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040906 Il y a 6 ans

Faut faire ensemble alors Camarade ;)
AnonymeIl y a 6 ans

Faut faire ensemble alors Camarade

Tient ?! un revenant ...
AnonymeIl y a 6 ans

Tient ?! un revenant ...

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040906 Il y a 6 ans

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040906 Il y a 6 ans

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040906 Il y a 6 ans

https://www.youtube.com/watch?v=U0nWNCprhNw https://www.youtube.com/watch?v=_IJhAapwTzQ&t=182s
AnonymeIl y a 6 ans


https://www.youtube.com/watch?v=U0nWNCprhNw



https://www.youtube.com/watch?v=_IJhAapwTzQ&t=182s

Dans l'mur, on a foncé vers l'intérieur des murs, sans trop faire attention, on était pris par l'urgence, la fuite en avant qu'entraîne les rotations des astres. On peut freiner encore tu penses ? C'est accidentel parfois, c'est pas fait exprès, même si on joue à L'Express sur des rails. C'est que le conducteur a laissé l'automatique se faire. Tu veux dérailler et sortir de ta route toute tracée ou laisser les poseurs de rails te dicter ta voie ? Pas d'appartenance pour les voyageurs, indiens, chamans, oiseaux des vertiges qui volent par delà les frontières. Les plumes n'ont pas besoin de papier pour passer les mers ou les douanes, la barrière de la langue c'est pas l'importance primordial, on a la langue des oiseaux cachée sous notre manteau, puis notre cri est l'écho de cette invitation au voyage. Tu vois les ailes de nos écritures ? C'est l'appel d'air, l'appel du large, même ici coincés devant le quatrième mur qui cloisonne nos vies, au pied des cités où on ne rêve que de s'échapper, c'est l'acharnement des sangs qu'on porte en nous qui veulent faire le tour du monde. Ils nous prennent pour des pigeons, les vautours qui se réjouissent de nos carcasses, mais nous ne sommes pas des charognards, nous sommes d'un autre plumage, trop attachés à nos libres, pas de bague à la patte pour nous recenser ou nous lier à des hirondelles qui nous abandonnent aux hivers pour nous reprendre aux printemps. Dans l'mur des saisons, pour finir ivre et glaner les rangées de vigne laissées par les anciens, ils nous oublient pas eux, ils passent une dernière fois le flambeau dans leur cri d'vieux coucou bientôt à la casse, avant que s'éteignent les dernières prunes de leurs yeux que le temps a trop cueilli. Dans l'mur j'ai jeté un avion en papier, c'était voué d'avance à l'accident. J'suis pas un pilote, j'ai pas le permis de chasse mais j'me permet de te lancer des mirages inoffensifs. C'est pas des Amours qu'on peut détourner, même si tu laisses le vent poindre et souffler ses embûches, c'est mon planeur à moi, je survole les bâtiments, passe le salut aux tours de contrôle qui s'amusent à contempler mon crash-test, c'était pas prévu, c'est jamais prévu, de finir en tôle de cellulose froissée comme ça. Dans l'mur, une inscription, un graffiti d'un gosse qui prend son envol, le dessein d'un corbeau blanc.
AnonymeIl y a 6 ans

Dans l'mur, on a foncé vers l'intérieur des murs, sans trop faire attention, on était pris par l'urgence, la fuite en avant qu'entraîne les rotations des astres.
On peut freiner encore tu penses ? C'est accidentel parfois, c'est pas fait exprès, même si on joue à L'Express sur des rails. C'est que le conducteur a laissé l'automatique se faire.

Tu veux dérailler et sortir de ta route toute tracée ou laisser les poseurs de rails te dicter ta voie ?

Pas d'appartenance pour les voyageurs, indiens, chamans, oiseaux des vertiges qui volent par delà les frontières.

Les plumes n'ont pas besoin de papier pour passer les mers ou les douanes, la barrière de la langue c'est pas l'importance primordial, on a la langue des oiseaux cachée sous notre manteau, puis notre cri est l'écho de cette invitation au voyage.

Tu vois les ailes de nos écritures ?

C'est l'appel d'air, l'appel du large, même ici coincés devant le quatrième mur qui cloisonne nos vies, au pied des cités où on ne rêve que de s'échapper, c'est l'acharnement des sangs qu'on porte en nous qui veulent faire le tour du monde.

Ils nous prennent pour des pigeons, les vautours qui se réjouissent de nos carcasses, mais nous ne sommes pas des charognards, nous sommes d'un autre plumage, trop attachés à nos libres, pas de bague à la patte pour nous recenser ou nous lier à des hirondelles qui nous abandonnent aux hivers pour nous reprendre aux printemps.

Dans l'mur des saisons, pour finir ivre et glaner les rangées de vigne laissées par les anciens, ils nous oublient pas eux, ils passent une dernière fois le flambeau dans leur cri d'vieux coucou bientôt à la casse, avant que s'éteignent les dernières prunes de leurs yeux que le temps a trop cueilli.

Dans l'mur j'ai jeté un avion en papier, c'était voué d'avance à l'accident. J'suis pas un pilote, j'ai pas le permis de chasse mais j'me permet de te lancer des mirages inoffensifs. C'est pas des Amours qu'on peut détourner, même si tu laisses le vent poindre et souffler ses embûches, c'est mon planeur à moi, je survole les bâtiments, passe le salut aux tours de contrôle qui s'amusent à contempler mon crash-test, c'était pas prévu, c'est jamais prévu, de finir en tôle de cellulose froissée comme ça.

Dans l'mur, une inscription, un graffiti d'un gosse qui prend son envol, le dessein d'un corbeau blanc.



[quote="Churinga"]Dans l'mur, on a foncé vers l'intérieur des murs, sans trop faire attention, on était pris par l'urgence, la fuite en avant qu'entraîne les rotations des astres. On peut freiner encore tu penses ? C'est accidentel parfois, c'est pas fait exprès, même si on joue à L'Express sur des rails. C'est que le conducteur a laissé l'automatique se faire. Tu veux dérailler et sortir de ta route toute tracée ou laisser les poseurs de rails te dicter ta voie ? Pas d'appartenance pour les voyageurs, indiens, chamans, oiseaux des vertiges qui volent par delà les frontières. Les plumes n'ont pas besoin de papier pour passer les mers ou les douanes, la barrière de la langue c'est pas l'importance primordial, on a la langue des oiseaux cachée sous notre manteau, puis notre cri est l'écho de cette invitation au voyage. Tu vois les ailes de nos écritures ? C'est l'appel d'air, l'appel du large, même ici coincés devant le quatrième mur qui cloisonne nos vies, au pied des cités où on ne rêve que de s'échapper, c'est l'acharnement des sangs qu'on porte en nous qui veulent faire le tour du monde. Ils nous prennent pour des pigeons, les vautours qui se réjouissent de nos carcasses, mais nous ne sommes pas des charognards, nous sommes d'un autre plumage, trop attachés à nos libres, pas de bague à la patte pour nous recenser ou nous lier à des hirondelles qui nous abandonnent aux hivers pour nous reprendre aux printemps. Dans l'mur des saisons, pour finir ivre et glaner les rangées de vigne laissées par les anciens, ils nous oublient pas eux, ils passent une dernière fois le flambeau dans leur cri d'vieux coucou bientôt à la casse, avant que s'éteignent les dernières prunes de leurs yeux que le temps a trop cueilli. Dans l'mur j'ai jeté un avion en papier, c'était voué d'avance à l'accident. J'suis pas un pilote, j'ai pas le permis de chasse mais j'me permet de te lancer des mirages inoffensifs. C'est pas des Amours qu'on peut détourner, même si tu laisses le vent poindre et souffler ses embûches, c'est mon planeur à moi, je survole les bâtiments, passe le salut aux tours de contrôle qui s'amusent à contempler mon crash-test, c'était pas prévu, c'est jamais prévu, de finir en tôle de cellulose froissée comme ça. Dans l'mur, une inscription, un graffiti d'un gosse qui prend son envol, le dessein d'un corbeau blanc.[/quote] <3
suffragettes AB Il y a 6 ans

Dans l'mur, on a foncé vers l'intérieur des murs, sans trop faire attention, on était pris par l'urgence, la fuite en avant qu'entraîne les rotations des astres.
On peut freiner encore tu penses ? C'est accidentel parfois, c'est pas fait exprès, même si on joue à L'Express sur des rails. C'est que le conducteur a laissé l'automatique se faire.

Tu veux dérailler et sortir de ta route toute tracée ou laisser les poseurs de rails te dicter ta voie ?

Pas d'appartenance pour les voyageurs, indiens, chamans, oiseaux des vertiges qui volent par delà les frontières.

Les plumes n'ont pas besoin de papier pour passer les mers ou les douanes, la barrière de la langue c'est pas l'importance primordial, on a la langue des oiseaux cachée sous notre manteau, puis notre cri est l'écho de cette invitation au voyage.

Tu vois les ailes de nos écritures ?

C'est l'appel d'air, l'appel du large, même ici coincés devant le quatrième mur qui cloisonne nos vies, au pied des cités où on ne rêve que de s'échapper, c'est l'acharnement des sangs qu'on porte en nous qui veulent faire le tour du monde.

Ils nous prennent pour des pigeons, les vautours qui se réjouissent de nos carcasses, mais nous ne sommes pas des charognards, nous sommes d'un autre plumage, trop attachés à nos libres, pas de bague à la patte pour nous recenser ou nous lier à des hirondelles qui nous abandonnent aux hivers pour nous reprendre aux printemps.

Dans l'mur des saisons, pour finir ivre et glaner les rangées de vigne laissées par les anciens, ils nous oublient pas eux, ils passent une dernière fois le flambeau dans leur cri d'vieux coucou bientôt à la casse, avant que s'éteignent les dernières prunes de leurs yeux que le temps a trop cueilli.

Dans l'mur j'ai jeté un avion en papier, c'était voué d'avance à l'accident. J'suis pas un pilote, j'ai pas le permis de chasse mais j'me permet de te lancer des mirages inoffensifs. C'est pas des Amours qu'on peut détourner, même si tu laisses le vent poindre et souffler ses embûches, c'est mon planeur à moi, je survole les bâtiments, passe le salut aux tours de contrôle qui s'amusent à contempler mon crash-test, c'était pas prévu, c'est jamais prévu, de finir en tôle de cellulose froissée comme ça.

Dans l'mur, une inscription, un graffiti d'un gosse qui prend son envol, le dessein d'un corbeau blanc.
@Churinga


<3

Sacrément chouette celui-là @Churinga !
AnonymeIl y a 6 ans

Sacrément chouette celui-là @Churinga !

