Bon en vrai j'ai une copine qui est passée hier et du coup j'ai pu utiliser son collant pour faire un antipop et déglinguer les plosives, et du coup, j'ai rajouté plein de conneries et des petites ponctuations rigolotes en fond pour qui arrivera à les entendre

https://soundcloud.com/user-453165221/marlene-schiappa-1

J'ai universalisé la fin, aussi, afin que les moyens de production chansonnière soient liés au besoin incompressible de nos concitoyens de s'ancrer dans des démarches agréables de sociabilisation (je pex ma langue de bois, kesskya ?)

Peace

Hé, SaezLive, si en 2019 on disait qu'on en avait plus rien à foutre ?

Chanson pour Marlène Schiappa ! \o/

https://soundcloud.com/user-453165221/marlene-schiappa

Au fond d'une cour noire de sueur
La clope noyée dans sa noirceur
Y'a un prolo sans frère ni soeur
Qui s'dit en ruminant malheur

"j'aurais pu être un d'ces nantis
La verve entourée d'abrutis
Fiers des libertés asservies
Au prix du peuple bien assis

J'aurais vu les Dames de Montmartre
J'eus même goûté des crabes en tarte
Tenant en main les meilleures cartes
J'aurais ri du peuple à pancarte.

J'aurais pu être un de ceux-là
Mais j'ai le rêve au-dessus d'ça,
J'suis pas nanti mais pire que moi :
j'aurais pu être Marlène Schiappa !"

Au fond d'l'usine où il s'éreinte,
La peau bouffée d'acides teintes
Y'a un gamin dans son astreinte
qui chante sur l'air de la pire plainte,

"J'aurais pu être un d'ces marmots,
La bouche toute pleine de jolis mots,
Troquer contre une cuillère d'argent
Ce que veulent les intelli-gens.

La peau lissée tout comme les ailes
Les policiers pour tout modèle
N'ayant pour but que d'croque-la-belle
Qu'elle soit colombe où hirondelle

J'aurais pu être un de ceux-là
Mais j'ai le coeur au dessus d'ça
Moi j'me plains point, car pire, voilà :
J'aurais pu être Marlène Schiappa !"

Depuis les ruines de sa maison
Sous l'humidité de son plafond
Y'a un vieillard, seul sans un son
Qui se marmonne avec raison

"J'ai eu une vie toute en misère,
Connu la faim et la galère
Jamais pu changer d'hémisphère
J'voulais traverser l'atmosphère !

J'ai connu femmes qui s'sont barrées,
Aux bras des voleurs, des curés,
Et même le chien à mes côtés
J'crois qu'il a mieux vu d's'envoler !

J'méritais surement un peu mieux qu'ça,
Qu'mon cul soit séché dans la soie
Mais j'le sais bien, mieux vaut être soi
Que d'être un jour Marlène Schiappa !

j'méritais surement un peu mieux qu'ça
Qu'mon cul soit séché dans la soie,
Mais j'le sais bien, mieux vaut être toi,
Que d'être un jour Marlène Schiappa !

j'méritais bien, un peu mieux qu'ça
Un cul bien séché dans de la soie
Mais j'le sais bien, mieux vaut être moi
Que d'être un jour, Marlène Schiappa !

ET C'EST DEPUIS LORS QU'ILS SONT CIIIIVIILIISES !


https://youtu.be/xcGsiyJcNGQ

C'est demain qu'on a besoin de toi. Le 14, c'est mieux que rien, mais demain, c'est le pivot. Soit les gens ont peur des blindés, des flashball, et préfèrent voir le monde qu'ils nous préparent plutôt que de perdre un oeil au flash-ball, soit on descend massivement dans les rues, casseurs pas casseurs gentils pas gentils mais tous mécontents, et l'allocution de la semaine prochaine vaudra le détour.

Après y'aura sûrement blocage généralisé mais demain, c'est le nerf. Un arrêt maladie ou un "désolé chef j'avais aquaponey dans les rues de paris" ça a jamais tué personne (sauf peut-être les chefs mais c'est peut-être pas si mal).

