tous les amplis guitare autour de toi. Damien les tourne exprès pour se créer avec ses musiciens un environnement sonore où il entend le son de chacun."
Saez est très exigeant, vis-à-vis de lui-même et du public, mais, quand tout se passe bien, il ne vient pas chercher la petite bête pour le plaisir. Il a vraiment besoin d'avoir des gens qui suivent parfaitement derrière et une fois que l'artiste est content et que tous les musiciens jouent à l'unisson avec lui, tout peut arriver et les bons concerts s'enchainent. Saez a besoin d'être à l'aise sinon ça ne fonctionne pas, et des fans qui le suivent bien se rendent compte tout de suite si l'artiste est dans une bonne soirée ou pas. Malheureusement techniquement il est possible de gâcher pas mal de concerts. Certains artistes (dont Saez) sont d'une exigence totale mais au moins les choses sont claires, la barre est très haute mais l'ingé son sait exactement ce qu'il faut faire pour le satisfaire et dès qu'il a atteint ce que Saez souhaite ça roule, mais pour ça il faut comprendre l'artiste, le suivre tout le temps, ne jamais le quitter des yeux, être prêt à corriger certaines choses, à répondre à ses moindres demandes, savoir également lui tenir tête quand il demande des choses impossibles qui peuvent lui abimer les oreilles ou qui risquent de ne pas fonctionner, il faut lui expliquer pourquoi (sans lui parler pendant des heures parce qu'il n'est pas là pour écouter un technicien pendant des heures) ; si un technicien dit quelques trucs précis en les justifiant, l'artiste écoute, il ne faut surtout pas croire qu'il soit dans un autre monde, et pour ça X. Gendron est parfait et surtout, quand on lui demande "je veux le boulet sur scène, je veux que ça envoie, je veux que ça me décolle les pieds du sol", ça marche très bien.

Une fois que ça joue, le travail au retour consiste à ajouter ce qui manque. L'ingé ne peut pas ajouter énormément de guitare parce qu'il y en a déjà beaucoup par les amplis et il ne faut évidemment pas que ça couvre la voix, mais il faut réussir à créer des équilibres pour que Saez soit dans une bulle de son où il peut naviguer et se donner à son public sereinement, en entendant parfaitement la moindre inflexion de sa voix, en entendant ses musiciens, en étant vraiment dans un monde de son qui est le sien et qui n'est pas du tout celui du public. Un artiste a besoin d'être dans son univers à lui, avec parfois très peu de guitare et beaucoup de batterie, ou une base rythmique très forte pour avoir vraiment le guide et chanter par-dessus, d'autres veulent très peu de basses parce que ça peut les embrouiller mais ils veulent les guitares à fond , chacun veut quelque chose de spécifique. X. Gendron doit lire exactement les besoins de Saez pour créer un univers qui lui permette de délivrer ce que le public attend. C'est très différent de la façade qui délivre un seul mix, l'ingé au retour doit faire un mix par chanteur/musicien présent sur scène. Il faut bien analyser le son de chaque scène, car chaque salle a un son différent, et pour le public et pour l'artiste, la forme de la salle joue sur les retours sur scène, le plateau peut être plus haut/bas/large... L'ingé son au retour doit être en mesure de délivrer quelque chose de constant et de régulier à l'artiste, il ne lui donne pas l'ambiance spécifique d'une salle mais lui permet d'avoir la même bulle de son.

A la façade c'est Rémy Blanchet (plutôt connoté ingé son de concerts rock), qui a travaillé plusieurs années avec X. Gendron, et a fait des retours pendant très longtemps. La façade c'est aussi un métier de mixeur de son mais pour 1000/2000/10 000 personnes, il ne faut pas trahir ce que délivre l'artiste mais le mettre en forme, en faire un paquet et le délivrer au public. Ce qu'il fait pour Saez correspond tout à fait à son style musical et à ce qu'il veut donner à son public.
Il arrive malheureusement que des ingés son retour fassent quelque chose de bien mais qui pourrit complètement la façade, c'est-à-dire que le son qu'ils envoient dans l'oreille de l'artiste peut satisfaire l'artiste mais bave dans la salle et abime le son des 1ers rangs voire de toute la salle, et vice versa. Ce n'est pas le cas ici car X. Gendron et R. Blanchet sont amis, ils ont une énorme proximité et un grand respect humain et professionnel l'un envers l'autre.