J'offre ce qu'on m'offre ;) Le revers de la médaille, la face cachée de la lune, quand on me fait cadeau, même si c'est pas personnellement, à mon adresse seule, j'aime rendre. Merci merci, ça me touche, parceque j'avais pas d'attente de retour, de quiconque. C'est que du plus ;) Puis comme ce sujet a été vidé de sa substance, que d'une certaine manière, il appartient à tous et à toutes de faire l'animation, d'faire vivre cet endroit, dans un sens qui nous appartient, parceque on fait partie intégrante depuis un petit temps, certains depuis l'origine, d'autres depuis peu, à cet espace d'expression et que j'aime prendre plaisir, autant pour moi que pour les autres, j'espère, à me partager, en restant humble. J'pars du principe, un peu, qu'ils sont fait pour être animés, les topics des créations des membres. On ricoche tous entre nous, on a un tous un certain lien, même imperceptible des fois, on est une grande famille même si ça peut paraître tiré par les cheveux... J'étais sur le .mu pour ça, pour partager avec tous mes frères et sœurs Inconnus. Au final, ça a fait de belles rencontres qui ont un peu modifiés nos vies... Puis on se retrouve là, où on y était déjà pour certains/certaines. J'arrête je vais être submergé de trop d'émotions :D ' C'est mon crash-test à moi ' https://youtu.be/cc6RjMfIj6w " Parceque qui vit sous l'épée périra sous une lune écarlate "
AnonymeIl y a 6 ans

J'offre ce qu'on m'offre
Le revers de la médaille, la face cachée de la lune, quand on me fait cadeau, même si c'est pas personnellement, à mon adresse seule, j'aime rendre.

Merci merci, ça me touche, parceque j'avais pas d'attente de retour, de quiconque. C'est que du plus

Puis comme ce sujet a été vidé de sa substance, que d'une certaine manière, il appartient à tous et à toutes de faire l'animation, d'faire vivre cet endroit, dans un sens qui nous appartient, parceque on fait partie intégrante depuis un petit temps, certains depuis l'origine, d'autres depuis peu, à cet espace d'expression et que j'aime prendre plaisir, autant pour moi que pour les autres, j'espère, à me partager, en restant humble.

J'pars du principe, un peu, qu'ils sont fait pour être animés, les topics des créations des membres. On ricoche tous entre nous, on a un tous un certain lien, même imperceptible des fois, on est une grande famille même si ça peut paraître tiré par les cheveux...
J'étais sur le .mu pour ça, pour partager avec tous mes frères et sœurs Inconnus.
Au final, ça a fait de belles rencontres qui ont un peu modifiés nos vies... Puis on se retrouve là, où on y était déjà pour certains/certaines.

J'arrête je vais être submergé de trop d'émotions

' C'est mon crash-test à moi '




https://youtu.be/cc6RjMfIj6w

" Parceque qui vit sous l'épée périra sous une lune écarlate "

Lettre de Léo Ferré à l'adresse de André Breton ( 1956 ) ( En 1956, Léo Ferré avait acquis une certaine renommée et gagné l’intérêt des surréalistes de l’époque, André Breton et Benjamin Péret en tête. Au point d’entretenir une certaine amitié avec Breton, et de vouloir lui confier la préface de son premier – et unique – recueil de poèmes : Poète… vos papiers ! Projet que Breton, qui prônait alors le vers libre, refusa, la teneur du texte n’étant pas à son goût. Cet épisode sonna le glas de leur courte amitié, et Ferré, qui n’était pas homme à se laisser rabrouer, adressa une dernière lettre assassine à son « ami d’occasion ». ) Lettre à l’ami d’occasion Cher ami, Vous êtes arrivé un jour chez moi par un coup de téléphone, cette mécanique pour laquelle Napoléon eût donné Austerlitz. Je n’aime pas cette mécanique dont nous sommes tous plus ou moins tributaires parce qu’elle est un instrument de la dépersonnalisation et un miroir redoutable qui vous renvoie des images fausses et à la mesure même de la fausseté qu’on leur prête complaisamment. Et ce jour là, pourquoi le taire, j’étais prêt à toutes les compromissions : Vous étiez un personnage célèbre, une sorte d’aigle hautain de la littérature « contemporaine », un talent consacré sinon agressif. J’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre dont je ne songeais nullement à régler les détails… Trop ému, vous voyez je n’étais déjà plus flatté, j’aurais dû m’enquérir aussitôt – avant de faire les commandes d’épiceries – de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres. Je ne vous avais jamais lu, parole d’honnête homme, je ne l’ai guère fait depuis à quelques pages près. Les compliments qu’il m’a été donné de vous faire à propos de ces quelques pages étaient sincères, je le souligne. Votre style est parfait, un peu précieux certes, mais de cette préciosité anachronique qui appelle chat un chat et qui tient en émoi la langue française depuis qu’elle est adulte, guerres comprises. Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré. Votre voix me frappa au visage comme une très ancienne chanson, une voix d’outre-terre dont je n’ai pas fini de dénombrer les sourdes résonances, un peu comme votre écriture lente, superbe, glacée. Avant de vous entendre on vous écoute, avant de vous comprendre on vous lit. Vous avez la science des signes, du clin d’œil, de la pause. Vous parti, il ne reste qu’une inflexion, qu’un froissement d’idée, qu’une sorte de vague tristesse enfin qui s’éteint avec les derniers frottis de vaisselle. Et l’on en redemande ! C’est assez dire le charme que vous distillez, un peu comme les jetons de casino, cette fausse monnaie, qui détruisent la vraie valeur pour ne laisser qu’une pauvre hâte à recommencer toujours et à perdre sans cesse. À vrai dire vous êtes un Phénix de café concert, une volupté d’après boire, un rogaton de poésie. Vous êtes un poète à la mode auvergnate : vous prenez tout et ne donnez rien, à part cet hermétisme puritain qui fait votre situation et votre dépit. Vous avez amené chez moi toute une clique d’encensoirs qui en connaissaient long sur le pelotage. Ce n’étaient plus de l’encens, mais un précis frotti-frotta comme au bal, dans les tangos particulièrement, quand ça sent bougrement l’hommasse et qu’il y passerait plus qu’une paille. Vos amis sont nauséabonds, cher ami, et je me demande si votre lucidité l’emporte sur les lumières tamisées ou les revues à tirage limité. Tous ces minables qui vous récitent avec la glotte extasiée, ne comprenez-vous pas peut-être leurs problèmes et leurs désirs : ils vous exploitent et c’est vous en définitive qui passez à la caisse car l’ombre que vous portez sur leurs cahiers d’écoliers c’est tout de même la vôtre. Ils ont Votre style, Vos manières, Vos tics, Votre talent peut-être, qui sait ? Je suis venu quelquefois vous chercher à votre café « littéraire » et ne puis vous exprimer ici la honte que j’en ressentais pour vous. On eût dit d’un grand oiseau boiteux égaré parmi les loufiats, chacun payant son bock, et attendant la fin du monde. Quelle blague, cher ami, Vous qui m’aviez émerveillé, je ne sais comment, et qui vous malaxez chaque éphéméride à cette sueur du five o’clock. Je ferai n’importe quoi pour un ami, vous m’entendez cher ami, n’importe quoi ! Je le défendrai contre vents et marées – pardonnez ce cliché, je n’ai pas votre phrase acérée et circonspecte – je le cacherai, à tort ou à raison, je descendrai dans la rue, j’irai vaillamment jusqu’au faux témoignage, avec la gueule superbe et le cœur battant. Vous, vous demandez à voir, à juger. Si l’on m’attaque dans un journal pour un fait qui m’est personnel, vous ne levez pas le petit doigt sur votre plume même si c’est ma femme qui vous le demande, sans vous le demander tout en vous le demandant. Vous êtes un peu dur d’oreilles et les figures de littérature dans une lettre d’alarme ça ne vous plait guère. Quant à enfoncer les portes que vous avez cru ouvrir il y a quelques décades, vous êtes toujours là : la plume aux aguets et le « café » aux écoutes… Il y a ceux qui font de la littérature et ceux qui en parlent. Vous, de la littérature, vous en parlez plus que vous n’en faîtes. Vous avez réglé son compte à Baudelaire, à Rimbaud, pour ne parler que de ceux à qui vous accordez quelque crédit quand même. À longueur d’essais, de manifestes, d’articles, vous avez vomi votre hargne, expliqué en long et en large vos théories inconsolées, étalé vos diktats. Vous avez signifié à la gent littéraire de votre époque que vous étiez là et bien là, même à coups de poings, ce qui n’est pas pour me déplaire car vous êtes courageux, tout au moins quand vous avez décidé de l’être. Votre philosophie de l’Action ne va jamais sans un petit tract, sans un petit article ; vous avez la plume batailleuse, comme Victor Hugo et quand il part à Guernesey vous poussez une pointe aux Amériques, ce qui n’est pas non plus pour me déplaire, anarchisme aidant, l’Unique c’est Ma Propriété. L’histoire de la Hongrie s’est réglée pour vous, pour moi, pour d’autres, par un tract – encore – des signatures, une nausée générale et bien européenne et les larmes secrètes de Monsieur Aragon qui n’a pas osé se moucher. Alors, mon cher ami, permettez que je rigole de nos vindictes qui avortent en deuxième page de Combat, et allons à la campagne. Nous, les poètes, nous devrions organiser de grandes farandoles, pitancher comme il se doit et dormir avec les demoiselles. Non, nous pensons, et jamais comme les autres. Quand il nous arrive de diverger dans nos élucubrations, on se tape dessus, à coup de plume, toujours. J’ai eu l’outrecuidance d’écrire en prose une préface, une introduction, une « note » si vous préférez – et cela pour vous laisser la concession du manifeste, concession que vous tenez d’une bande de malabars milneufcentvingtiesques qui avaient moins de panache que vous – je me suis donc « introduit » tout seul un petit livre de poésie où je pourfends le vers libre et l’écriture automatique sans penser que vous vous preniez pour le vers libre et pour l’écriture automatique et je ne savais pas que vous n’étiez que ça en définitive : un poète raté qui s’en remet aux forces complaisantes de l’inconscient. Vous avez rompu comme un palefrenier, en faisant fi de mon pinard, des ragoûts de Madeleine, et de ce petit quelque chose en plus de la pitance commune qui s’appelle l’Amour. Vous m’avez fait écrire une lettre indigente par un de vos « aides » dans ce style boursouflé dont vous êtes le tenancier et qui dans d’autres mains que les vôtres devient un pénible caca saupoudré de subjonctifs. Tel autre de vos « amis » et que par faiblesse et persuasion j’avais pris en affection jusqu’à le lire – car il signe aussi des vers libres – m’envoya dinguer toujours dans ce style qui se regarde vagir. Je passe l’intermède de votre revue « glacée » où en deux numéros j’allais du grand mec à la pâle petite chose. Un de vos vieux amis enfin m’a « introduit » dans une anthologie, moi le maigre chansonnier et chose curieuse nous sommes vous et moi et côte à côte les deux seuls vivants à essayer de bien nous tenir parmi et au bout de tant d’illustres cadavres. Vous ne trouvez pas qu’il y fait un peu froid ? Je vous dois cependant certains souvenirs lyriques autant que commodes à inventorier : nos conversations à brûle-pourpoint, votre admirable voix lisant de la prose et je vous dois aussi de m’avoir sorti dans le moyen-âge dont vous savez tous les recoins et même les issues secrètes, à croire que vous en êtes encore. Si j’en crois l’un de vos amis de la première heure et qui brinqueballe encore les insultes dont vous l’avez gratifié et ce « quand-même-on-ne-peut-pas-le-laisser-tomber » m’a affirmé que vous reviendriez à moi, les bras ouverts et la mine prodigue, car dit-il, un masochisme incurable vous pousse depuis des années à faire, défaire et refaire vos amitiés. Je n’en crois rien et vous laisse bien volontiers à vos vers libres. Croyez que je regrette bien sincèrement de vous avoir eu à ma table. Léo FERRE Source : http://www.deslettres.fr/lettre-leoferre-andrebreton-netiez-ca-en-definitive-poeterate/
AnonymeIl y a 6 ans

