Je publie le deuxième texte qui 'enfonce des portes ouvertes'. Intitulé "Pauvre Patrie", il dresse le portrait de ce triste pays que j'aime autant que je hais.
Pauvre Patrie
Ma petite patrie, Européenne occidentale,
Moteur de la CEE et enfin de l'UE.
Elle a mal aujourd'hui, Pauvre patrie,
Criblée de dettes, percée par les doutes,
Elle oublie qui elle est, d'où elle vient,
Et qui la peuple.
Elle efface son histoire, ses heures les plus noires,
Et ses époques glorieuses. Trente ans de croissance,
Des pavés qu'on balance, Une libération heureuse,
Des révolutions sociales, de la collaboration avec le mal.
Putain de France, je l'aime tant autant que je la hais.
Je suis un de ses enfants, je cherche à la comprendre,
A anticiper sa trajectoire, ses mouvements.
Mais ses roues sont voilées, sa république broie du noir,
Ses idées sont bancales, ses villes sont sales,
Des couleuvres on en avale !
On se noie sous le seuil de pauvreté ;
A droite, à droite toute mon amiral,
Elle ne sait aller qu'à droite.
Pognon, cette France du pognon,
Les ministres au grand journal
Des valeurs ancestrales,
Travail, famille, patrie, et sois heureux de bouffer chaque
midi.
Ma petite patrie qui renie ses avancées sociales et
spirituelles,
Elle a honte du siècle des lumières, de sa révolution
industrielle.
Putain d'Europe, putain de France,
La France avec ses petites manies, Perforée de toutes parts,
Plus aucune forme d'art, Paris capitale du pognon, de la télé et
des soirées mondaines. Le peuple crie famine en province,
Il crie dans les rues au printemps chaque année sans
conséquence,
Comme un affront que l'on rince, comme la honte que l'on porte,
Un jour, le peuple viendra en cohorte, Sonner à la porte du
pouvoir,
Ma petite patrie retrouvera alors sa mémoire.
Il faudra bien plus qu'une vague rose sans écume,
A des élections intermédiaires.
Voyez vous le ressentiment qui se consume.
La haine des autres et celle de soi-même.
Pauvre patrie, quel genre d'enfants as-tu engendré ?
Ils vont tuer leur mère, ils vont détruire ce qu'ils ont
construits.
Leur propre échafaud, leur mort programmée.
Le peuple te fabrique patrie,
Il te fait vivre patrie,
Et il te détruira pour former un empire patrie.
Putain de bœufs qui n'existent qu'au milieu des rangs,
Des gradés, des ordres, de la hiérarchie, des lignes droites
Que l'on trace et que l'on suit en rampant du retraité à
l'étudiant,
Personne pour sortir de la route, pour imprégner les couches
d'une salve de doutes.
La lumière de la différence fait toujours du mal à cette obscure
France.
Pays de conscience, la patrie vit sur ses cendres,
Elle a brûlé l'étendard, le drapeau tricolore,
Ce symbole que l'on ressort lors d'un succès d'une équipe de
sport.
On a touché le fond, le fond des idées, le fond de commerce, le
fond de cale.
Génération de dettes, de devenir, d'avoir, de peut être, de
grand emprunt national.
Pas de visionnaire, d'hommes d'État, d'homme de bien ;
Juste des carriéristes, des avocats, des publicitaires, des
requins,
A qui le peuple sert la main la veille des élections
Avant d'aller mettre le petit bulletin.
Pauvre patrie, pauvre élection,
Pauvre patrie, pauvre abstention.
Tu te noies dans l'oubli, tu censures, tu censures, mais jamais
la connerie.
Tu as troqué ton habit de raison pour celui de l'émotion.
Impulsive, tu agis sur les coups de tête des dirigeants et du
peuple affligeant d'absurdité et de non sens.
C'est ça maintenant la France ?
L'absurdité et le non sens ?
Est-ce que c'est ça maintenant la France ?
L'absurdité et le non sens ?
c'est ça maintenant la France ?
Pauvre patrie...