<b>Des mille et une façons d'être juif ou musulman - Delphine Horvilleur et Rachid Benzine</b>, aux éditions du Seuil.

Elle est rabbin, il est islamologue.

Un livre sous forme de dialogue, dans tous les sens du terme. Le style en a conservé la structure, ce qui rend la lecture très agréable et pas trop "académique".

Je vous conseille vivement ce livre, il fait un bien fou!
Les deux interlocuteurs (il y en a trois, en réalité, car le philosophe et sociologue Jean-Louis Schlegel tient le rôle du modérateur), au-delà de leur érudition, font montre d'une ouverture et d'une curiosité de l'Autre assez admirable.

Sont notamment abordées les questions relatives aux rites et à leur apparente résurgence, la place de la femme dans les religions, les traditions exégétiques, l'obsession de la pureté (des croyances, des corps, des femmes, des groupes), le rapport à la transcendance qui n'est pas du tout le même dans les trois monothéismes (avec un dieu qui est envisagé de façons bien différentes).

On passe par la liturgie, la sociologie, la linguistique et, bien entendu, l'Histoire.
Nos deux érudits se racontent, se parlent mais surtout, s'écoutent.

Pour avoir un aperçu des deux personnages en question:


https://www.youtube.com/watch?v=yOFW-fAkvOA

"Bienvenue dans le pire des mondes: le triomphe du soft totalitarisme", Natacha Polony et le Comité Orwell.

Une critique très fournie (parfois presque trop... pour la partie économie, il faut bien se concentrer!) et détaillée du néo-libéralisme, du libre-échange, de la mondialisation et de tous ses sympathiques corollaires...

Je vous le conseille vraiment. C'est construit et bien articulé (bien qu'écrit à 18 mains!).

Pour vous donner une idée du contenu, voici la description qu'en fait le Comité Orwell lui-même:

« A Pékin, Moscou, Ankara ou Ryad, des oligarchies confisquent le pouvoir au nom du parti communiste, de la Sainte Russie, d’Allah. Cela, c’est l’image que la très grande majorité des médias occidentaux diffuse pour éviter de devoir balayer devant leurs portes. Car le même phénomène est à l’œuvre en Occident, dans ce que l’on appelle encore les démocraties occidentales. George Orwell, imprégné des horreurs du nazisme et des dérives du communisme, avait dépeint, dans 1984, ce que pouvait devenir notre quotidien dans un monde régi par un totalitarisme absolu. A contrario, le seul rempart contre de telles dérives reposait sur l’idéal démocratique et ses quelques libertés fondamentales. Or, insensiblement, nos sociétés que l’on croyait démocratiques le sont de moins en moins. Nous basculons dans un totalitarisme mou. Quel est ce système ? C’est celui où, grâce à la technologie et au contrôle des flux financiers et commerciaux, quelques dizaines de multinationales, la plupart américaines, entendent organiser, orienter, régenter notre vie quotidienne. Pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur ? C’est effectivement ce que nous ont apporté ces nouvelles technologies : smartphone, Internet, nano technologies, progrès de la médecine… Le pire ? C’est le nivellement par le bas, la société du tweet, la surveillance, la captation de notre argent, la normalisation de nos goûts, l’uniformisation de nos besoins. Le pire, c’est aussi que cette dérive se fait souvent avec le consentement de ceux qui en sont victimes… sans s’en rendre compte. Le champ de nos libertés individuelles se rétrécit sérieusement et un jour, peut-être pas si lointain, nos fiches détaillées nourries des milliers de données récupérées par les multinationales, seront mises au service d’un système totalitaire de moins en moins soft. » (https://comiteorwell.net/2016/11/19/premier-livre-du-comite-bienvenue-dans-le-pire-des-mondes/)

"Démocratie a enfanté du fachisme consommant", qu'il disait...

Cher Damien,


Dis-moi que tu vas nous faire une belle chanson sur le Cimetière d'Ixelles...

Allez... Un cimetière où l'on boit des pintes, fieu! Si ça c'est pas une demeure saezienne...

Mononoké : J'ai aimé te lire, merci


Oh! Eh bien, merci de prendre le temps de l'écrire. Ça fait plaisir.

Je dirais que la base c'est que ce texte est en trois parties bien distinctes.