Lettre de Léo Ferré à l'adresse de André Breton ( 1956 )

( En 1956, Léo Ferré avait acquis une certaine renommée et gagné l’intérêt des surréalistes de l’époque, André Breton et Benjamin Péret en tête. Au point d’entretenir une certaine amitié avec Breton, et de vouloir lui confier la préface de son premier – et unique – recueil de poèmes : Poète… vos papiers ! Projet que Breton, qui prônait alors le vers libre, refusa, la teneur du texte n’étant pas à son goût. Cet épisode sonna le glas de leur courte amitié, et Ferré, qui n’était pas homme à se laisser rabrouer, adressa une dernière lettre assassine à son « ami d’occasion ». )


Lettre à l’ami d’occasion

Cher ami,

Vous êtes arrivé un jour chez moi par un coup de téléphone, cette mécanique pour laquelle Napoléon eût donné Austerlitz. Je n’aime pas cette mécanique dont nous sommes tous plus ou moins tributaires parce qu’elle est un instrument de la dépersonnalisation et un miroir redoutable qui vous renvoie des images fausses et à la mesure même de la fausseté qu’on leur prête complaisamment. Et ce jour là, pourquoi le taire, j’étais prêt à toutes les compromissions : Vous étiez un personnage célèbre, une sorte d’aigle hautain de la littérature « contemporaine », un talent consacré sinon agressif. J’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre dont je ne songeais nullement à régler les détails… Trop ému, vous voyez je n’étais déjà plus flatté, j’aurais dû m’enquérir aussitôt – avant de faire les commandes d’épiceries – de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres. Je ne vous avais jamais lu, parole d’honnête homme, je ne l’ai guère fait depuis à quelques pages près. Les compliments qu’il m’a été donné de vous faire à propos de ces quelques pages étaient sincères, je le souligne. Votre style est parfait, un peu précieux certes, mais de cette préciosité anachronique qui appelle chat un chat et qui tient en émoi la langue française depuis qu’elle est adulte, guerres comprises. Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré.

Votre voix me frappa au visage comme une très ancienne chanson, une voix d’outre-terre dont je n’ai pas fini de dénombrer les sourdes résonances, un peu comme votre écriture lente, superbe, glacée. Avant de vous entendre on vous écoute, avant de vous comprendre on vous lit. Vous avez la science des signes, du clin d’œil, de la pause. Vous parti, il ne reste qu’une inflexion, qu’un froissement d’idée, qu’une sorte de vague tristesse enfin qui s’éteint avec les derniers frottis de vaisselle. Et l’on en redemande ! C’est assez dire le charme que vous distillez, un peu comme les jetons de casino, cette fausse monnaie, qui détruisent la vraie valeur pour ne laisser qu’une pauvre hâte à recommencer toujours et à perdre sans cesse. À vrai dire vous êtes un Phénix de café concert, une volupté d’après boire, un rogaton de poésie. Vous êtes un poète à la mode auvergnate : vous prenez tout et ne donnez rien, à part cet hermétisme puritain qui fait votre situation et votre dépit.

Vous avez amené chez moi toute une clique d’encensoirs qui en connaissaient long sur le pelotage. Ce n’étaient plus de l’encens, mais un précis frotti-frotta comme au bal, dans les tangos particulièrement, quand ça sent bougrement l’hommasse et qu’il y passerait plus qu’une paille. Vos amis sont nauséabonds, cher ami, et je me demande si votre lucidité l’emporte sur les lumières tamisées ou les revues à tirage limité. Tous ces minables qui vous récitent avec la glotte extasiée, ne comprenez-vous pas peut-être leurs problèmes et leurs désirs : ils vous exploitent et c’est vous en définitive qui passez à la caisse car l’ombre que vous portez sur leurs cahiers d’écoliers c’est tout de même la vôtre. Ils ont Votre style, Vos manières, Vos tics, Votre talent peut-être, qui sait ? Je suis venu quelquefois vous chercher à votre café « littéraire » et ne puis vous exprimer ici la honte que j’en ressentais pour vous. On eût dit d’un grand oiseau boiteux égaré parmi les loufiats, chacun payant son bock, et attendant la fin du monde. Quelle blague, cher ami, Vous qui m’aviez émerveillé, je ne sais comment, et qui vous malaxez chaque éphéméride à cette sueur du five o’clock.

Je ferai n’importe quoi pour un ami, vous m’entendez cher ami, n’importe quoi ! Je le défendrai contre vents et marées – pardonnez ce cliché, je n’ai pas votre phrase acérée et circonspecte – je le cacherai, à tort ou à raison, je descendrai dans la rue, j’irai vaillamment jusqu’au faux témoignage, avec la gueule superbe et le cœur battant. Vous, vous demandez à voir, à juger. Si l’on m’attaque dans un journal pour un fait qui m’est personnel, vous ne levez pas le petit doigt sur votre plume même si c’est ma femme qui vous le demande, sans vous le demander tout en vous le demandant. Vous êtes un peu dur d’oreilles et les figures de littérature dans une lettre d’alarme ça ne vous plait guère. Quant à enfoncer les portes que vous avez cru ouvrir il y a quelques décades, vous êtes toujours là : la plume aux aguets et le « café » aux écoutes…

Il y a ceux qui font de la littérature et ceux qui en parlent. Vous, de la littérature, vous en parlez plus que vous n’en faîtes. Vous avez réglé son compte à Baudelaire, à Rimbaud, pour ne parler que de ceux à qui vous accordez quelque crédit quand même. À longueur d’essais, de manifestes, d’articles, vous avez vomi votre hargne, expliqué en long et en large vos théories inconsolées, étalé vos diktats. Vous avez signifié à la gent littéraire de votre époque que vous étiez là et bien là, même à coups de poings, ce qui n’est pas pour me déplaire car vous êtes courageux, tout au moins quand vous avez décidé de l’être. Votre philosophie de l’Action ne va jamais sans un petit tract, sans un petit article ; vous avez la plume batailleuse, comme Victor Hugo et quand il part à Guernesey vous poussez une pointe aux Amériques, ce qui n’est pas non plus pour me déplaire, anarchisme aidant, l’Unique c’est Ma Propriété. L’histoire de la Hongrie s’est réglée pour vous, pour moi, pour d’autres, par un tract – encore – des signatures, une nausée générale et bien européenne et les larmes secrètes de Monsieur Aragon qui n’a pas osé se moucher. Alors, mon cher ami, permettez que je rigole de nos vindictes qui avortent en deuxième page de Combat, et allons à la campagne.

Nous, les poètes, nous devrions organiser de grandes farandoles, pitancher comme il se doit et dormir avec les demoiselles. Non, nous pensons, et jamais comme les autres. Quand il nous arrive de diverger dans nos élucubrations, on se tape dessus, à coup de plume, toujours. J’ai eu l’outrecuidance d’écrire en prose une préface, une introduction, une « note » si vous préférez – et cela pour vous laisser la concession du manifeste, concession que vous tenez d’une bande de malabars milneufcentvingtiesques qui avaient moins de panache que vous – je me suis donc « introduit » tout seul un petit livre de poésie où je pourfends le vers libre et l’écriture automatique sans penser que vous vous preniez pour le vers libre et pour l’écriture automatique et je ne savais pas que vous n’étiez que ça en définitive : un poète raté qui s’en remet aux forces complaisantes de l’inconscient. Vous avez rompu comme un palefrenier, en faisant fi de mon pinard, des ragoûts de Madeleine, et de ce petit quelque chose en plus de la pitance commune qui s’appelle l’Amour. Vous m’avez fait écrire une lettre indigente par un de vos « aides » dans ce style boursouflé dont vous êtes le tenancier et qui dans d’autres mains que les vôtres devient un pénible caca saupoudré de subjonctifs. Tel autre de vos « amis » et que par faiblesse et persuasion j’avais pris en affection jusqu’à le lire – car il signe aussi des vers libres – m’envoya dinguer toujours dans ce style qui se regarde vagir. Je passe l’intermède de votre revue « glacée » où en deux numéros j’allais du grand mec à la pâle petite chose. Un de vos vieux amis enfin m’a « introduit » dans une anthologie, moi le maigre chansonnier et chose curieuse nous sommes vous et moi et côte à côte les deux seuls vivants à essayer de bien nous tenir parmi et au bout de tant d’illustres cadavres. Vous ne trouvez pas qu’il y fait un peu froid ?

Je vous dois cependant certains souvenirs lyriques autant que commodes à inventorier : nos conversations à brûle-pourpoint, votre admirable voix lisant de la prose et je vous dois aussi de m’avoir sorti dans le moyen-âge dont vous savez tous les recoins et même les issues secrètes, à croire que vous en êtes encore.

Si j’en crois l’un de vos amis de la première heure et qui brinqueballe encore les insultes dont vous l’avez gratifié et ce « quand-même-on-ne-peut-pas-le-laisser-tomber » m’a affirmé que vous reviendriez à moi, les bras ouverts et la mine prodigue, car dit-il, un masochisme incurable vous pousse depuis des années à faire, défaire et refaire vos amitiés. Je n’en crois rien et vous laisse bien volontiers à vos vers libres.

Croyez que je regrette bien sincèrement de vous avoir eu à ma table.