En général aujourd'hui on travaille avec des consoles numériques, le son y est traité de façon numérique, c'est en quelque sorte un gros ordinateur. Les avantages sont la taille très réduite par rapport à une analogique, le nombre d'entrées beaucoup plus important ; elle sont également d'une grande simplicité avec une mémorisation parfaite et totale de tous les paramètres, donc en arrivant sur scène on retrouve stricto sensu ce qui avait été fait le concert précédent, l'ingé retouche simplement pour tenir compte des paramètres de la salle. Le gros inconvénient est que ça entraine parfois une tendance à moins écouter, à plus se confier à ce qui avait été fait, or pour les retours il faut vraiment être très polyvalent, s'adapter à tout moment à des demandes. Le numérique peut être très fonctionnel mais pas pour tout, dans le cas de Saez c'était peut-être une erreur de vouloir mémoriser certaines choses. Un autre problème du numérique est que l'ingé n'a que quelques tranches accessibles, auxquelles il a affecté les signaux qui l'intéressent, mais s'il y a un souci sur une autre tranche il va falloir aller chercher, dans les layers où elle est stockée, la page où se trouve la source du problème (comme ce serait fonctionnel s'il n'y avait qu'une seule pédale dans une voiture et qu'avant de freiner il faille chercher dans le menu la fonction frein !).