Sur un coup de tête, et suite à un raz le bol générale qui couve depuis des mois/année/décénnies, j'ai décider d'appeler ma boite d'intérim qui me fait trimer dans la même boite de transport depuis plus de 7 ans que je décider de finir mon contrat jusqu'au 14 Décembre, et quand suite j'arréte de bosser, pour aller rejoindre la résistance dans les ronds point !!
@Alchimie

L'un n'empêche pas l'autre : aller le soir aux péages, samedi aux manifs/émeutes, tout ça, tu peux le faire malgré ton travail

Farpait comme ça j'reste sur mes machines

Oh, et puis, juste, The clash (my daddy was a bankrobber), Sex pistols (God Save The Queen),Ramones (Merry christmas i don't want to fight tonight); tout ça, l'ironie cinglante et cynique ça marche pas sur tout le monde

je lui trouve une réelle essence punk, à ce morceau

Bon, c'est confirmé, personnellement et c'est représentatif de rien, j'ai plein de potes qui hallucinent sur les instrus et le raccord musique/thème de l'album alors qu'ils étaient incapables d'écouter Lulu et qu'ils avaient lâché à Messine.

Il me tarde les mouvements illégaux de samedi, voir un peu comment ça se goupille.

*bad dum tss*

Ce qu'elle dit dans le premier volet de l'entretien complet aux alentours de 7 minutes est assez juste aussi à mon sens

Quant aux coureurs après baballe et la cérémonie merdique organisé par des mono-neuronaux, voici la séquence complète où l'on se rend compte que ce n'est pas la première question qui lui est posée (mais que c'est quand même bien de la grosse merde, même si le début de la cérémonie lui rend quand même la part belle quant à son mérite, à cette dame.).


https://youtu.be/BrXSbX0T4LA

L'entretien complet pour celles et ceux que ça intéresse :


https://youtu.be/F0N3EofaqkM

(en trois parties)


https://youtu.be/D345B42X9Ko

Fascinante Yourcenar. Presque 30 ans de ça.

Latent, c'est à mon tour de t'aimer. Faisons des bébés qui feront des peintures textuelles.

T'es blindé de talent mon salaud, et je viens de comprendre ton pseudo ! Talent latent hein ? Tkt il commence à poindre !

Tu veux tracer des traits sur ma CB ? ce serait un honneur, amour que tu es <3

Edit : nan vraiment tes perspectives sont dingues ptin !!

J'crois que vous ne vous rendez pas compte à quel point vous fermez la discussion. Et on est beau être une dizaine à vous le dire, sur plusieurs années (parce que je n'ai pas lu ce topic que dix pages et que j'étais là l'année dernière), rien n'y fait.

je vous souhaite une douce nuit et je vais vous laisser juxtaposer vos liens entre voulles.

Puis bon, ce qui me fais assez rire du fait de reprocher la vulgarité du monsieur, c'est que la dite vulgarité est utilisé par des poètes depuis bien longtemps, peut-être pas en des termes crus, mais ne serais-ce que dans les tournures ou bien par l'érotisme flagrant des textes. Les textes de Saez me rappelle parfois un peu ceux de Gaston Couté, qui oscillait souvent entre la vie quotidienne des petites gens, les amours sulfureuses et vulgaires, ou bien même son côté anarchiste.
Et dire que j'ai lu ces poèmes quand j'avais 14-15 ans, et je les trouves toujours aussi beau et pertinent, 5 ans plus tard. Surtout cette utilisation du patois et des vulgarités régionales, c'est plutôt succulent.
Tout cela pour dire qu'en connaissant ce genre de littérature sulfureuse et crue (Non, je ne parle pas de Nabokov, et pas sulfureux dans le terme ou vous l'entendez), Amour Criminel est un régal.