Léo FERRE

Source : http://www.deslettres.fr/lettre-leoferre-andrebreton-netiez-ca-en-definitive-poeterate/

Lettre de Boris Vian à son précepteur ( 1948) En 1948, un policier rédige une note qui dénonce la distraction d’un contribuable français, un certain… Boris Vian. En effet, l’inoubliable auteur de L’Écume des jours et de J’irai cracher sur vos tombes, ayant négligé de payer ses impôts, aurait adressé les deux missives suivantes à son contrôleur des contributions. Mon cher percepteur, Je m’aperçois avec une stupeur désarmante que, vu une terrible maladie qui m’a cloué au lit en temps utile, j’ai complètement oublié de faire ma déclaration d’impôt pour 1946. Comme je suis foncièrement honnête et comme vous êtes un homme doux et affectueux, je vous prie donc de m’envoyer une feuille de déclaration car je n’en trouve plus maintenant. Avec une grosse bise, je vous prie d’accepter d’avance, mes remerciements. Ci-joint un timbre pour réponse. *** Mon Cher Contrôleur, Je suis un grand feignant, mais j’y comprends rien dans tous ces bouts de papier impossibles. Voilà ma déclaration, il y a un peu de retard ; mais je suis plein de bonnes intentions. Encore mille excuses pour ce retard excusable et répandez mes bénédictions autour de vous. Le policier qui a rédigé la note de police sur Boris Vian précise : « On affirme que ces deux lettres, dont la dernière était rédigée sur l’imprimé de déclaration de revenus, auraient coûté, du point de vue fiscal, très cher à leur auteur. » Source : http://www.deslettres.fr/lettre-de-boris-vian-a-percepteur-suis-grand-feignant-jy-comprends-rien-bouts-de-papier-impossibles/
AnonymeIl y a 6 ans

Lettre de Boris Vian à son précepteur ( 1948)

En 1948, un policier rédige une note qui dénonce la distraction d’un contribuable français, un certain… Boris Vian. En effet, l’inoubliable auteur de L’Écume des jours et de J’irai cracher sur vos tombes, ayant négligé de payer ses impôts, aurait adressé les deux missives suivantes à son contrôleur des contributions.

Mon cher percepteur,

Je m’aperçois avec une stupeur désarmante que, vu une terrible maladie qui m’a cloué au lit en temps utile, j’ai complètement oublié de faire ma déclaration d’impôt pour 1946.
Comme je suis foncièrement honnête et comme vous êtes un homme doux et affectueux, je vous prie donc de m’envoyer une feuille de déclaration car je n’en trouve plus maintenant.
Avec une grosse bise, je vous prie d’accepter d’avance, mes remerciements.

Ci-joint un timbre pour réponse.

***

Mon Cher Contrôleur,

Je suis un grand feignant, mais j’y comprends rien dans tous ces bouts de papier impossibles. Voilà ma déclaration, il y a un peu de retard ; mais je suis plein de bonnes intentions.
Encore mille excuses pour ce retard excusable et répandez mes bénédictions autour de vous.

Le policier qui a rédigé la note de police sur Boris Vian précise : « On affirme que ces deux lettres, dont la dernière était rédigée sur l’imprimé de déclaration de revenus, auraient coûté, du point de vue fiscal, très cher à leur auteur. »

Source : http://www.deslettres.fr/lettre-de-boris-vian-a-percepteur-suis-grand-feignant-jy-comprends-rien-bouts-de-papier-impossibles/

Lettre de Arthur Rimbaud à Georges Izambard Arthur Rimbaud (20 octobre 1854 – 10 novembre 1891) est passé comme un météore sur cette terre, bouleversant à jamais la littérature par sa poésie convulsive et sublime, sa folle destinée, ses amours taboues, sa fuite en Afrique… Incarnation de la révolte absolue, maître de la langue, il fut un génie précoce qui, comme Mozart ou Picasso, révolutionna radicalement son art. Dans cette lettre à son ami le professeur de rhétorique Georges Izambard réside une part de son talent. 13 mai 1871 Cher Monsieur ! Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m’avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière. — Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement entretenir ; je déterre d’anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le leur livre : on me paie en bocks et en filles. Stat mater dolorosa, dum pendet filius. — je me dois à la Société, c’est juste, — et j’ai raison. — Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd’hui. Au fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier universitaire, — pardon ! — le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait qui n’a rien fait, n’ayant rien voulu faire. Sans compter que votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse. Un jour, j’espère, — bien d’autres espèrent la même chose, — je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le feriez ! — je serai un travailleur : c’est l’idée qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris — où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève. Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. — Pardon du jeu de mots. — Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait ! Vous n’êtes pas Enseignant pour moi. je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C’est de la fantaisie, toujours. — Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni — trop — de la pensée : LE CŒUR SUPPLICIÉ Mon triste cœur bave à la poupe… Mon cœur est plein de caporal ! Ils y lancent des jets de soupe, Mon triste cœur bave à la poupe… Sous les quolibets de la troupe Qui lance un rire général, Mon triste cœur bave à la poupe, Mon cœur est plein de caporal ! Ithyphalliques et pioupiesques, Leurs insultes l’ont dépravé ; À la vesprée, ils font des fresques Ithyphalliques et pioupiesques, Ô flots abracadabrantesques, Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé ! Ithyphalliques et pioupiesques Leurs insultes l’ont dépravé ! Quand ils auront tari leurs chiques, Comment agir, ô cœur volé ? Ce seront des refrains bachiques Quand ils auront tari leurs chiques J’aurai des sursauts stomachiques : Si mon cœur triste est ravalé ! Quand ils auront tari leurs chiques Comment agir, ô cœur volé ? Ça ne veut pas rien dire. — Répondez-Moi : chez M. Deverrière, pour A. R. Bonjour de cœur, Art. Rimbaud. Source : http://www.deslettres.fr/lettre-de-rimbaud-ageorges-izambard-je-veux-etre-poete-et-je-travaille-a-me-rendre-voyant/
AnonymeIl y a 6 ans

Lettre de Arthur Rimbaud à Georges Izambard


Arthur Rimbaud (20 octobre 1854 – 10 novembre 1891) est passé comme un météore sur cette terre, bouleversant à jamais la littérature par sa poésie convulsive et sublime, sa folle destinée, ses amours taboues, sa fuite en Afrique… Incarnation de la révolte absolue, maître de la langue, il fut un génie précoce qui, comme Mozart ou Picasso, révolutionna radicalement son art. Dans cette lettre à son ami le professeur de rhétorique Georges Izambard réside une part de son talent.

13 mai 1871

Cher Monsieur !

Vous revoilà professeur. On se doit à la Société, m’avez-vous dit ; vous faites partie des corps enseignants : vous roulez dans la bonne ornière. — Moi aussi, je suis le principe : je me fais cyniquement entretenir ; je déterre d’anciens imbéciles de collège : tout ce que je puis inventer de bête, de sale, de mauvais, en action et en parole, je le leur livre : on me paie en bocks et en filles. Stat mater dolorosa, dum pendet filius. — je me dois à la Société, c’est juste, — et j’ai raison. — Vous aussi, vous avez raison, pour aujourd’hui. Au fond, vous ne voyez en votre principe que poésie subjective : votre obstination à regagner le râtelier universitaire, — pardon ! — le prouve ! Mais vous finirez toujours comme un satisfait qui n’a rien fait, n’ayant rien voulu faire. Sans compter que votre poésie subjective sera toujours horriblement fadasse. Un jour, j’espère, — bien d’autres espèrent la même chose, — je verrai dans votre principe la poésie objective, je la verrai plus sincèrement que vous ne le feriez ! — je serai un travailleur : c’est l’idée qui me retient, quand les colères folles me poussent vers la bataille de Paris — où tant de travailleurs meurent pourtant encore tandis que je vous écris ! Travailler maintenant, jamais, jamais ; je suis en grève.

Maintenant, je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes, mais il faut être fort, être né poète, et je me suis reconnu poète. Ce n’est pas du tout ma faute. C’est faux de dire : je pense : on devrait dire : On me pense. — Pardon du jeu de mots. —

Je est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve violon, et Nargue aux inconscients, qui ergotent sur ce qu’ils ignorent tout à fait !

Vous n’êtes pas Enseignant pour moi. je vous donne ceci : est-ce de la satire, comme vous diriez ? Est-ce de la poésie ? C’est de la fantaisie, toujours. — Mais, je vous en supplie, ne soulignez ni du crayon, ni — trop — de la pensée :

LE CŒUR SUPPLICIÉ

Mon triste cœur bave à la poupe…
Mon cœur est plein de caporal !
Ils y lancent des jets de soupe,
Mon triste cœur bave à la poupe…
Sous les quolibets de la troupe
Qui lance un rire général,
Mon triste cœur bave à la poupe,
Mon cœur est plein de caporal !
Ithyphalliques et pioupiesques,
Leurs insultes l’ont dépravé ;
À la vesprée, ils font des fresques
Ithyphalliques et pioupiesques,
Ô flots abracadabrantesques,
Prenez mon cœur, qu’il soit sauvé !
Ithyphalliques et pioupiesques
Leurs insultes l’ont dépravé !
Quand ils auront tari leurs chiques,
Comment agir, ô cœur volé ?
Ce seront des refrains bachiques
Quand ils auront tari leurs chiques
J’aurai des sursauts stomachiques :
Si mon cœur triste est ravalé !
Quand ils auront tari leurs chiques
Comment agir, ô cœur volé ?
Ça ne veut pas rien dire. — Répondez-Moi : chez M. Deverrière, pour A. R.

Bonjour de cœur,

Art. Rimbaud.

Source :

http://www.deslettres.fr/lettre-de-rimbaud-ageorges-izambard-je-veux-etre-poete-et-je-travaille-a-me-rendre-voyant/

Lettre de Lautréamont au banquier Jean Darasse Peu après la Commune, le jeune poète Lautréamont (4 avril 1846 – 24 novembre 1870), Isidore Ducasse de son vrai nom, meurt dans le dénuement, dans le IXe arrondissement de Paris, de cause inconnue. La personne demeurera un mystère ! En revanche, ses poèmes rencontrent un succès posthume de plus en plus important, grâce aux symbolistes, puis aux surréalistes, qui voient en lui l’artisan d’une révolution profonde de l’image poétique. Dans cette dernière lettre conservée, envoyée au banquier de son père à Paris, la misère de l’homme — qui emploie la majeure partie de sa correspondance à réclamer de l’argent — s’entremêle à une conscience affirmée d’une plus haute destinée poétique. 12 mars 1870 Monsieur, Laissez-moi reprendre d’un peu haut. J’ai fait publier un ouvrage de poésies chez M. Lacroix (B. Montmartre, 15). Mais une fois qu’il fut imprimé, il a refusé de le faire paraître, parce que la vie y était peinte sous des couleurs trop amères, et qu’il craignait le procureur général. C’était quelque chose dans le genre de Manfred de Byron et du Konrad de Mickiewicz, mais, cependant, bien plus terrible. L’édition avait coûté 1200 f., dont j’avais déjà fourni 400 f. Mais, le tout est tombé dans l’eau. Cela me fit ouvrir les yeux. Je me disais que puisque la poésie du doute (des volumes d’aujourd’hui il ne restera pas 150 pages) en arrive ainsi à un tel point de désespoir morne, et de méchanceté théorique, par conséquent, c’est qu’elle est radicalement fausse ; et par cette raison qu’on y discute les principes, et qu’il ne faut pas les discuter : c’est plus qu’injuste. Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes hideux. Chanter l’ennui, les douleurs, les tristesses, les mélancolies, la mort, l’ombre, le sombre, etc., c’est ne vouloir, à toute force, regarder que le puéril revers des choses. Lamartine, Hugo, Musset se sont métamorphosés volontairement en femmelettes. Ce sont les Grandes-Têtes-Molles de notre époque. Toujours pleurnicher ! Voilà pourquoi j’ai complètement changé de méthode, pour ne chanter exclusivement que l’espoir, l’espérance, LE CALME, le bonheur, LE DEVOIR. Et c’est ainsi que je renoue avec les Corneille et les Racine la chaîne du bon sens et du sang-froid, brusquement interrompue depuis les poseurs Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Mon volume ne sera terminé que dans 4 ou 5 mois. Mais, en attendant, je voudrais envoyer à mon père la préface, qui contiendra 60 pages, chez Al. Lemerre. C’est ainsi qu’il verra que je travaille, et qu’il m’enverra la somme totale du volume à imprimer plus tard. Je viens, Monsieur, vous demander si mon père vous a dit que vous me délivrassiez de l’argent, en dehors de la pension, depuis les mois de novembre et de décembre. Et, en ce cas, il m’aurait fallu 200 fr., pour l’impression de la préface, que je pourrais envoyer, ainsi, le 22, à Montevideo. S’il n’avait rien dit, auriez-vous la bonté de me l’écrire ? J’ai l’honneur de vous saluer. I. Ducasse Source : http://www.deslettres.fr/lettre-de-lautreamont-banquier-jean-darasse-gemissements-poetiques-de-siecle-ne-sophismes-hideux/
AnonymeIl y a 6 ans

