( Pour les moins courageux, Du Sang Sur Les Pavés est un documentaire que j'ai réalisé parlant des violences policières et utilisant un morceau de Saez que vous connaissez, avec son autorisation )
Le 5 juillet 2016, je me suis retrouvé avec ma copine et environ 500 personnes coincés sur un pont par des CRS pendant plus de 5h. Mon crime ? Je marchais dans la rue à côté de l’assemblée.
On appelle ça une « nasse ». Quand la police encercle les manifestants (ou toutes personnes présentes, qu’importe leur volonté) et les empêche de partir.
Mais le 5 juillet, ce n’est rien du tout. Une goutte d’eau dans un océan. Je me suis rendu compte de tout cela en racontant mon histoire autour de moi. Les violences policières, en 2016, il y en a eu plus d’une. Et surtout, il y en a des beaucoup plus violentes. Et pourtant, on en parle pas.Ou alors, si, on en parle, mais on explique en même temps que les manifestants l’ont bien cherché. Qu’ils étaient tous des casseurs. Qu’ils étaient violents. Ou qu’ils n’avaient qu’à rester chez eux, aussi, après tout.
Je me suis alors posé des questions. Est-ce que ma copine et moi étions des exceptions ? Les seuls à subir ce type de traitement et à ne pas le mériter ? Ou est-ce que le problème est plus important que cela ? Est-ce qu’en plus de la présence de ces violences policières, il n’y aurait pas une volonté, consciente ou non, de les cacher, de les ignorer voir de les légitimer en diabolisant les manifestants ?
Du Sang Sur Les Pavés est une réponse à ces questions.
Certaines images peuvent choquer mais je tiens à préciser qu’un énorme tri a était fait en amont pour vous en épargner les plus violentes. La réalité est parfois dure à regarder mais à l’époque où les fausses informations circulent plus vite que les vraies, il devient parfois nécessaire de s’y confronter.
Du Sang Sur Les Pavés est un témoignage de manifestants. Un morceau de réalité, une lettre ouverte, une invitation à la réflexion et surtout, surtout, un hommage à tous ceux qui ont subi ces violences. Un moyen de leur dire que, oui, nous savons ce qu’il s’est passé. Oui, nous avons vu les images. Et non. Non, nous n’acceptons pas cela. Nous n’ignorerons pas ce qu’ils ont vécu et nous allons en parler autour de nous.
Il n’y a pas que les douleurs physiques. Il y a aussi une douleur après. Quand on raconte ce qu’on a vécu et qu’on entend qu’on l’a bien cherché, qu’on est fautif. Même si ce n’est pas le cas.
C’est peut-être ça la plus grande des violences. Quand la désinformation se mêle au déni et que les victimes se retrouvent accusé d’être coupable.
Il est temps que cela cesse et ce film, humblement, a pour volonté de contribuer à cela.
Ce film est une photo. Une photo de ce qui s’est produit en 2016.
Ce film n’est pas une attaque mais un constat.
Ce film n’est pas une fiction.
Ce film est une réalité.
Notre réalité. Celle que beaucoup ont vécu, celle que beaucoup ont niée.
Celle qu’on ne peut plus aujourd’hui ignoré.
https://www.youtube.com/watch?v=P5U7p51Zet8&t=932s