"Le gas était un tâcheron
N'ayant que ses bras pour fortune ;
La fille : celle du patron,
Un gros fermier de la commune.
Ils s'aimaient tous deux tant et plus.
Ecoutez ça, les bonnes gens
Petits de coeur et gros d'argent !
L'Amour, ça se fout des écus !"
- L'Amour Qui S'fout de Tout

C'est limite si il aurait pas écrit "Faut S'oublier".
Faut juste croire que la truculence de Saez n'est pas faite pour tout le monde, mais en aucun cas, elle n'est illégitime : c'est une expression comme une autre, comme celle de la langue soutenue et des mots peu usités pour la stylistique et l'esthétisme.

Scylla, je t'aime. Couté ? C'est tellement beau. C'est rare, des gens qui savent. Prends-moi dans tes bras.
https://soundcloud.com/baptiste-m-che-angoisse/idylle-rouge


Je vais continuer de fouiller et de l'écouter. Et pardonnez mes offenses si je viens à vous offenser par ma foi ou mes mots. Je suis curieuse 😊 😇

Merci pour vos réponses. Kasia est très jolie comme chanson.

Mon amie, fouille, écoute, et offense-nous. Tu es la bienvenue. Exprime-toi : ce forum est là pour ça. Lâche-toi : montre nous ce que ta conception de la religion se confronte à Saez, montre nous ce que tu y trouves, et ce que tu y perds. C'est super intéressant. Ne te sens pas jugée, et exprime-toi : ceux qui ne comprennent pas ne comprennent rien. Dis-nous ! Je crois en l'arbre, en la fleur et en l'envie de se surpasser pour évoluer, ce qui est la vie, et dieu c'est le grand architecte de la volonté de sortir de sa condition : l'évolution. Mais ta conception me fascine vraiment car elle m'enrichit. Dis ce que tu ressens, ce qui te blesse et ce qui te touche, car, toi même tu le dis, un paradoxe fort entre attrait et répulsion t'amène ici : c'est fascinant. Dis-nous ! Ce qui te choque, ce qui te touche, ce qui te correspond. C'est là le talent de l'artiste : toucher des univers différents par le même vecteur. Dis-nous !

je peux filer un coup de main pour certaines tablatures si vous voulez. Quelqu'un veut une track en particulier ? Ou keiko est sur le coup ?

Pour "Humanité"; ce n'est pas :

Nous ferons des églises icônes pixellisées
Nous ferons synagogues nous ferons des mosquées
Nous marierons les tristes nous marierons les gays
Sur le chemin du Christ s'en va l'humanité ;

mais

Nous marierons les tristes, nous marierons les gais.

Figure de style de l'opposition sémantique triste/gais, et au passage, grande provoc ; ceux qui connaissent les références comprennent, les autres s'offusquent. Après on peut aussi le laisser comme ça, parce que, les gays qui s'aiment vraiment, ils se marient pas, comme tout le monde
C'est le problème d'écrire des paroles : les double sens se figent :'(

Les deux seules phrases qui me laissent dans le doute depuis le début de sa carrière c'est :

"La mort c'est #balancetonporc"
"Nous marierons les tristes nous marierons les gays"

Plus de nuances. Tu oublies l'opposition poétique. Ce n'est pas triste/gays, mais triste/gais. Nous marierons les tristes, nous marierons les gais. Figure de style : Opposition sémantique. Clin d'oeil à Brassens qui dit que le mariage c'est la mort, que le vrai amour ne demande pas la main, que l'habitude, la promesse de toujours, c'est le triste, et que le gai, c'est le non mariage. Que l'amour joyeux et quotidien, fort et confiant, il ne passe pas de bague au doigt. j'ai l'honneur de ne pas te demander ta main, qu'il disait, le grand-père...Aujourd'hui, que tu sois triste ou gai, il faut que tu sois avec quelqu'un. Pas seul. Il faut te marier, te lier, même si t'es pas capable. Tout le monde : les tristes, et les gais, et peu importe si ça fini en fiasco dans les faits divers. Et au passage, les gays, pour saez, s'ils s'aiment vraiment, le mariage c'est une connerie.