Damien dit d'abord tout ce qu'il est profondément. Son identité personnelle: parisien, libre, iconoclaste et "ni dieu ni maître" façon Hara-Kiri/Charlie Hebdo, etc. Il y a ses convictions et puis, ses solidarités intimes: la jeunesse, l'apprentissage, l'école, les combattants du quotidien (ceux qui, comme il l'a dit un jour en concert "ont des vrais métiers"), les travailleurs, les chômeurs, les ouvriers,...
Dans cette identité personnelle, il y a aussi tout ce qui constitue son paysage quotidien: le café, le bistrot, les amis. Surtout les amis. Il a d'ailleurs pris soin de mettre en avant des prénoms reflétant tous les horizons qui font la France: Jean-Jean, Jamel, Manou... Des prénoms à consonances chrétiennes, arabo-musulmanes, juives... faisant directement écho à "Je suis pas catho, musulman, je suis pas juif". En fait, ce qu'il semble nous dire c'est "peu importe, je me fous des religions, d'ailleurs j'crois en rien, sauf en l'homme, d'où qu'il vienne". Ce qu'il est, ce qu'il aime, c'est les hommes dans leur mosaïque de différences.

La deuxième partie du texte est courte mais sert de tremplin à la troisième. C'est ce qu'il rejette en bloc. Ce que, sous aucun prétexte, il ne peut associer à son identité: l'extrême-droite, la religion et la foi (sa relation à la foi est passionnante dans ses contradictions, d'ailleurs), un assassin et, bien sûr, un marchand d'inutile.
Il clôture avec deux nouvelles affirmations de ses solidarités personnelles et enchaîne sur le dernier couplet.

La troisième partie... bon ben il le dit lui-même, c'est le visage qu'a pris la démocratie aujourd'hui. En tout cas, il s'agit là de son visage le plus laid, ce qui fait partie de l'appareil démocratique actuel ou de ce qu'il considère comme étant une dégénérescence générale de celui-ci: le libéralisme, l'inculture, la société de consommation, le délitement de l'éducation et de la langue française, les SDF dont tout le monde se fout, la pornographie, le sexisme, la mort de l'agriculture... La liste est longue.
Maintenant, la question est: pourquoi dit-il encore "je suis" tout au long de cette diatribe? Pour ma part, je pense que c'est le prolongement de ce qu'il nous a dit et répété en concert: "Et ça, c'est nous. C'est pas vous ou moi, c'est nous tous." Les choses partent en sucette, mais on a tous plus ou moins participé à ce délitement.
Je crois que c'est juste une façon de ne déresponsabiliser personne. Si nous sommes tous responsables de près ou de loin, alors nous avons tous un rôle à jouer pour changer la donne.

Je suis bien triste... Cette voix tellement particulière, brute et puissante, la belle icône des années 90...

Eh bien, cher Damien...
Songes-tu à intégrer un portrait de Brusseleir à tes portraits de titis?



http://www.dailymotion.com/video/x31bcl6

"Toi tu dis fuis moi je te suis
Moi je dis suis moi je te fuis"

Il se fait désirer...

Allez Damien, un peu de douceur. Trop de colère et de haine en ce moment, on a besoin du frisson de la Beauté pour pouvoir se dire à nouveau "doit y avoir autre chose"...

"Discours du PDG des États d'Europe Unie - Jingles" - Herbert Pagani (1972)


https://www.youtube.com/watch?v=IsaeTpHPyR4

Personnellement, je pense surtout à Pierrot le fou...


Tout y est...



https://www.youtube.com/watch?v=oUJz2Y-HYjM


"on la voit bien la lune" c'est la même actrice que dans la vidéo de CcC dans la voix et les intonations
@audrey83


Oui, c'est tout à fait le style. Je pense qu'Ana a pu s'inspirer d'Anna (!) Karina. Bardot aussi, par endroits... et puis la touche moderne donne un léger côté Audrey Tautou.

Pour la thématique, je crois que "Pierrot le fou" était clairement une référence, parce qu'à voir ces vidéos (surtout Pierrot dans l'espace), ça suinte le Godard quand-même...

Bonsoir Monsieur l'Ours,


Il y a de cela deux jours, Joann Sfar, artiste prolifique et profondément humaniste, lui aussi, a écrit ceci:


