Acte I
Scène III
Charles, George
George
En effet, elle vous a lâché et vous coulez
Comme un caillou qui, d’une falaise, serait tombé.
De plus, c’est d’une attitude fort peu anoblie,
Utilisant des mensonge et mythomanie,
Qu’elle vous annonça cette rupture, paradoxale
À son discours, à son harangue originale.
Charles
Exactement et, je renchéris de surcroît,
Cela est alors d’autant plus dur et pénible pour moi.
Seulement, il faut tourner la page, persiste l’histoire,
Subsiste le protagoniste malgré ses déboires,
Et s’éternisent les péripéties douloureuses.
George
En voilà une affaire moralement fâcheuse !
Charles
Mais, vous, pourquoi avez-vous subit une rupture ?
George, mélancolique
Oh, dernièrement, ce n’est pas vraiment une rupture !
Car, pour que, rupture, il y ait, il faut que commence
Une relation, une liaison ou une romance !
Or, céans, ce n’est pas le cas, plutôt l’inverse,
Et, de ma déclaration, s’en suit une averse,
Qui, tous les océans, remplit jusqu’à ras bord,
Ce qui me noie et ce qui me noiera dès lors...
Charles, le coupant
Racontez-moi, si cela ne vous importune,
En détails, le déroulement de votre infortune !
George
Cela ne me dérange point, je vous rassure,
Car ces aveux cotonneront mes vives blessures.
Ma tragique histoire remonte alors à quatre ans,
Quand débutant le métier de correspondant,
J’eus un coup de foudre saisissant et inégalé
Avec une jeune femme dont la frêle beauté valait
Davantage que toutes les Aphrodite qui existent
Et qui existaient dans ce bas monde de machistes.
Cette si belle femme qui réussit à me séduire,
Se nomme Mathilda et, toute ma haine, faisait fuir.
Je l’aimais, je l’adorais, je l’idolâtrais,
Mais, malheur ! pour elle, tout ceci ne suffisait...
Charles
Allez-y ! Continuez !
George
Soit, comme cela vous plait.
reprenant son récit
Je finis donc par lui avouer que je l’aimais.
Ce n’est, cependant, de l’amour que je reçus,
Plutôt de la haine, ce qui, beaucoup, me déçus.
Néanmoins, ce refus ne me découragea,
Et, durant trois années, cette même passion resta.
Jusqu’à ce jour où j’appris qu’elle était l’amante
D’un homme, Pierrick, dont la cruauté fulgurante
Était aussi inatteignable que la Vénus
Qu’est Mathilda et sa grâce que l’on égal plus...
Charles
Que cette histoire d’amour est terrible, si terrible !
l’air interrogateur et autoritaire
Et, malgré tous ces incidents affreux, horribles,
Vous persistez à vénérer cette ville personne,
Dont, pour vous, seuls d’insupportables maux, elle donne,
Dont les insatiables trahisons me donnent la gerbe,
Dont les si absurdes choix montrent son esprit imberbe,
Oui, imberbe de toute cohérence, de tout savoir ?
George, grave
Je vous rassure cet amour ne cesse de déchoir.
Cette déchéance est si importante qu’elle atteint
Le néant, sans nulle chose faisant office de frein.
Il se transforme alors en alors béguin apathique,
Passionnément et éperdument flegmatique.
George sort de la scène, les larmes aux yeux, sans saluer Charles.
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