La console Paragon est analogique, elle a un son qui est génial, un son propre, chaud, qu'on ne peut retrouver sur du numérique. Elle est aussi très fragile, très délicate et très lourde à transporter, mais quand on a le courage de la prendre c'est THE console. Par contre l'analogique ne mémorise rien donc les boutons ne doivent absolument plus bouger après les réglages sinon tout est à refaire (à la différence du numérique où il suffira de taper sur reset). Mais elle offre l'avantage d'être plus pratique que la numérique car toutes les tranches sont accessibles directement, chaque paramètre a un bouton, donc pas de perte de temps à chercher une tranche quand il y a un souci. Cette console étant extrêmement fragile, chaque transport peut entrainer des dysfonctionnements ; il y a énormément de connexions qui se font à l'intérieur par le biais des câbles, connecteurs ; un signal passe d'une tranche ou d'un fil à un autre par le biais d'un connecteur. Quand on se sert d'un connecteur il y a toujours risque de faux contact. Pour réparer, l'ingé peut bouger la tranche qui ne fonctionne pas, dés-enclencher/ré-enclencher ce qui pose problème. Il peut aussi faire entrer un "bruit rose" (signal très bruyant et désagréable), le simple fait de recevoir d'un coup plein de son peut rétablir le contact. Il y a également la solution de commuter les 48 Volts de la console avec une tranche pour générer une petite sur-tension qui va faire repartir la machine.
Dans la section dynamique de la console, le noise gate permet de nettoyer le bruit : par exemple pour le batteur entre chaque coup il y a du bruit, qui va être nettoyé pour qu'il n'y ait pas de parasites entre les coups, car le micro d'une grosse caisse par exemple ne capte pas que ça, il capte aussi les bruits parasites autour. Le noise gate (porte de bruit) est un système discriminant par rapport à un niveau, donc il faut régler le seuil d'entrée très finement. Ce réglage permet par exemple, une fois que le signal de la grosse caisse a été transmis, de dire "j'entends un bruit mais beaucoup plus faible, que j'analyse comme étant parasite donc je l'élimine en fermant la porte", ensuite un nouveau coup de grosse caisse qui est beaucoup plus fort, donc en réglant les paramètres la porte reconnaît la grosse caisse et laisse passer le signal, après ça le son redescend à du bruit de fond donc la porte se referme... Si on laissait la batterie sans noise gate, par exemple entourée de pleins d'amplis guitare, il y aurait plein de bruit d'amplis guitare qui viendraient dedans et le son serait beaucoup moins précis. Très souvent on en trouve sur les sources qui captent trop de parasites, ça permet de faire un travail beaucoup plus propre mais il ne faut pas en mettre partout. Trop de noise gate tue le son mais pas de noise gate tue tout, par exemple si on a un effet avec de l'écho sur quelques passages de la chanson (surtout avec les appareils anciens qui faisaient beaucoup de souffle), le reste du temps l'écho va polluer le son avec un bruit de fond "naturel" généré par cet appareil, en mettant un noise gate on coupe le bruit de fond de cet appareil. Il y a des noise gate dans chaque tranche de cette console. X. Gendron a fait le choix du son brut, c'est-à-dire pas de choix compliqués, extrêmement peu d'effets/de noise gate/de compresseur.
Le compresseur est un amplificateur de gamme variable : quand on tape par exemple sur une caisse claire avec une baguette le son est extrêmement dynamique c'est-à-dire qu'il y a une grande différence entre le son plus faible et le son plus fort. Les ingés ont tendance à réduire cette dynamique avec un compresseur c'est-à-dire à rendre le son plus agréable, plus dense, plus compact, plus facile à travailler. Mais pour ça il faut savoir mixer car c'est très pratique de retirer de la dynamique à un son mais en même temps plus il compresse plus il modifie le son et plus il modifie la façon dont la console va s'approprier le son parce que ce n'est plus tout à fait le son. Son utilisation est indispensable dans la prise de son mais une compression exagérée finit par faire un son écrabouillé, qui peut convenir parfois, mais pour Saez il fallait laisser un son dynamique, brut, et c'est ce qu'a fait X. Gendron. Il lui donne le son en mettant extrêmement peu de compression voire pas du tout et donc si le batteur tape comme une brute ou joue en finesse, Saez a le son sans modification de la dynamique, et si par exemple un guitariste se laisse un peu aller, le son va augmenter pour tous, y a pas de garde-fou. Pas de garde-fou non plus artistiquement, donc il ne compresse pas la batterie pour la rendre plus belle, mais Saez est un artiste très brut, très écorché, très fin, et il veut un son qui soit l'équivalent, mais il faut savoir le maitriser. Laisser tout ouvert sans noise gate, sans compresseur, implique d'avoir toujours les mains sur les niveaux parce qu'il faut pouvoir les adapter en fonction de ce que les musiciens jouent sur scène. Chacun reste un être humain, et peut jouer plus ou moins fort, se distraire, lâcher ses notes, et le travail des ingé façade et retour c'est de savoir capter cette énergie, la mettre en forme, pour donner à chacun, sur scène et dans la salle, un résultat agréable. Ne pas utiliser de compresseur c'est pouvoir aussi avoir exactement l'image de ce qu'il se passe sur scène. Là il n'y a absolument rien sur la voix de Saez, s'il susurre il va s'entendre doucement, mais s'il gueule il veut que sa voix lui arrive en pleine face et se rendre compte qu'il pousse. Un compresseur va avoir tendance à gommer un petit peu, quand il va susurrer le gain va remonter automatiquement, quand il va crier le gain va baisser ; avoir quelque chose de beaucoup plus régulier peut être confortable mais du coup quand il pousse sa voix elle est mangée, donc à terme un artiste peut se bouffer la voix en une soirée simplement parce qu'il y a trop de compression sur sa voix donc il n'arrive pas à la faire sortir comme il voudrait, du coup il gueule un peu plus et le compresseur le mange... Donc il faut savoir laisser libre cours à la dynamique du son, ce que X. Gendron fait très bien. Dans ce contexte l'artiste sait se régler, ce n'est pas à l'ingé son de donner quelque chose de faux alors qu'il a besoin de s'entendre tel qu'il donne. Il faut savoir laisser à l'artiste un niveau constant dans lequel il puisse, lui, se jauger et s'entendre. Certains artistes veulent des réverbs très très longues, des effets..., c'est possible mais il faut toujours se méfier de ne pas bouffer la dynamique. Avec cette console analogique l'intérêt c'est de jouer exactement ce que Saez veut c'est-à-dire le son et rien d'autre.
X. Gendron a seulement des compresseurs sur les over head (micros au-dessus de la batterie pour l'ambiance générale de la batterie et des cymbales) car c'est souvent une source de beaucoup de bruits qui pourraient brouiller le résultat final ou être beaucoup trop fort dans les ears.