"Tiens, c'est amusant, la campagne électorale avance sans qu'aucun candidat n'ait trop prononcé le mot culture. C'est bête car plutôt que se branler la nouille avec des déradicalisations et je ne sais quels autres grands projets qui n'ont jamais fait reculer la haine, on ne se rend pas compte du bien que les livres et autres produits culturels peuvent faire à une société. Je crois qu'un pays peut renaître si les CDI ouvrent pendant les vacances, si le livre est davantage présent, s'il est moins cher, également. Comme beaucoup d'auteurs ou d'enseignants, j'ai vu en vingt ans se détricoter des centaines d'initiatives ou d'habitudes qui permettaient à la jeunesse de mieux comprendre notre pays. Si nos gamins se définissent trop souvent en mettant en avant leur religion ou leur couleur de peau, c'est parce qu'on ne leur donne rien d'autre comme identité, rien d'autre pour être fiers de vivre sur le même territoire. J'ai écouté attentivement tous les discours, je n'ai retenu aucune mesure marquante sur la culture. J'en propose une: suppression totale de la TVA sur les produits culturels. On oublie trop souvent que le prix des livres les rend inaccessibles à beaucoup, et que toute une partie de la jeunesse ne se sent pas chez elle dans les librairies. C'est une mesure idiote? Je ne sais pas. Est ce que ça pousserait de nombreux gamins à lire? Je l'ignore. Peut-être qu'il y a d'autres idées qui auraient plus de sens. mais voilà mon sentiment: je ne crois pas qu'aucun des candidats à la présidentielle soit capable de changer radicalement la situation économique de notre pays, pas plus qu'il ne sera possible de tout changer aux luttes intestines qui empoisonnent la vie de nos concitoyens. Ce qu'on peut changer, c'est le ressenti de chacun, face à la France, que je persiste à voir comme un rêve culturel, comme un territoire à partager bien plus que comme un marqueur ethnique ou religieux. On fait peu cas des enfants qui s'en sortent en mettant en avant, non pas leur identité particulière, mais bien leur capacité à échanger avec leurs concitoyens. On vote dans un peu plus d'un mois et j'ignore pour qui je vais voter. La France possède une immense richesse, dans son rapport à la culture au sens large. C'est bête que cette préoccupation soit à ce point gommée des discours des candidats. C'est absurde, mon idée, de supprimer la TVA sur le livre? A mes yeux à long terme ça rapporterait mille fois plus que ce que ça coûtera. J'ai le sentiment que l'inculture rend les gamins vulnérables à tous les embrigadements, car par manque de lectures ils disposent d'une capacité d'argumenter ou de juger de plus en plus abîmée. Sans doute je me trompe. En tout cas à titre personnel, je crois que je voterai pour le candidat qui dira un mot pour ça: la lecture, le livre, les lieux où les partager."



J'ai lu ces quelques lignes et voilà, j'ai pensé à toi, à nous tous, Cher Damien.



Poursuis ta quête du Beau, on a tant besoin de retrouver le rêve... Le rêve et puis, le frisson de la culture...


Putain.



Les yeux s'embuent...


Que pourraient-ils faire d'autre ?

Personnellement, je pense surtout à Pierrot le fou...


Tout y est...



https://www.youtube.com/watch?v=oUJz2Y-HYjM



Et puis Bonnie... bah c'est son féminisme façon Tarantino ça...


"C'est dommage que tu sois pas un garçon", c'est pas très féministe comme propos.
Et puis, de façon générale, il fait l'apologie d'une femme qui ne "compte plus les trains qui lui sont passés dessus".
Je suis un mec et qualifier les paroles de cette chanson-là de féministe, je trouve ça euh décalé


D'une certaine façon, Bonnie fait un peu salope. Alors que si elle était un mec ça serait un Don Juan. Donc c'est dommage qu'elle soit pas un garçon...


C'est effectivement à cette phrase que je pensais.
Elle pourrait se permettre bien plus de choses si elle était un mec. Don Juan rock'n'roll au lieu de "trainée à la dérive". Même s'il est vrai que le texte est too much et qu'il pousse le curseur (comme souvent) niveau vulgarité, j'ai juste repensé à son "Comment te dire mais de nos jours, oui, les féminismes manquent de couilles". Son côté libertaire...

Pour ma part, je vais sans doute chercher un peu trop loin, mais je ressens vraiment Rue d'la soif comme une réaction brute et un peu 1er degré (et festive) au fait que des gens se soient fait fusillés alors qu'ils buvaient des pintes avec des potes...
Et puis, le point central du Manifeste, ça reste de lier l'amour de l'Autre avec l'amour de son pays avec tout ce qu'il comporte de culture. Et dans la culture française (ou belge, ou européenne, en fait ), l'alcool tient une place importante, en terme d'artisanat et de patrimoine, mais aussi de dérives peu glorieuses dans la biture...

Et puis Bonnie... bah c'est son féminisme façon Tarantino ça...

Rue d'la soif...

Que c'est bon, un peu de fête ! J'ai aussi pensé aux Dropkick Murphys. Il m'a surprise le Damien.

Du reste, pour le sous-texte... Je pense qu'elle aurait presque pu être sous-titrée "Je suis en terrasse"...

https://comptoir.org/2017/01/11/les-intellectuels-le-peuple-et-les-reseaux-sociaux-par-jean-claude-michea/

Socialiste "orwellien", communiste "par tradition et non par révolte œdipienne" (selon ses propres termes), Jean-Claude Michéa soulève régulièrement les renoncements de la gauche et les vices du progressisme néo-libéral. Intéressant.