Au passage ça fait une belle provoc pour les gens qui ne sont pas foutus de comprendre l'opposition des termes tristes/gais. Parce que dans "peuple manifestant", il dit bien "Peuple de cons, pour passer deux mois dans la rue, pour ou contre le mariage gay et pendant c'temps ouais y'a karim ouais qui galère juste pour s'payer un toit" (et là c'est vraiment gay)

Quant à balance ton porc, il ne parle pas de la lutte féministe, il parle de l'incapacité de la lutte de faire autre chose que de balancer. Le terme est fort : balancer. Loi du talion. haine contre haine. Dénonciation. Je suis pas tout à fait d'accord avec lui, mais je comprends un peu.

Personne ne trouve normal son discours, et personne n'a à le trouver normal. En vrai, chacun le comprend comme il le veut à travers son prisme. Damien a son vécu, son histoire, sa sensibilité (voire ultrasensibilité), et il n'est ni un guide, ni un messie, ni un curé.

Il dit ce qui le traverse, sans fioritures, comme exutoire souvent. Par provocation parfois. Ses textes ne sont pas des bibles, pas des exemples, ce sont des témoignages, des histoires, des mises en scène.

le "JE" parfois n'est pas SAEZ. L'ironie cinglante déguise parfois une amertume plus profonde qu'on ne le croit.

Je pense personnellement qu'il est bien plus conscient que nous des limites et des frontières de ses textes. Mais il est entier. il se lâche, il dit, il traverse. Et, dans ce monde où tout est régulé, ou chacun lisse son comportement pour que tout semble parfait, faké, photoshopé, lui, non. Et c'est ça qu'on peut apprécier quelque part.

Dans attentat c'est toi qui retiens qu'il rend les femmes responsables de ses envies de violence. Moi, ayant connu quelques schémas similaires, j'y vois une profonde auto-critique, une grande question, genre : comment, putain, après l'amour, ou les sentiments, comment je peux en arriver là ? A être destructeur et rêver de violence à ce point là ? A aucun moment il n'exprime la joie de le faire. il se constate. il s'effraye. Il s'annonce.

Et, malgré ce que la norme voudrait nous faire croire, c'est beaucoup plus fréquent qu'on ne le croit.

Bukowski ne se gênait pas pour être ordurier, et immonde avec les femmes dans ses romans. D'une vulgarité profonde. Pourtant ses bouquins sont un témoignages formidables de ce que ressentent les humains, faillibles, moches et ignobles, au sein d'une société. Et artiste, c'est surement plus ça que le critique qui guide le troupeau sur le chemin de la raison.

les chansons de Saez sont des histoires, des films, des mises en scène, où il traite l'humain, à travers lui, l'autre, la société, la femme, et ce qui peut traverser la tête d'un paquet d'autres humains. Point.

je te conseille celle-là, si tu ne connais pas bien l'artiste. Tu y verras un autre visage.


https://www.youtube.com/watch?v=CFy6MpUXZYc

Encore une fois, bienvenue par ici

xD

Paye ta mémoire de ouf.

Au temps pour moi

Donc, depuis le 30 octobre, il était impossible de s'inscrire sur SaezLive.
C'est bien, personne ne me l'a dit avant aujourd'hui

(J'aurais aussi peut-être pu m'apercevoir qu'il n'y avait aucun nouveau depuis un moment alors qu'en théorie lors de la sortie d'un album ca défile)

C'est corrigé, hésitez pas à me remonter via le formulaire de contact ou directement à team@saezlive.net les problèmes bloquants de ce genre

Euh :'o

Je me suis crée un nouveau compte, l'ancien avait été supprimé, t'es sur de ton coup ? xD

Ca devait être lors de l'annonce du nouvel album mi novembre (peut etre que c'était avant octobre, mais je ne crois pas)

Pas vu à la télé, mais lu dans les journaux.