Lettre de Lautréamont au banquier Jean Darasse

Peu après la Commune, le jeune poète Lautréamont (4 avril 1846 – 24 novembre 1870), Isidore Ducasse de son vrai nom, meurt dans le dénuement, dans le IXe arrondissement de Paris, de cause inconnue. La personne demeurera un mystère ! En revanche, ses poèmes rencontrent un succès posthume de plus en plus important, grâce aux symbolistes, puis aux surréalistes, qui voient en lui l’artisan d’une révolution profonde de l’image poétique.
Dans cette dernière lettre conservée, envoyée au banquier de son père à Paris, la misère de l’homme — qui emploie la majeure partie de sa correspondance à réclamer de l’argent — s’entremêle à une conscience affirmée d’une plus haute destinée poétique.

12 mars 1870

Monsieur,

Laissez-moi reprendre d’un peu haut.
J’ai fait publier un ouvrage de poésies chez M. Lacroix (B. Montmartre, 15). Mais une fois qu’il fut imprimé, il a refusé de le faire paraître, parce que la vie y était peinte sous des couleurs trop amères, et qu’il craignait le procureur général. C’était quelque chose dans le genre de Manfred de Byron et du Konrad de Mickiewicz, mais, cependant, bien plus terrible. L’édition avait coûté 1200 f., dont j’avais déjà fourni 400 f. Mais, le tout est tombé dans l’eau. Cela me fit ouvrir les yeux.

Je me disais que puisque la poésie du doute (des volumes d’aujourd’hui il ne restera pas 150 pages) en arrive ainsi à un tel point de désespoir morne, et de méchanceté théorique, par conséquent, c’est qu’elle est radicalement fausse ; et par cette raison qu’on y discute les principes, et qu’il ne faut pas les discuter : c’est plus qu’injuste. Les gémissements poétiques de ce siècle ne sont que des sophismes hideux. Chanter l’ennui, les douleurs, les tristesses, les mélancolies, la mort, l’ombre, le sombre, etc., c’est ne vouloir, à toute force, regarder que le puéril revers des choses. Lamartine, Hugo, Musset se sont métamorphosés volontairement en femmelettes. Ce sont les Grandes-Têtes-Molles de notre époque. Toujours pleurnicher !
Voilà pourquoi j’ai complètement changé de méthode, pour ne chanter exclusivement que l’espoir, l’espérance, LE CALME, le bonheur, LE DEVOIR. Et c’est ainsi que je renoue avec les Corneille et les Racine la chaîne du bon sens et du sang-froid, brusquement interrompue depuis les poseurs Voltaire et Jean-Jacques Rousseau. Mon volume ne sera terminé que dans 4 ou 5 mois. Mais, en attendant, je voudrais envoyer à mon père la préface, qui contiendra 60 pages, chez Al. Lemerre. C’est ainsi qu’il verra que je travaille, et qu’il m’enverra la somme totale du volume à imprimer plus tard.

Je viens, Monsieur, vous demander si mon père vous a dit que vous me délivrassiez de l’argent, en dehors de la pension, depuis les mois de novembre et de décembre. Et, en ce cas, il m’aurait fallu 200 fr., pour l’impression de la préface, que je pourrais envoyer, ainsi, le 22, à Montevideo. S’il n’avait rien dit, auriez-vous la bonté de me l’écrire ?
J’ai l’honneur de vous saluer.

I. Ducasse

Source : http://www.deslettres.fr/lettre-de-lautreamont-banquier-jean-darasse-gemissements-poetiques-de-siecle-ne-sophismes-hideux/

Lettre de Frida Kahlo à Nickolas Muray Frida Kahlo (6 juillet 1907 – 13 juillet 1954) est l’une des figures les plus emblématiques de l’art mexicain du XXème siècle. Parmi les hommes de sa vie, on connaît surtout Diego Rivera, mais elle vécut également une aventure avec Nickolas Muray, un des photographes les plus en vogue de New-York à l’époque. Ils consomment ensemble un amour sans contrainte et sans lendemain, et il réalise les plus beaux portraits de sa muse. Dans cette lettre, elle lui fait part de son opinion sur les artistes surréalistes, auxquels elle s’est souvent trouvée affiliée… à tort ! En témoigne cette missive explosive où la belle ne ménage aucun de ses contemporains. 16 février 1939 Mon adorable Nick, mon enfant, Je t’écris depuis mon lit d’Hôpital américain. […] En plus de cette maudite maladie, je n’ai vraiment pas eu de chance depuis que je suis ici. D’abord, l’exposition est un sacré bazar. Quand je suis arrivée, les tableaux étaient encore à la douane, parce que ce fils de pute de Breton n’avait pas pris la peine de les en sortir. Il n’a jamais reçu les photos que tu lui as envoyées il y a des lustres, ou du moins c’est ce qu’il prétend ; la galerie à lui. Bref, j’ai dû attendre des jours et des jours comme une idiote, jusqu’à ce que je fasse la connaissance de Marcel Duchamp (un peintre merveilleux), le seul qui ait les pieds sur terre parmi ce tas de fils de pute lunatiques et tarés que sont les surréalistes. Lui, il a tout de suite récupéré mes tableaux et essayé de trouver une galerie. Finalement, une galerie qui s’appelle « Pierre Colle » a accepté cette maudite exposition. Et voilà que maintenant Breton veut exposer, à côté de mes tableaux, quatorze portraits du XIXe siècle (mexicains), ainsi que trente-deux photos d’Alvarez Bravo et plein d’objets populaires qu’il a achetés sur les marchés du Mexique, un bric-à-brac de vieilleries, qu’est-ce que tu dis de ça ? La galerie est censée être prête pour le 15 mars. Sauf qu’il faut restaurer les quatorze huiles du XIXe et cette maudite restauration va prendre tout un mois. J’ai dû prêter à Breton 200 biffetons (dollars) pour la restauration, parce qu’il n’a pas un sou. (J’ai envoyé un télégramme à Diego pour lui décrire la situation et je lui ai annoncé que j’avais prêté cette somme à Breton. Ça l’a mis en rage, mais ce qui est fait est fait et je ne peux pas revenir en arrière.) J’ai encore de quoi rester ici jusqu’à début mars, donc je ne m’inquiète pas trop. Bon il y a quelques jours, une fois que tout était plus ou moins réglé, comme je te l’ai expliqué, j’ai appris par Breton que l’associé de Pierre Colle, un vieux bâtard et fils de pute, avait vu mes tableaux et considéré qu’il ne pourrait en exposer que deux parce que les autres sont trop « choquants » pour le public !! J’aurais voulu tuer ce gars et le bouffer ensuite, mais je suis tellement malade et fatiguée de toute cette affaire que j’ai décidé de toute envoyer au diable et de me tirer de ce foutu Paris avant de perdre la boule. Tu n’as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent envie de vomir. Je ne peux plus supporter ces maudits « intellectuels » de mes deux. C’est vraiment au-dessus de mes forces. Je préférerais m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt que de devoir m’associer à ces putains d’« artistes » parisiens. Ils passent des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des « cafés », parlent sans discontinuité de la « culture », de l’ « art », de la « révolution » et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité. Le lendemain matin, ils n’ont rien à manger à la maison vu que pas un seul d’entre eux ne travaille. Ils vivent comme des parasites, aux crochets d’un tas de vieilles peaux pleines aux as qui admirent le « génie » de ces « artistes ». De la merde, rien que de la merde, voilà ce qu’ils sont. Je ne vous ai jamais vu, ni Diego ni toi, gaspiller votre temps en commérages idiots et en discussions « intellectuelles » ; voilà pourquoi vous êtes des hommes, des vrais, et pas des « artistes » à la noix. Bordel ! Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l’Europe est en train de pourrir sur pied et pourquoi ces gens — ces bons à rien sont la cause de tous les Hitler et les Mussolini. Je te parie que je vais haïr cet endroit et ses habitants pendant le restant de mes jours. Il y a quelque chose de tellement faux et irréel chez eux que ça me rend dingue. Tout ce que j’espère, c’est guérir au plus vite et ficher le camp. Mon billet est encore valable longtemps, mais j’ai quand même réservé une place sur l’Isle-de-France pour le 8 mars. J’espère pouvoir embarquer sur ce bateau. Quoi qu’il arrive, je ne resterai pas au-delà du 15 mars. Au diable l’exposition et ce pays à la noix. Je veux être avec toi. Tout me manque, chacun des mouvements de ton être, ta voix, tes yeux, ta jolie bouche, ton rire si clair et sincère, TOI. Je t’aime mon Nick. Je suis si heureuse de penser que je t’aime — de penser que tu m’attends — et que tu m’aimes. Mon chéri, embrasse Mam de ma part. Je ne l’oublie surtout pas. Embrasse aussi Aria et Lea. Et pour toi, mon coeur plein de tendresse et de caresses, un baiser tout spécialement dans ton cou, ta Xochitl.
AnonymeIl y a 6 ans

Lettre de Frida Kahlo à Nickolas Muray

Frida Kahlo (6 juillet 1907 – 13 juillet 1954) est l’une des figures les plus emblématiques de l’art mexicain du XXème siècle. Parmi les hommes de sa vie, on connaît surtout Diego Rivera, mais elle vécut également une aventure avec Nickolas Muray, un des photographes les plus en vogue de New-York à l’époque. Ils consomment ensemble un amour sans contrainte et sans lendemain, et il réalise les plus beaux portraits de sa muse. Dans cette lettre, elle lui fait part de son opinion sur les artistes surréalistes, auxquels elle s’est souvent trouvée affiliée… à tort ! En témoigne cette missive explosive où la belle ne ménage aucun de ses contemporains.


