Et bien vous avez cartonné ! On va en faire une chanson, que tout le monde aimera et on deviendra riche et célèbre alors que nous sommes de pauvres anonymes alcooliques au vin joyeux et à l'eau triste mais à la bière radieuse, des anonymes connus et reconnus à leur démarche peu assurée et leurs cheveux gras tombant sur leurs pulls en laine de mouton d'une race aujourd'hui disparue mais en voie de réapparition par le clonage d'un goéland et d'une ourse asthmatique et bronzée mais terriblement fertile qui a donné naissance à une faune hétéroclite d'animaux semblant sortis tout droit d'une œuvre picturale d'un artiste aujourd'hui inconnu mais au succès foudroyant pendant les années folles où la joie de vivre était frappante comme un verre de téquila s'écrasant sur le comptoir et se cassant en une infinité de fragments éclatants sous la lumière blafarde des lampes à gaz menaçant à tout moment de s'éteindre et plonger dans les ténèbres ces êtres diurnes aux cœurs tendres et aux foies coriaces qui viennent chercher dans les absinthes interdites des mondes nouveaux où les femmes mondaines ont des têtes d'éléphant posées sur un corps de Sarah Bernhardt et des pieds de palmipède et ils courent vers ces "femmes" sans pouvoir les atteindre et elles disparaissent dans le silence des nuits d'hivers froides que seules leurs complaintes viennent troubler, et ils continuent à courir en hurlant leur rancœur contre les femmes qui jamais, oh non jamais, n'iront dans leurs cœurs déjà pris par des femmes serpents dont les sonnettes les envoûtent telle la voix des sirènes qui appellent à elles les marins échoués et les terriens noyés qui retrouvent vie par leur anonyme célébrité.