Pour ce qui est du catholicisme, je ne voulais pas dire que Saez était croyant, ou pratiquant, mais que sa vision du monde, dans ses chansons du moins, correspond à cette doctrine. Il y a souvent une opposition très franche entre le bien et le mal (Autour de moi les fous). Et surtout, je ressens souvent l'idée du pêché qui sera condamné. "Que l'on brûle en enfer" à la fin de Défoncé en est un exemple; comme si la jouissance, le plaisir devaient forcement être payés un jour. Enfin, il attend souvent le jour de l'apocalypse (S'en aller, Tricycle Jaune, mais aussi Jeunesse lève toi de façon plus implicite) où sera révélée une nouvelle vérité, où on pourra gambader tout nue sur les avenue (du paradis), où on sera délivré. Délivré de multiples fardeaux : la société, la quête de l'amour mais aussi les pulsions ("Aller délivre moi du plaisir qui nous ronge" dans Clandestins).
Par contre, pour ce qui est des années 60's ou 70's, je ne suis pas sûr du tout qu'on eu était plus heureux, plus libre, plus fraternel, plus en paix ou que sais-je... Guerres coloniales, guerre du Viet-nam, guerre froide, menace nucléaire, émeutes, situation de la femme encore très précaires, accès aux études supérieures difficiles, dictat complet de la société de consommation, la moitié du monde sous dictature communiste, l'autre moitié en prise avec le capitalisme, télévision et radio d'état (une seule), famille encore très ancrés dans le modèle nucléaire etc etc... non je vois pas trop... Dans les années soixante, Saez n'aurait pas pu faire de disques, et encore moins en vivre.