16 février 1939

Mon adorable Nick, mon enfant,

Je t’écris depuis mon lit d’Hôpital américain. […]

En plus de cette maudite maladie, je n’ai vraiment pas eu de chance depuis que je suis ici. D’abord, l’exposition est un sacré bazar. Quand je suis arrivée, les tableaux étaient encore à la douane, parce que ce fils de pute de Breton n’avait pas pris la peine de les en sortir. Il n’a jamais reçu les photos que tu lui as envoyées il y a des lustres, ou du moins c’est ce qu’il prétend ; la galerie à lui. Bref, j’ai dû attendre des jours et des jours comme une idiote, jusqu’à ce que je fasse la connaissance de Marcel Duchamp (un peintre merveilleux), le seul qui ait les pieds sur terre parmi ce tas de fils de pute lunatiques et tarés que sont les surréalistes. Lui, il a tout de suite récupéré mes tableaux et essayé de trouver une galerie. Finalement, une galerie qui s’appelle « Pierre Colle » a accepté cette maudite exposition. Et voilà que maintenant Breton veut exposer, à côté de mes tableaux, quatorze portraits du XIXe siècle (mexicains), ainsi que trente-deux photos d’Alvarez Bravo et plein d’objets populaires qu’il a achetés sur les marchés du Mexique, un bric-à-brac de vieilleries, qu’est-ce que tu dis de ça ? La galerie est censée être prête pour le 15 mars. Sauf qu’il faut restaurer les quatorze huiles du XIXe et cette maudite restauration va prendre tout un mois. J’ai dû prêter à Breton 200 biffetons (dollars) pour la restauration, parce qu’il n’a pas un sou. (J’ai envoyé un télégramme à Diego pour lui décrire la situation et je lui ai annoncé que j’avais prêté cette somme à Breton. Ça l’a mis en rage, mais ce qui est fait est fait et je ne peux pas revenir en arrière.) J’ai encore de quoi rester ici jusqu’à début mars, donc je ne m’inquiète pas trop.

Bon il y a quelques jours, une fois que tout était plus ou moins réglé, comme je te l’ai expliqué, j’ai appris par Breton que l’associé de Pierre Colle, un vieux bâtard et fils de pute, avait vu mes tableaux et considéré qu’il ne pourrait en exposer que deux parce que les autres sont trop « choquants » pour le public !! J’aurais voulu tuer ce gars et le bouffer ensuite, mais je suis tellement malade et fatiguée de toute cette affaire que j’ai décidé de toute envoyer au diable et de me tirer de ce foutu Paris avant de perdre la boule. Tu n’as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent envie de vomir. Je ne peux plus supporter ces maudits « intellectuels » de mes deux. C’est vraiment au-dessus de mes forces. Je préférerais m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt que de devoir m’associer à ces putains d’« artistes » parisiens. Ils passent des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des « cafés », parlent sans discontinuité de la « culture », de l’ « art », de la « révolution » et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité.

Le lendemain matin, ils n’ont rien à manger à la maison vu que pas un seul d’entre eux ne travaille. Ils vivent comme des parasites, aux crochets d’un tas de vieilles peaux pleines aux as qui admirent le « génie » de ces « artistes ». De la merde, rien que de la merde, voilà ce qu’ils sont. Je ne vous ai jamais vu, ni Diego ni toi, gaspiller votre temps en commérages idiots et en discussions « intellectuelles » ; voilà pourquoi vous êtes des hommes, des vrais, et pas des « artistes » à la noix. Bordel ! Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l’Europe est en train de pourrir sur pied et pourquoi ces gens — ces bons à rien sont la cause de tous les Hitler et les Mussolini. Je te parie que je vais haïr cet endroit et ses habitants pendant le restant de mes jours. Il y a quelque chose de tellement faux et irréel chez eux que ça me rend dingue.

Tout ce que j’espère, c’est guérir au plus vite et ficher le camp.

Mon billet est encore valable longtemps, mais j’ai quand même réservé une place sur l’Isle-de-France pour le 8 mars. J’espère pouvoir embarquer sur ce bateau. Quoi qu’il arrive, je ne resterai pas au-delà du 15 mars. Au diable l’exposition et ce pays à la noix. Je veux être avec toi. Tout me manque, chacun des mouvements de ton être, ta voix, tes yeux, ta jolie bouche, ton rire si clair et sincère, TOI. Je t’aime mon Nick. Je suis si heureuse de penser que je t’aime — de penser que tu m’attends — et que tu m’aimes.

Mon chéri, embrasse Mam de ma part. Je ne l’oublie surtout pas. Embrasse aussi Aria et Lea. Et pour toi, mon coeur plein de tendresse et de caresses, un baiser tout spécialement dans ton cou, ta

Xochitl.

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040906 Il y a 6 ans

Si les démons gardent les ailes des anges en souvenir de la guerre menée, que gardent les anges en réminiscence des démons ? On s'est pris pour des oiseaux, à se penser libres, à se penser libérés des poids de la gravité. C'est ton dernier vol ? On s'est fait avoir, on nous a trompé dans les définitions. Gardien d'une paix illusoire, la colombe c'est qu'un pigeon qui s'est fait plumer et détourner, comme on pourrait détourner les ailes d'un avion pour les diriger vers son prochain, faire s'écrouler les tours de nos enfances. La colombe, c'est la basse-cour qu'on fait rôtir sur le feu des atrocités. C'est l'horreur qui est prioritaire, t'as beau asperger cette viande saignante pour en relever le goût, je te le dis : c'est l'apparence qui est trompeuse. T'auras beau faire des lâchés de colombes, ça ne reste rien d'autre que du vent jeté au vent, tout juste bon à servir dans les tours des magiciens qui trompent la foule attentive à ses mirages prononcés. C'est le symbole qu'on a plombé, quand on te fais croire que la cage est ouverte sur une liberté immense alors que c'est faux et qu'on a juste ouvert les portes aux barbaries, t'auras beau dessiner des symboles, toujours sont usés à la guise des perturbateurs, manipulant, l'essence des mots. Les hirondelles ont le printemps, les mauvaises présages ont les corbeaux pour s'annoncer, mais c'est qu'un infime qu'on retient et qu'on met en avant de nos compréhensions. La colombe pour la paix ? Qui serait assez fou pour croire en ce symbole ? On nous a menti, on te fais croire que c'est un oiseau à part entière, qu'il a une existence propre, c'est juste qu'il est blanc, . La blancheur, signe de pureté... c'est pas une foutue idée de l'occident ça ? Suprématie des plumages blancs ? Même le cygne noir est plus majestueux à mes yeux, plus profond, plus honnête. Là, ça manque d'honnêteté, c'est te montrer du sable en te disant que c'est de l'or, c'est te montrer le vide en te faisant croire qu'il n'y a rien au dedans. La colombine, tu sais ce que c'est ? C'est le nom d'une déjection, c'est le nom d'une gamine assez folle pour croire aux rêves qu'on lui tend. On fait des promesses sur la lune aux gosses pleines d'étoiles dans les yeux, qui se dit que c'est sympa de croire aux astres et aux histoires qu'on raconte, mais pour quoi ? Pour finir desséchées par la réalité. La colombe, c'est qu'un pigeon qui s'est fait blanchir, comme on essayerai de rattraper à la javel les tâches les plus persistantes. Colombe cendrée, comme la paix est réduite en poudre à canon, en chair juste bonne à être ôtée de sa vie. Dernier vol de la colombe dans mon imaginaire, on m'a offert un fusil pour tirer sur les chimères les plus menteuses.
AnonymeIl y a 6 ans

Si les démons gardent les ailes des anges en souvenir de la guerre menée, que gardent les anges en réminiscence des démons ?

On s'est pris pour des oiseaux, à se penser libres, à se penser libérés des poids de la gravité.

C'est ton dernier vol ?

On s'est fait avoir, on nous a trompé dans les définitions.

Gardien d'une paix illusoire, la colombe c'est qu'un pigeon qui s'est fait plumer et détourner, comme on pourrait détourner les ailes d'un avion pour les diriger vers son prochain, faire s'écrouler les tours de nos enfances.

La colombe, c'est la basse-cour qu'on fait rôtir sur le feu des atrocités. C'est l'horreur qui est prioritaire, t'as beau asperger cette viande saignante pour en relever le goût, je te le dis : c'est l'apparence qui est trompeuse.

T'auras beau faire des lâchés de colombes, ça ne reste rien d'autre que du vent jeté au vent, tout juste bon à servir dans les tours des magiciens qui trompent la foule attentive à ses mirages prononcés.

C'est le symbole qu'on a plombé, quand on te fais croire que la cage est ouverte sur une liberté immense alors que c'est faux et qu'on a juste ouvert les portes aux barbaries, t'auras beau dessiner des symboles, toujours sont usés à la guise des perturbateurs, manipulant, l'essence des mots.

Les hirondelles ont le printemps, les mauvaises présages ont les corbeaux pour s'annoncer, mais c'est qu'un infime qu'on retient et qu'on met en avant de nos compréhensions.

La colombe pour la paix ?
Qui serait assez fou pour croire en ce symbole ? On nous a menti, on te fais croire que c'est un oiseau à part entière, qu'il a une existence propre, c'est juste qu'il est blanc, . La blancheur, signe de pureté... c'est pas une foutue idée de l'occident ça ?
Suprématie des plumages blancs ?
Même le cygne noir est plus majestueux à mes yeux, plus profond, plus honnête. Là, ça manque d'honnêteté, c'est te montrer du sable en te disant que c'est de l'or, c'est te montrer le vide en te faisant croire qu'il n'y a rien au dedans.

La colombine, tu sais ce que c'est ? C'est le nom d'une déjection, c'est le nom d'une gamine assez folle pour croire aux rêves qu'on lui tend. On fait des promesses sur la lune aux gosses pleines d'étoiles dans les yeux, qui se dit que c'est sympa de croire aux astres et aux histoires qu'on raconte, mais pour quoi ?
Pour finir desséchées par la réalité.

La colombe, c'est qu'un pigeon qui s'est fait blanchir, comme on essayerai de rattraper à la javel les tâches les plus persistantes.
Colombe cendrée, comme la paix est réduite en poudre à canon, en chair juste bonne à être ôtée de sa vie.

Dernier vol de la colombe dans mon imaginaire, on m'a offert un fusil pour tirer sur les chimères les plus menteuses.