Les ear monitors sont des écouteurs professionnels qui permettent d'entendre en étant isolé de l'extérieur. Prothèses en acrylique moulées à l'oreille du musicien, dans lesquelles il y a des mini haut-parleurs, certains pour le grave et d'autres pour l'aigu. Ça permet au musicien de s'isoler du bruit ambiant quand il les met, en tout cas le son est atténué d'une vingtaine de db. Il branche ce casque dans un récepteur HF (récepteur radio), dans lequel l'ingé son retour envoie un mix qui est son mix et qu'il est le seul à entendre. Parfois les ears permettent d'avoir un click, notamment pour des morceaux où il faut une bande pré-enregistrée en plus des musiciens sur scène, afin qu'ils restent bien alignés sur la mesure de la bande. L'antenne hélicoïdale sert à transmettre le son par onde radio aux musiciens (HF), chacun capte la fréquence de son ampli qui lui-même reçoit le signal de la console. Le son est un peu moins bon qu'en filaire car il peut y avoir des parasites (comme quand on écoute la radio). Mais c'est plus simple pour un artiste qui bouge beaucoup, et les chanteurs ne sont pas en filaire car ils ont des micros HF justement pour être plus libres. Outre un meilleur son, le filaire a l'avantage d'économiser les fréquences radio, car les fréquences libres sont de plus en plus rares.
Un autre mode de retour : les wedges : des haut-parleurs au sol tournés vers soi, ou des haut-parleurs latéraux qu'on appelle des sides, qui servent à faire un bain de son. Quand il est dans ce bain de son l'artiste entend ses musiciens, son public, sa voix, et la batterie par derrière. Saez est complètement entouré de wedges ce qui lui permet d'avoir un son constant dès qu'il bouge dans sa zone de travail (6 wedges rien que pour lui, 4 devant et 2 derrière).
Avec des ear monitors l'artiste entend ce qu'il veut lui, il n'a quasiment plus l'influence de ce qui se passe sur scène, totalement isolé, donc c'est un mode de retour qui permet d'être plus à l'aise mais qui nécessite d'avoir un mix encore plus raffiné dans lequel on insère par exemple du public, sinon quand il gueule devant lui il ne l'entend pas dans son casque, donc l'ingé son retour passe son temps à mettre un petit peu de public dans les oreilles, à la fin des chansons il en met plus, pendant les chansons il baisse pour que l'artiste soit moins dérangé, si quelqu'un crie ou chante faux, qu'avec des wedges où il entend tout ce qui se passe dans la salle, ce qui peut être bien mais aussi dérangeant (là c'est le moment où je me suis dit qu'ils pourraient penser à faire des kits de survie pour qu'enfin les fans puissent suivre un concert sans eux aussi profiter des cris des mâles avinés ou des groupies en chaleur). En ce moment il y a un petit peu plus d'artistes qui préfèrent les ears. Le principal est que, quand l'artiste s'entend bien il chante bien, il joue bien, il fait un bon concert. Le concert pourrait presque ne pas avoir lieu si l'ingé son retour était malade parce que ça veut dire pas de son sur scène, et donc pas de son dans la salle parce que l'artiste ne pourra pas chanter (sans retour c'est comme essayer de chanter juste en se bouchant les oreilles). C'est un boulot très dur, d'ailleurs certains artistes ont 2 ingé son, un qui s'occupe exclusivement de leur mix, et un autre pour le reste des musiciens, ce qui offre aussi l'avantage qu'une console peut prendre le relais si l'autre casse, mais ça coûte très cher.

Concernant le son : le grave c'est la basse, la grosse caisse, bref tout ce qui génère des fréquences basses et physiquement quand on le reçoit dans le corps ça fait vibrer le pantalon ; l'aigu c'est les cymbales, les sifflantes de la voix, tout ce qui est en finesse, le bas-mid ou bas médium c'est ce qui apporte du coffre au son, ça rentre dans le bide, c'est la caisse claire, la voix. Donc c'est un spectre très important du son, on y trouve beaucoup d'infos sur le son, c'est là qu'est l'assise du son. Nettoyer une fréquence c'est faire en sorte qu'elle ne masque pas le reste. On peut donner une couleur à du son, mais on peut aussi faire quelque chose qui tienne la route mais qui ne soit pas bien compréhensible (comprend mal les paroles, guitare pas claire...), il y a des sons qui se masquent entre eux, faire un beau mix c'est faire en sorte de restituer quelque chose d'équilibré, plaisant. Et nettoyer certaines fréquences c'est une gestion constante de la prise de son et du mix, pour rester fidèle à ce que demande l'artiste et avoir tout le temps le meilleur de 2 instruments tout en veillant à ce qu'ils ne se bouffent pas le nez. On peut aussi nettoyer du bas-mid qui vient de la façade. Tout dépend là encore des salles et de ce que donne l'artiste, si un soir Saez articule moins parce qu'il est fatigué, si un guitariste joue plus fort que d'habitude ou a un son différent après un changement de cordes, il va falloir modifier le mix parce qu'il faut qu'on le comprenne et que le rendu ne soit pas différent. Pour ça il faut être toujours à l'écoute de ce qu'on sort.
Moins on travaille le son, plus on a un beau son, on a souvent tendance à intervenir beaucoup, parfois trop et le résultat final ne sonne plus.

