Arrêtez la planète, je veux descendre !
Vingt cinq ans au compteur, et toujours les poings fourrés dans les poches. Non nous n’avons jamais eu peur, finalement c’est peut être ça qui cloche. Non, les gens ne croient plus à la mort, ils croient à l’usure. Le fond de l’air fût rouge, les belles paniques sont d’autres temps. Dire qu’on avait des rêves, qu’on n’pensait plus aux murs, qu’on a perdu l’envie, qu’on a perdu l’élan. Rien à gagner, plus rien à perdre, rien à donner, plus rien à prendre, car tout s’achète et tout se vend. Dis qu’ça te plait, dis le que ça te plait, les cas contraires importent peu car tous les mots sont balles à blanc.
T’as vu Paris mourir un peu, la grande promo des muselières, les grandes fumées sans faire de feu, les contestants qu’on teste à terre. Les gueules cassées loin des vitrines, les sacs de pierres sont bien trop lourds, les barricades toujours trop hautes, même plus la force de s’faire l’amour. Et tu dis quoi de ça, et tu dis quand ça vient, parler au vent, parler tout bas, crier que tout ne sert plus à rien. Et tu dis quoi, et tu dis quoi …
Et foutu pour foutu on parlera toujours d’amour, à s’faire vibrer pour pas grand-chose, à s’faire du mal en fin d’parcours. Ouais foutu pour foutu on ira s’foutre du politique, parce que y’a qu’l’art qui nous fait jouir, et la beauté nous fout la trique. Idéalistes de merde on polluera vos rues, des graffiti sur vos poubelles, des jolis tatouages sur le cul. T’as vu Paris trembler un jour, les masses grouillantes qui grondent d’ivresse. La force sauvage du passé, et les retours de flammes en pleine gueule. Dis moi toi, dis moi pourquoi tu gueules.
C’est quoi la mort ? L’absence de rage ? Là dans la bouche avoir un putain d’goût de poussière ? Dis, c’est quoi les chants de la victoire ? Les grandes idées qui font tourner le monde, les militants qui veulent casser du militaire ?
C’est qu’on à faim putain ! La quarantaine dans nos mémoires, le triste état des jeux savants, il est foutu le temps choix, il est ruiné le temps de l’autrement. Dis c’est commode la fin des temps, jusqu’au sinistre des corps raidis, tes phrases en boule, tes yeux fuyants, dis le que c’est commode ton hystérie. Y’a ta raison qui fout le camp, vaut mieux mourir que d’vivre ainsi, la parodie du monde qui tourne, qui vire au petit jeu des comédies. Et foutu pour foutu, on fait semblant, hurle au trop plein, putain, putain, putain …
Ouais foutu pour foutu, les cors aux mains, nos airs malades, y’a pas que les puissants qui s’en vont faire un tour à la parade. Et y’a Paris qui chante encore, ses derniers soirs agonisants, le saxophone des quais de foire, dis moi que toi, la vie, t’as trouvé ça marrant.