J'ai buté ta colombe, chienne de vie. Dans le feu de la vérité. Dans la rage de la plume. Dans le flot des dégouts. J'l'ai noyé pour faire partir la peinture. Et devine ce que j'ai trouvé ? Un pigeon. Un plumage gris entaché de la crasse urbaine. Les pates arrachées, un deplumé, l'aile cassée. Un genre d'oiseau brutalisé par sa vie à nos côtés. J'avais envie de te dire la mascarade, le mensonge éhonté de la paix sous l'ombre d'un plumage immaculé. Comment on manipule des symboles pour faire croire des vérités abstraites. La colombe n'existe pas, c'est un putain de pigeon. Mais cette colère m'a renvoyé un truc plus vrai encore. La colombe sublime. Le pigeon dégueulasse. On classe deux colombeiformes par la beauté. J'ai été de ceux qui ont gueulé sur les pigeons comme si c'était le roi des cons chez les oiseaux. Quand ils se dandinent tête dans tous les sens, quand ils volent en rase motte qu'on croirait qu'ils vont vous foncer dans la gueule. "Mais il est con ce pigeon", pas glorieux finalement. Ouais le pigeon on le regarde de travers, on ne le supporte pas, on a envie d'y mettre des coups de pieds mais pas pour de faux quand en mangeant sur un banc t'en as 150 qui semblent pialler "à moi" comme des mouettes de dessins animés. Le pigeon est le paria. C'est la version surface du rat dans la ville. En trop grand nombre et inutile. Tu sais toi pourquoi y'a des pigeons comme ça dans les villes ? Non ? Laisse moi te raconter. Y'a une époque où le pigeon était roi. Pas roi de pacotille. Roi de nos messages, vénéré comme un oiseau majestueux, qu'on a formaté à des voyages, à des trajets invisibles, sans carte ni GPS, et qui était capable de savoir où aller dans n'importe quelle situation. Le pigeon c'était peut être un larbin mais on le vénérait, si bien qu'il a fait la guerre aussi ... La guerre des hommes, la guerre des égos de fous, il l'a fait la guerre sans avoir rien demandé, sans savoir ce qu'était ces grondements qui ressemblaient tant à des orages de campagne pendant qu'il fendait l'air seul face aux éléments. Mais cet orage c'était les bombes, la vulgarité des hommes en contre bas, bien bas, si bas, tout en bas, tout petit. C'était la guerre oui, la guerre des hommes. Lui  n'était qu'une arme pacifiste au milieu d'une tempête belliqueuse. Y'en a pas mal qui ont dû exploser comme des soldats. Pour un papier blanc, codé, maculé d'encre. Il était pas seul. Les chats, les chiens, les chevaux. Mais le pigeon puisque ici j'essaye de te raconter sa vie, on lui a fait croire qu'on l'aimait. On l'a mis à nos côtés. Il a cru être devenu comme les chiens, il a cru à l'espoir de ne pas être qu'un oiseau dans le cycle de la vie. Un truc sur terre parmi d'autres, sans intérêt de plus, juste exister comme ça. Il a cru atteindre un graal je crois, une place à l'ombre des hommes. Alors comme ça, vu d'ici quand tu marches en ville tu te dis qu'il l'a. Il vit à nos dépends dans nos villes, nos sociétés. Nourrit de nos miettes, du reste qu'on jette. Oui vu comme ça, tu te dis qu'il y est pleinement dans l'ombre. Mais la vérité. La vérité c'est que ces pigeons qu'on dénigre, qu'on ne supporte pas, partout dans les villes. C'est nos abandons. Oui c'est encore nous les coupables. On a fini d'en avoir besoin, alors on a ouvert le pigeonnier aux 4 vents et on a sous entendu : prend ta liberté, vole. Mais comment partir quand on s'est cru à l'abri ? Comment survivre ? Je ne sais pas, mais c'est comme laisser seul quelqu'un qui n'a jamais eu besoin de se débrouiller seul je crois. Il est pas parti trop loin, le rebord de fenêtre, l'arbre du jardin public, les bancs de la grande place, les miettes des terrasses de restaurants, le clocher de l'église du quartier ... à proximité de son ancien ... compagnon ? Maître ? C'est ça, fidèle comme un chien, il a posé ses pattes pas très loin en attendant des jours meilleurs peut être ... dans l'ombre. La colombe n'existe pas. C'est un pigeon, une tourterelle aussi. Mais finalement peut être que c'est pas plus mal, peut être qu'on mérite même pas un vrai pigeon de la paix. Surtout quand encore, comme une trahison on change le nom, pour faire croire des vérités abstraites. Une colombe de la paix. La colombe n'existe pas. La paix non plus. L'illusion qu'on nous joue, la métaphore qu'on nous écrit, le masque qu'on nous affuble, ce pigeon maquillé ... Un pigeon pour attendrir d'autres pigeons. Vaut mieux être un oiseau qui a du sens, qu'une chimère inventée pour faire croire qu'on est capable de mener la paix en étendard sur la terre. Le pigeon est libre lui au moins, quand la colombe se fait semblant.
Nulie Il y a 6 ans

J'ai buté ta colombe, chienne de vie. Dans le feu de la vérité. Dans la rage de la plume. Dans le flot des dégouts. J'l'ai noyé pour faire partir la peinture. Et devine ce que j'ai trouvé ? Un pigeon. Un plumage gris entaché de la crasse urbaine. Les pates arrachées, un deplumé, l'aile cassée. Un genre d'oiseau brutalisé par sa vie à nos côtés. J'avais envie de te dire la mascarade, le mensonge éhonté de la paix sous l'ombre d'un plumage immaculé. Comment on manipule des symboles pour faire croire des vérités abstraites. La colombe n'existe pas, c'est un putain de pigeon.
Mais cette colère m'a renvoyé un truc plus vrai encore. La colombe sublime. Le pigeon dégueulasse. On classe deux colombeiformes par la beauté. J'ai été de ceux qui ont gueulé sur les pigeons comme si c'était le roi des cons chez les oiseaux. Quand ils se dandinent tête dans tous les sens, quand ils volent en rase motte qu'on croirait qu'ils vont vous foncer dans la gueule. "Mais il est con ce pigeon", pas glorieux finalement.
Ouais le pigeon on le regarde de travers, on ne le supporte pas, on a envie d'y mettre des coups de pieds mais pas pour de faux quand en mangeant sur un banc t'en as 150 qui semblent pialler "à moi" comme des mouettes de dessins animés. Le pigeon est le paria. C'est la version surface du rat dans la ville. En trop grand nombre et inutile.
Tu sais toi pourquoi y'a des pigeons comme ça dans les villes ? Non ? Laisse moi te raconter.
Y'a une époque où le pigeon était roi. Pas roi de pacotille. Roi de nos messages, vénéré comme un oiseau majestueux, qu'on a formaté à des voyages, à des trajets invisibles, sans carte ni GPS, et qui était capable de savoir où aller dans n'importe quelle situation. Le pigeon c'était peut être un larbin mais on le vénérait, si bien qu'il a fait la guerre aussi ... La guerre des hommes, la guerre des égos de fous, il l'a fait la guerre sans avoir rien demandé, sans savoir ce qu'était ces grondements qui ressemblaient tant à des orages de campagne pendant qu'il fendait l'air seul face aux éléments. Mais cet orage c'était les bombes, la vulgarité des hommes en contre bas, bien bas, si bas, tout en bas, tout petit. C'était la guerre oui, la guerre des hommes. Lui  n'était qu'une arme pacifiste au milieu d'une tempête belliqueuse. Y'en a pas mal qui ont dû exploser comme des soldats. Pour un papier blanc, codé, maculé d'encre. Il était pas seul. Les chats, les chiens, les chevaux. Mais le pigeon puisque ici j'essaye de te raconter sa vie, on lui a fait croire qu'on l'aimait. On l'a mis à nos côtés. Il a cru être devenu comme les chiens, il a cru à l'espoir de ne pas être qu'un oiseau dans le cycle de la vie. Un truc sur terre parmi d'autres, sans intérêt de plus, juste exister comme ça. Il a cru atteindre un graal je crois, une place à l'ombre des hommes. Alors comme ça, vu d'ici quand tu marches en ville tu te dis qu'il l'a. Il vit à nos dépends dans nos villes, nos sociétés. Nourrit de nos miettes, du reste qu'on jette.
Oui vu comme ça, tu te dis qu'il y est pleinement dans l'ombre. Mais la vérité. La vérité c'est que ces pigeons qu'on dénigre, qu'on ne supporte pas, partout dans les villes. C'est nos abandons. Oui c'est encore nous les coupables. On a fini d'en avoir besoin, alors on a ouvert le pigeonnier aux 4 vents et on a sous entendu : prend ta liberté, vole. Mais comment partir quand on s'est cru à l'abri ? Comment survivre ? Je ne sais pas, mais c'est comme laisser seul quelqu'un qui n'a jamais eu besoin de se débrouiller seul je crois. Il est pas parti trop loin, le rebord de fenêtre, l'arbre du jardin public, les bancs de la grande place, les miettes des terrasses de restaurants, le clocher de l'église du quartier ... à proximité de son ancien ... compagnon ? Maître ? C'est ça, fidèle comme un chien, il a posé ses pattes pas très loin en attendant des jours meilleurs peut être ... dans l'ombre.
La colombe n'existe pas. C'est un pigeon, une tourterelle aussi. Mais finalement peut être que c'est pas plus mal, peut être qu'on mérite même pas un vrai pigeon de la paix. Surtout quand encore, comme une trahison on change le nom, pour faire croire des vérités abstraites. Une colombe de la paix. La colombe n'existe pas. La paix non plus. L'illusion qu'on nous joue, la métaphore qu'on nous écrit, le masque qu'on nous affuble, ce pigeon maquillé ... Un pigeon pour attendrir d'autres pigeons. Vaut mieux être un oiseau qui a du sens, qu'une chimère inventée pour faire croire qu'on est capable de mener la paix en étendard sur la terre. Le pigeon est libre lui au moins, quand la colombe se fait semblant.

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040906 Il y a 6 ans

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AnonymeIl y a 6 ans

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040906 Il y a 6 ans

Ordre + Contre ordre = désordre.
Nulie Il y a 6 ans

Ordre + Contre ordre = désordre.

