[quote author=gelaj link=topic=779.msg91916#msg91916 date=1229465375]<br />Ah le suicide, vaste question, très complexe et polymorphe.<br />Perso je reste convaincue que pour ce qui concerne le suicide "général" (le plus courant 35-44 ans), à savoir si l'on excepte la période tourmentée de l'adolescence, et celle très particulière de la vieillesse (suicide plus "social" lié à un sentiment de solitude, d'inutilité et d'indifférence), on ne peut pas parler d'égoisme. Il faut savoir ce qu'est la dépression, la maladie mentale, le mal être pour pouvoir en parler. Il faut savoir ce que c'est que de se sentir dans une situation inextricable, sans aucune issue. Considérer que c'est un manque de courage me heurte : est-ce un manque de courage que de refuser de poursuivre une situation INSOUTENABLE penant des dizaines d'années, avec l'impact que cela peut avoir sur les proches et la famille .<br />Il ne faut pas se leurrer, le suicide et la maladie mentale sont étroitement liés : d'après des statitiques des nations unies, 90 % des suicides sont liés à des troubles psychologiques, notamment la dépression, les troubles de la personnalité borderline, la bipolarité. Mais souvent ces pathologies ne sont pas détectées, y compris par le sujet lui-même qui conçoit son mode de pensées comme normal (mais qu'est-ce que la normalité ?). Pour lui, le suicide est une sortie envisageable en l'absence d'issue, reste une solution alors que les 3/4 des gens n'y pensent pas. Mais lui évidemment ne le sait pas puisqu'on n'en parle pas.<br />Un dépressif est dans l'incapacité totale d'être objectif face à une situation comme la majorité des gens peut l'être. Cette réaction a également une cause physiologique qu'il ne faut pas nier. La dépression est en partie liée à des dérèglements chimiques et hormonaux (la sérotonine, la cortisone) face à des situations de stress, des variations saisonnières... Les individus sont donc physiquement incapables de surmonter certaines situations. Ca n'est pas pour rien que les Pays Baltes sont les plus touchés (luminosité). Ce n'est en rien une question de volonté mais bien une question PHYSIQUE. On ne reprochera jamais à un cancereux de baisser les bras face à sa maladie, pourquoi le reprocher à un dépressif ? Peut-être parceque sa maladie ne se voit pas, et qu'elle est condamnée par la morale.<br /><br />Doit-on tout ramener à la situation primaire du "quand on a la chance d'être en vie, d'être en bonne santé, d'avoir tout ce qu'on veut" ? Certaines personnes sont INAPTES au bonheur. C'est comme ça. Comprendre le suicide c'est accepter l'altérité, la différence de jugement et la maladie mentale (terme qui n'est pas du tout péjoratif à mon sens), ce qui n'est pas chose facile dans notre société. Et c'est aussi s'extraire d'une certaine morale judéo-chrétienne. <br /><br />Je sais que c'est souvent difficile à concevoir pour ceux qui aiment la vie, qui se sentent capables de l'affronter. Pensez que certains d'entre vous, beaucoup, n'ont pas cette chance, et que leur vie, mais aussi souvent celle de leurs enfants, est un CAUCHEMARD. La personne qui pense au suicide, voire qui passe à l'acte, se dit souvent qu'elle va libérer sa famille d'un poids. Et croyez-moi il n'est pas facile de voir la dégradation, la déliquescence d'une personne dépressive sur des dizaine d'années, sans pouvoir rien faire car les médicaments et les thérapies ont aussi leurs limites.<br />[/quote]<br /><br />Superbe explication "médicale". Ceux qui auront compris que la dépression est un terrible MALADIE (au sens médical du terme)qui a ses mystères non élucidés auront peut-être un point de vue différent sur ce qui pousse au suicide.