Quel plaisir, mais vraiment, quel plaisir de voir Damien nous faire du rock sans aigreur, sans rage, sans cette colère presque stérile qu'on pouvait, parfois, sentir lui monter à la gorge... et tout cela sans perdre son incroyable force de verbe. Superbe. J'espère que la suite sera dans la même veine. De ces saines révoltes qui éveillent les esprits en gardant douceur au cœur.

Pour ma part, ce que ces deux textes m'évoquent c'est simplement un Damien qui est resté, comme nous tous, hébété devant les infos, terrassé par les événements: "Bordel de m..."

Un constat, un déclaration dans l'émotion, tout simplement l'émotion (comme pour Ami de Liège).

Mais passé ce moment d'émotion nécessaire, j'ai le sentiment qu'il essaye juste de réécrire le patriotisme dans ce qu'il peut avoir de beau, de rassembleur et d'apaisant. Rappeler qu'il n'est pas forcément une idéologie nauséabonde mais, au contraire, les fondements du "nous" en lieu et place de cet inlassable "je".


Si au moment de "conclure", il pouvait nous offrir une version studio de "Elle était profonde", ce serait sympa.


Elle sera jamais aussi puissante qu'en tournée et on aura beau avoir une version studio, on continuera à écouter le live, un peu comme pour Marie.


Ah c'est clair qu'elle est taillée pour le live ! Je suis entièrement d'accord.
Mais tout comme pour Marie, que je continue à préférer largement en version live, un enregistrement studio est aussi un exercice intéressant. Et pour cette chanson-là, je ne sais pas, je sens qu'il pourrait nous faire une belle construction.

*Mode spéculations de nuit: OFF*

Ce cher Damien a toujours été friand de préliminaires (Aaah! Que de montées interminables avant le feu d'artifices... Tango, Aux Encres des amours, Marie, Saint-Pétersbourg, Usé, Clandestins... probablement parmi ses plus beaux morceaux). Ce n'est pas un scoop, il aime faire monter la tension, en studio ou sur scène. Et là, m'est avis qu'il se fait plaisir avec ces poèmes, ces bribes de pensées et ces égarements (un belle approche, d'ailleurs).

Mais bon.

Si au moment de "conclure", il pouvait nous offrir une version studio de "Elle était profonde", ce serait sympa.


Le point jouissif pour moi ? Le tacle sur la réforme de l'orthographe... J'ai simplement ri de bon cœur "ouh... Pas sûre qu'il soit fan de NVB, le Damien! "


C'est hors-sujet, mais je ne peux pas laisser passer ça. Il n'y a aucun lien entre la réforme de l'orthographe et NVB. Il n'y a d'ailleurs pas de réforme non plus.


Le lien est simplement qu'elle a défendu la réforme (qui n'est en fait qu'un renforcement d'une mesure de 2008, elle-même basée sur une observation de 1990 des académiciens eux-mêmes) et qu'elle en est devenue (peut-être malgré elle), la représentante, la figure disons dans le débat public. Ce n'était qu'un raccourci pour la forme (car j'imagine que tout le monde sait bien tout cela), afin d'éviter toutes ces périphrases...

Parenthèse hors-sujet refermée.

Tout ce que je tenais à dire c'est que j'ai souri en lisant notre Damien aborder ce point d'actu.

Tellement ravie de tout ce que je lis sur culturecontreculture...

Le point jouissif pour moi ? Le tacle sur la réforme de l'orthographe... J'ai simplement ri de bon cœur "ouh... Pas sûre qu'il soit fan de NVB, le Damien! "

Côté écriture, ce nouveau goût pour les touches occasionnelles (ça reste SAEZ tout de même... sa plus grande lutte quotidienne c'est de devoir mettre des points à ses phrases -je sais, Damien, j'avais le même soucis en cours de Français !) de style naïf, ça me rappelle un autre Artiste que j'aime énormément: Joann Sfar (pour ceux qui ne suivent pas son oeuvre, je vous le recommande fortement).

Sinon, la remarque qui me vient essentiellement à l'esprit c'est que Damien reste un révolté, mais je sens sa colère plus saine que jamais. À la dernière tournée, il était monumental, comme toujours ("Hey, what did you expect?"), mais j'avais peur de le voir virer aigri (et donc contre-productif). Je constate avec bonheur que ce n'est absolument pas le cas.





Merci Damien.



Contente d'avoir embarqué (mais ça, je le savais avant même de poser un pied sur le ponton).