[url=https://pix.blizzart.net/image/1512591073][img]https://pix.blizzart.net/image/1512591073/large.jpg[/img][/url] Ah ah ah ... Les trolls post Tchernobyl ! https://www.youtube.com/watch?v=fy2_kpQLZ18
AnonymeIl y a 6 ans



Ah ah ah ... Les trolls post Tchernobyl !


https://www.youtube.com/watch?v=fy2_kpQLZ18

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AnonymeIl y a 6 ans

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Ton art c'est d'la conscience que tu vends, mais c'est la philosophie de l'époque. Âge d'or des communications, on défend la liberté d'expression par l'usage des mots, on écrit quelques pensées qui nous distillent l'âme et ce cœur, meurtri par des impostures qu'on sait sentir. Je me suis perdu dans un monde aux textures artificielles, paradis d'apparence. J'ai trouvé une part de moi recluse dans sa profondeur. C'était pas un voyage vers l'Eden, j'ai cueilli sur cet arbre le repos de la solitude en oubliant que dehors, s'écoulait le temps, non pas à la même vitesse, mais accéléré par l'oubli, l'oubli de mes besoins de me partager. C'était bien pour créer, je m'en étais même convaincu, qu'en dehors je n'étais rien d'autre que dans l'incapacité de me réaliser. C'était comme si je m'étais enfermé dans ma propre tombe, attendant qu'un glissement de terrain vienne refermer cette fosse que le quotidien avait creusé. Ton art, c'est de la conscience que tu vends, c'est du rêve misé en boîte, rangé dans un rayon de supermarché, commandé pour arriver par voie postale. Mon art à moi, je ne l'ai pas matérialisé, j'ai pas l'apport pour et quand bien même, le ferais-je ? La vanité de voir son nom sur un livre, la signature d'un contrat, pour finir numérotée, notre conscience, en marchandise. Le prix d'une poésie, c'est son coût ou sa richesse ? Ou sa valeur, puisque tout aujourd'hui possède une appréciation. C'est bien la platitude des rimes, c'est plus la Méditerranée et des vaguelettes qu'un océan Indien et ses étés de tempêtes. C'est la Provence, c'est la Durance. Crois pas que c'est emprunté, Cavaillon, c'était chez moi. Faut amortir les charges comme on dit, alors que c'est nous seuls qui tuons la mule, du poids qu'on jette sur son dos. Le prix libre ? L'expression du sauvage, une porte ouverte aux plus démunis, aux plus pauvres. Bien sûr qu'il y a des choix à faire, mais on va pas tuer les banquiers ni mettre wallstreet en flammes si la pensée reste cloisonnée dans des pratiques en décalage. Porte ouverte à l'avarice, indubitablement, à la générosité, à une forme de mécénat populaire. C'est chirurgical, l'art. T'es là pour vendre tes rêves ou les glisser dans le commun ? J'dis pas qu'il faut faire ses entreprises à pertes. C'est pas la logique du capitalisme mon ami d'ailleurs, tu sais que ça délocalise dès que ça ne se pense plus rentable... Et du prix libre pour offrir de quoi construire aux abandonnés, à ces échoués dans cette vie crade ? La postérité que tu cherches, c'est l'œuvre que tu laisses de théories fumeuses et jamais appliquées ou c'est d'avoir réussi à ancrer les songes dans la complexité du réel ? On pourrait prendre des terrains vagues, pour rien, que le coût d'une envie. Pour ça faut l'avoir cette envie, mais c'est plus simple de travailler pour soi, de récupérer les fruits de son travail pour soi. C'est pas la logique du partage ça. C'est la logique du moi-je suis... Regarde les enfoirés, l'idée de base se respecte. Je ne te parle pas de ce que c'est devenu. Chacun ses envies. La voix voulant élever vers le haut les tombés dans la précarité aurait pu venir en présidence, mais tu connais la suite, faut croire qu'on voulait pas que la roue tourne, alors on lui a voilé. C'est solitaire ou solidaire que tu veux être ? Ton image plus importante que toi même ? L'indépendance c'est pas la solitude, c'est le choix de ne pas travailler pour des requins, c'est faire l'hippocampe. Mais à force, on doit devenir marteau, à taper sur l'enclume et qu'il n'y ai que l'écho qui revienne et qu'il n'y ai que l'écho qui revienne que l'écho... Qui se rit de nous. Contestataire qui souffle du vent. Le poids des mots, du vent. Ça c'est la matérialité. Mais dans tes connexions internes, c'est la richesse mon ami, c'est l'apprentissage des cultures. Passer de la graine, à la tige, à la fleur, puis au fruit, quand c'est possible, pour revenir à la graine. Une graine pour mille. Si tu croques trop tôt dans le fruit parceque tu as cette faim de l'avidité, tu coupes court à l'éventuelle racine première qui sortira des graines qu'on aura réussi, tant bien que mal, à enfanter. On peut cracher sur le star-système. T'as ceux qui font mine, avec leur plumage un peu falsifié,d'être en dehors. J'crois pas en la résistance à remplir des zéniths, juste à faire tourner la machine de la culture telle qu'elle est actuellement. Faut donner la thune à des petites structures, pas aux grosses qui font de l'ombre aux autres... On peut cracher sur le Star-système, mais c'est la stupidité des étoiles imbues de leur brillance. T'as cas lever la tête au ciel pour voir qu'on est des milliards, des milliards de bout de toi composés du même atome fondateur, l'hydrogène. Ce n'est pas à l'intensité de la lumière qu'on peut deviner son intention, ni à son intensité qu'on peut deviner sa nature. Tu joues à la grande casserole, mais j'crois que souvent t'es trop plein d'eau. Tu joues le berger quand tu ignores les dessins que les hommes forment des constellations. Le dessein des astres tu le connais ? C'est le ciel pour tous. Pas qu'on oublie les Pléiades et celles-là qui sont faibles dans leurs éclats. Les étoiles ne demandent qu'à éclater pour nourrir d'autres systèmes solaires.
AnonymeIl y a 6 ans

Ton art c'est d'la conscience que tu vends, mais c'est la philosophie de l'époque.

Âge d'or des communications, on défend la liberté d'expression par l'usage des mots, on écrit quelques pensées qui nous distillent l'âme et ce cœur, meurtri par des impostures qu'on sait sentir.

Je me suis perdu dans un monde aux textures artificielles, paradis d'apparence.
J'ai trouvé une part de moi recluse dans sa profondeur. C'était pas un voyage vers l'Eden, j'ai cueilli sur cet arbre le repos de la solitude en oubliant que dehors, s'écoulait le temps, non pas à la même vitesse, mais accéléré par l'oubli, l'oubli de mes besoins de me partager.

C'était bien pour créer, je m'en étais même convaincu, qu'en dehors je n'étais rien d'autre que dans l'incapacité de me réaliser. C'était comme si je m'étais enfermé dans ma propre tombe, attendant qu'un glissement de terrain vienne refermer cette fosse que le quotidien avait creusé.

Ton art, c'est de la conscience que tu vends, c'est du rêve misé en boîte, rangé dans un rayon de supermarché, commandé pour arriver par voie postale.
Mon art à moi, je ne l'ai pas matérialisé, j'ai pas l'apport pour et quand bien même, le ferais-je ?

La vanité de voir son nom sur un livre, la signature d'un contrat, pour finir numérotée, notre conscience, en marchandise.
Le prix d'une poésie, c'est son coût ou sa richesse ? Ou sa valeur, puisque tout aujourd'hui possède une appréciation.

C'est bien la platitude des rimes, c'est plus la Méditerranée et des vaguelettes qu'un océan Indien et ses étés de tempêtes. C'est la Provence, c'est la Durance. Crois pas que c'est emprunté, Cavaillon, c'était chez moi.

Faut amortir les charges comme on dit, alors que c'est nous seuls qui tuons la mule, du poids qu'on jette sur son dos.

Le prix libre ?
L'expression du sauvage, une porte ouverte aux plus démunis, aux plus pauvres. Bien sûr qu'il y a des choix à faire, mais on va pas tuer les banquiers ni mettre wallstreet en flammes si la pensée reste cloisonnée dans des pratiques en décalage. Porte ouverte à l'avarice, indubitablement, à la générosité, à une forme de mécénat populaire.

C'est chirurgical, l'art. T'es là pour vendre tes rêves ou les glisser dans le commun ? J'dis pas qu'il faut faire ses entreprises à pertes. C'est pas la logique du capitalisme mon ami d'ailleurs, tu sais que ça délocalise dès que ça ne se pense plus rentable...

Et du prix libre pour offrir de quoi construire aux abandonnés, à ces échoués dans cette vie crade ?

La postérité que tu cherches, c'est l'œuvre que tu laisses de théories fumeuses et jamais appliquées ou c'est d'avoir réussi à ancrer les songes dans la complexité du réel ?

On pourrait prendre des terrains vagues, pour rien, que le coût d'une envie. Pour ça faut l'avoir cette envie, mais c'est plus simple de travailler pour soi, de récupérer les fruits de son travail pour soi. C'est pas la logique du partage ça. C'est la logique du moi-je suis...

Regarde les enfoirés, l'idée de base se respecte. Je ne te parle pas de ce que c'est devenu. Chacun ses envies. La voix voulant élever vers le haut les tombés dans la précarité aurait pu venir en présidence, mais tu connais la suite, faut croire qu'on voulait pas que la roue tourne, alors on lui a voilé.

C'est solitaire ou solidaire que tu veux être ? Ton image plus importante que toi même ?
L'indépendance c'est pas la solitude, c'est le choix de ne pas travailler pour des requins, c'est faire l'hippocampe. Mais à force, on doit devenir marteau, à taper sur l'enclume et qu'il n'y ai que l'écho qui revienne et qu'il n'y ai que l'écho qui revienne que l'écho... Qui se rit de nous.

Contestataire qui souffle du vent. Le poids des mots, du vent. Ça c'est la matérialité. Mais dans tes connexions internes, c'est la richesse mon ami, c'est l'apprentissage des cultures. Passer de la graine, à la tige, à la fleur, puis au fruit, quand c'est possible, pour revenir à la graine.

Une graine pour mille. Si tu croques trop tôt dans le fruit parceque tu as cette faim de l'avidité, tu coupes court à l'éventuelle racine première qui sortira des graines qu'on aura réussi, tant bien que mal, à enfanter.

On peut cracher sur le star-système. T'as ceux qui font mine, avec leur plumage un peu falsifié,d'être en dehors. J'crois pas en la résistance à remplir des zéniths, juste à faire tourner la machine de la culture telle qu'elle est actuellement. Faut donner la thune à des petites structures, pas aux grosses qui font de l'ombre aux autres...
On peut cracher sur le Star-système, mais c'est la stupidité des étoiles imbues de leur brillance. T'as cas lever la tête au ciel pour voir qu'on est des milliards, des milliards de bout de toi composés du même atome fondateur, l'hydrogène.
Ce n'est pas à l'intensité de la lumière qu'on peut deviner son intention, ni à son intensité qu'on peut deviner sa nature.

Tu joues à la grande casserole, mais j'crois que souvent t'es trop plein d'eau. Tu joues le berger quand tu ignores les dessins que les hommes forment des constellations.

Le dessein des astres tu le connais ?

C'est le ciel pour tous. Pas qu'on oublie les Pléiades et celles-là qui sont faibles dans leurs éclats.
Les étoiles ne demandent qu'à éclater pour nourrir d'autres systèmes solaires.






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040906 Il y a 6 ans

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AnonymeIl y a 6 ans

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Tiens il est revenu! Le volubile jardin de mots aux parfums de menthe, je resquatte le hamac et me fais chlorophylle.
suffragettes AB Il y a 6 ans

Tiens il est revenu! Le volubile jardin de mots aux parfums de menthe, je resquatte le hamac et me fais chlorophylle.

D'un Pierrot à l'autre
Nulie Il y a 6 ans

D'un Pierrot à l'autre