[...]<br /><br />Oui, ce sont nos rires dans les cages descalier, nous les ombres derrières les réverbères qui éclairent le crachin. Nous qui frappons les trottoirs à coup de talons, et puis nos petits ongles qui déchirent lhorizon. Cest nos pas qui rattrapent les vôtres, et cest aussi nos sacs qui volent dans vos côtes. Sinon cest vingt minutes de plus, et un peu tout ça jusqu'au théâtre de Cherbourg. La scène, les parapluies, les aiguilles dans la robe, tout ça, cest ce qui nous relie. Vingt minutes dans le bus, et peut être même un peu plus. Cétait au crépuscule de lhistoire, il naurait pas fallu quon occupe les espaces, parce que ça bouillonne en dedans, et cette envie derrer jusquau fond et même un peu autour. Cest pas quon était vieux mais ce théâtre cétait le nôtre, au diable les yeux brulants qui nous enviaient les miracles, ya juste quaprès ça cest certain, on aura plus jamais lenvie de jouer.<br /><br />[...]<br /><br />Tas lair peu convaincue, et tu murmures ces choses, je ne veux pas entendre, jai déjà eu ma dose. Et lon oublie le reste, à faire trembler nos boites, tas les idées bancales si ce nest de lamour, à concentrer tes gestes, le cur froid, les mains moites, cest sûr que ça fait mal si ce nest que de lamour. Jarrive à peine à fuir, à regarder ailleurs, men foutre de tes sursauts et de tes hurlements qui me vont droit au cur. Jarrive à peine à le dire, que cest fini tout ça, et puis jtrouve plus mes mots, même quun sourire ça suffira.<br /><br />[...]<br /><br />Tu dis faut pas sen faire, et les gradins sont vides, la rue semble moins large, un petit pas de trop, tu dis faut pas sen faire, cest pas moi qui décide, et tas vu ce quon choppe, à faire nos étourdis, tu sais bien quon va sen faire, puis quon a peur de tout, file moi les somnifères que jmeurs avant la fin. Tas su trainer ta chair jusqu'à mon lit de gosse, pourrir avant lenfer du plaisir à baiser mon sac de dos, et si lon en discutait pour savoir qui est qui, jpense quon y trouverait de quoi sréconcilier avec nos vies.<br /><br />[...]<br /><br />Tarrêtes pas dfaire ça avec tes mains, des grands gestes dans le vent, un incendie peut être, et tes rêves en mouvement, cest pas quon soit perdus, et ya plus rien à croire, ta tête fait des rebonds, et tes yeux craignent le soleil, tas les doigts qui semmêlent, tout petit corps gesticulant. Tu dis jsuis compliqué, me coller nu contre la vitre, jaurais voulu ty voir et prendre froid en silence. Le peep-show va fermer, ta cabine est encore pleine de moi, et tu danses et tu danses, dis le que ça tembrase mon regard posé sur toi. Ya la nuit qui vacille, les néons qui se brûlent, et tu danses et tu danses, jte ldis que ça membrase tes grands yeux rivés vers moi.<br /><br />[...]<br /><br />Et nos nuits ressembleraient à ça, sans quon sinterdise les baisers, je nsais pas si lon court ou si le monde ralenti, et jpourrais bien refaire soixante dix mille parties. Nos nuits seraient enfin de celle dont on se souvient, des étés sans nuances et des hivers enneigés, des putes en talons hauts sur des ruelles pleines de pavés. Nous sept cétait tout ça, une troupe de miraculés, quatre louves et trois chiens qui se mordent en plein dans le mollet, et les sacs en bandoulières qui sécorchent contre les grilles, et les flammes des briquets où plongent nos regards dhallucinés. Nous sept cétait tout ça, et peut être un peu plus, sur les marches dun théâtre qui nous aura vu flancher. Ya juste quaprès tout ça jen suis certain, on aura plus jamais lenvie dy retourner.<br /><br />[...]<br />