Saez aime une réverb (habillage du son) longue. S'il y a un problème, par exemple un larsen (son en boucle sur lui-même), plus la réverb est forte et longue plus il risque d'y avoir prolongation du problème dans le temps. Donc dur de donner un retour son de qualité à l'artiste quand il veut un temps de réverbération très long, parce que la réverb facilite le bouclage du son sur lui-même, et un larsen d'1 seconde va être prolongé pendant plusieurs. Tout effet rajouté par-dessus la voix du chanteur dans les retours et dans la salle, va rendre plus difficile le travail pour les retours. D'où la chasse au larsen faite par l'ingé son retour. Quand il y a des ears pas de souci car le son arrive direct dans l'oreille du chanteur, mais avec des wedges le larsen peut se produire à tout son. Après la balance, X. Gendron vient sur scène avec un micro en se mettant dans toutes les positions possibles, pour éviter les conditions de déclenchement du larsen, donc il va enlever les fréquences qui peuvent créer des larsen, nettoyer, épurer le plus possible tous les départs de larsen, il vérifie avec/sans la réverb, avec le micro près du wedge...
La 480 est un appareil de réverb que Saez adore mais c'est un appareil d'une fragilité extrême et dont il faut bien maitriser les paramètres. Le rendu d'une réverb doit être le plus naturel possible, la 480 a un son d'une grande douceur, elle peut faire des simulations de salle, d'église, ou même des réverb qui n'existent pas dans la nature... Appareils qui donnent le son le plus beau, le plus touffu, le plus doux, le plus dense, le plus riche possible, en terme de rendu de réverbération, les ingés son se les arrachent.

Le tc1128 est un égaliseur fait spécifiquement pour les retours. Les artistes peuvent vouloir un retour très fort, il faut alors faire en sorte de ne pas risquer le fameux larsen. Le début du larsen, l'accrochage, se passe généralement à certaines fréquences, donc en fonction du micro, du haut-parleur, de la salle, de beaucoup de paramètres, le larsen peut se déclencher à certaines fréquences et pas à d'autres. Si l'ingé son détermine quelles sont ces fréquences, il peut atténuer légèrement la fréquence qui déclenche, pour cela il lui faut un égaliseur très fin, c'est-à-dire avec beaucoup de fréquences d'intervention, et il fait un petit trou à la fréquence qui déclenche, ce trou est créé avec un égaliseur graphique ou paramétrique. Chacun des wedges passe au travers d'un de ces égaliseurs, et donc l'ingé son retour, en fonction de chacun des haut-parleurs, de là où il est posé..., enlève la fréquence qui pourrait déclencher le larsen. L'ingé son retour fait d'abord l'égalisation de tous ses wedges pour leur donner un son qui lui plait (égalisation plaisir) et ensuite une 2ème égalisation (égalisation travail) où il va enlever, en fonction du micro de Saez, certaines fréquences qui pourraient déclencher le larsen. C'est un travail d'orfèvrerie parce que quand l'ingé enlève des fréquences, il enlève aussi du son, donc il ne peut pas se permettre de dire "tiens je fais un trou énorme parce que je sais que le larsen part là", parce que quand il enlève cette fréquence il va dégrader et dénaturer le son, donc il faut enlever uniquement ce qui permet de gagner un peu de marge, un peu de sérénité, c'est-à-dire la fréquence qui démarre le sifflement mais juste un peu car cette fréquence est quand même utile dans le spectre sonore, d'autant plus que le larsen est toujours centré dans la fréquence où se trouve la voix.
Pour les photos des racks : tous ceux avec le petit afficheur vert sont des égaliseurs, chacun va vers un wedge.

Les possibilités propres de la Paragon : c'est trop compliqué, il faudrait nous former à la prise de son pour qu'on comprenne. Info destinée à des techniciens, et pour des fans ça n'a pas grande influence. En gros ce sont des possibilités données à l'ingé son de travailler d'une manière qui lui permette d'être à l'aise. C'est la façon de gèrer la présence ou non du trajet de signal de certains effets, de certains traitements dynamiques, faut-il les mettre en pré-fader, post-fader...


Certains trouveront sans doute des précisions simplistes mais tous les fans ne sont pas musiciens ou passionnés de technique. D'autres auront encore des questions mais impossible de tout aborder.

J'avais oublié le [url=http://www.soundlightup.com/flash-and-news/xavier-gendron-et-ses-paragon.html]teaser[/url] avant la publication de l'interview, où on entend quelques secondes des balances
AnonymeIl y a 10 ans

J'avais oublié le teaser avant la publication de l'interview, où on entend quelques secondes des balances