Un voyage sur l'Atlantique. Avec du soleil jusque dans les cocktails. Et puis du vent, beaucoup de vent mais pas trop de vagues, rien qu'un peu. Un ciel rose, quelques oiseaux et quelques notes de piano en arrière plan. On se retrouve à Los Angeles, avec des constructions qui semblent toucher la lune, lui chatouiller les pieds d'une caresse délicate, comme une plume qu'on glisserait sous les aisselles, enfin, sous les pieds, enfin, où tu veux. Cette plume dans le fion et te voilà au Colorado, avec quelques apaches, avec au-dessus de toi un ciel si bleu qu'il te rappelle quelques endroits de l'Atlantique. Les nuages, c'est l'écume qui frappaient la coque du bateau. La terre rouge, l'odeur des pieds qui se chamaillent, le soleil qui tape pas si fort que ça quand on a un chapeau de cow-boy sur les cheveux : c'est le mélange d'un univers à pars, tu ne remonte pas le temps mais tu le vis à chaque instant. Escalade les coquilles rouges, brûlantes, glisse et tombe dans la neige. C'est mou, c'est froid, quelques flocons entre les paupières et c'est en te levant que t'apparaît à l'horizon comme sur la plus grande des montagnes qui sépare l'Inde et le Tibet. C'est à côté de toi que trois-quatre moines tibétains dansent et se lamentent dans une langue étrange, ils ont des tongues made-in Tibet et le bout des orteils qui bleuissent par la glace. Mais ce voyage t'es déjà familier. Ah, le Japon et sa gastronomie fidèle, du poisson, des algues et des machins que t'aime déjà bien avant de les avoir enfournés dans ta bouche morfale. Des allées de cerisiers et des pétales roses qui pleuvent en slow-motion entre des tignasses noires innocentes, entre des yeux bridés minuscules qui semblent étrangement tous autant qu'ils sont, être tes amis. Voir une foule de gens et des lumières brillantes dans l'obscurité, des constructions comme celles que tu trouvais déjà à Los Angeles sauf qu'ici la lune n'existe pas. Ne plus se sentir seul et puis se retrouver quelque part d'autre, à Sarajevo peut-être, avec en face la rivière Miljacka, un soir de pleine lune. Chaque personne que tu croises est ton ami, tu comprends chaque mot et chaque phrase de chaque individu alors que tu ne parle pas la langue. Puis tu changes de destination et tu rencontres d'autres types de personnes. Ce sont tous tes amis à usage unique, mais ce sont tous des amis quand même. Un tour vers Tamil Nadu, puis on revient vers New York. Un dernier passage vers Madagascar, Suède, Finlande, et on revient en France à Paris avec champagne, paillettes, et bonne humeur. <br /><br />Certaines personnes passent leur temps à s'imaginer des tas de trucs, des rêves à la perfection, des trucs incroyables, une putain de vie. Vous savez, vous connaissez sans doute tout ça. Tout ce qu'on espère n'arrive jamais. Tous les rêves qu'on puisse faire, ils ne deviennent jamais réalité. Il ne pointent jamais le bout de leur nez ou le bout d'autre chose. Il n'y a jamais rien. Rien que l'ennui, le dégout et le suicide. Alors on reste avec notre petite vie dans notre petit monde dans notre petite famille ou chaque journée est une nouvelle vie car on peux suivre en direct les émission de télévision tout en étant assis confortablement dans son canapé qui schlingue l'urine du chien, connard de chien. Le téléphone sonne, on se lève, on décroche, et au bout du fil il n'y a rien d'autre que la solitude, putain de solitude. Si il y avait ne serait-ce qu'un souffle on pourrait rester toute la journée, le combiné collé contre l'oreille qui saigne, à l'écouter. Et puis, à parler tout seul. De cul, de bouffe, de télévision, de maman, de papa, de voyages, de rêves, de mort et d'à venir. Mais il n'y a rien au bout du fil, vraiment, vraiment rien. C'est lorsque votre miroir reflète une décharge qu'il faut commencer à prendre peur - avant de poursuivre plus avant, peut-être serait-il judicieux de prendre contact avec un psychologue spécialisé ? Chirurgie esthétique, du cerveau s'il vous plaît. Prends un verre. Un aspirine, deux verres. Et puis devient accro si ça peux t'aider. Au Xanax je veux dire, pas à l'aspirine. Si jamais tu décides de mourir, fais-moi un bon gros chèque bien avant - Ce sont ces moments là, donc, qui nous font prendre la place de l'autre, celui qui appelle. Ces moments là qui nous balancent tout au bout du fil. <br /><br />Bonté divine, il faudrait pouvoir arrêter l'avancement du temps pour un bon moment, régler certains trucs et puis repartir une main dans la poche, soleil levant.<br /><br />-