"une femme de 80 ans qui avait été blessée dans son appartement à Marseille par des éléments provenant d'une grenade lacrymogène tirée lors des incidents de samedi est morte dimanche. Elle se trouvait chez elle, fermant les volets de son appartement, lorsqu'un projectile l'a heurtée au visage, ont précisé plusieurs sources à l'AFP. Transportée à l'hôpital de la Timone puis à l'hôpital de la Conception, elle y a été opérée mais est morte "d'un choc opératoire", a déclaré le procureur de la République à Marseille, Xavier Tarabeux.

"On a retrouvé chez elle des plots de grenades", a précisé le procureur. Mais "à ce stade, on ne peut pas établir de lien de cause à effet entre la blessure et le décès", a précisé M. Tarabeux. Une autopsie doit être pratiquée lundi."

Un choc opératoire mdr. Nan, m'sieurs dames, c'est pas la lacrymo, c'est pas les grenades, c'est le chirurgien m'voyez, il était fatigué... Circulez, circulez..."

Allez, petit novella en monologue

LES REVERBERES, C'EST VRAIMENT DE LA MERDE

« J'sais pas trop quoi vous dire, moi. C’est pas qu’votre petite tentative de me mettre la pression ne marche pas, avec votre costume terne, votre regard de condé et vos questions à la mords-moi-l’noeud. J’dois bien avouer que c’est impressionnant, mais vous fatiguez pas, j’ai rien fait, quoi. J’en suis le premier navré, parce que ça me rend malade, cette histoire, mais j’peux pas vous révéler grand chose, vous savez. J’me doute bien que j’dois être sur le haut de la liste des concernés, ou pas loin, vu que j’passais l’ensemble de mes soirées avec lui, à vider bouteille sur bouteille en écumant les rues houleuses de cette ville noyée par le chagrin et bouffée par le froid, mais j’sais rien. Désolé. Vous savez, moi, dans la rue, depuis la rue, j’veux dire, j’fais tout mon possible pour ne plus jamais repenser à rien ni à personne. C’est trop dur. C’est pour ça que j’percute que j’ai jamais vraiment su grand chose sur Jo’. Pour tout vous dire, je crois que je connaissais mieux son clébard...

Oh, bien sûr, j’pourrais vous dire, comme tant d’autres paumés de cette ville, combien de bouteilles le Jo’ avait besoin de s’envoyer avant de rejoindre son squatt’ miteux en bas des vieux quartiers. J’pourrais vous dire qu’il lisait - parce qu’il lisait, le con ; et même que ce qui lui faisait le plus plaisir, à Jo’, après le trop plein de whisky, c’était qu’on aille faire un tour chez la vieille Louise. Moi j’adorais son ragoût et puis on trouvait facilement de quoi s’mettre au chaud là-d’dans pour un moment, quoi, la vieille Louise elle tolérait qu’on aille foutre nos sales pattes sur son sol immaculé, pour la simple et bonne raison qu’elle était folle du chien de Jo’, comme tout le monde dans cette foutue ville, d’ailleurs. Jo’, il en a jamais rien eu à branler, du ragoût, et du mauvais pinard servi là bas, et j’crois même qu’il pouvait pas s’encadrer la vieille Louise. Par contre, que son chien soit au chaud, qu’il ait lui aussi son assiette comme tout un chacun - mais gratuit, pour lui ! - et qu’il ait droit aux caresses de l’assemblée et de se foutre en boule comme un vieux caniche devant le poêle, ça, c’était quelque chose, et ça suffisait pour faire disparaître les rides d’anxiété que Jo’ avait toujours aux coins des joues. J’pense pas m’avancer en disant que c’est à ce moment là que Jo’ était au plus proche de ce qu’on pourrait nommer un petit bout de morceau de bonheur.

Mais j'sais que c'est pas ce qui vous intéresse.

Ce qui vous intéresse, c'est à dire d’où venait Jo’, pourquoi on le surnommait Jo’, s’il avait eu un jour un métier, une famille, des amis, et où il allait, j’en sais foutre rien, j’vous le répète, m’sieur. J’peux vous dire qu’il adorait la nuit, son chien, les clopes sans filtres et voir le soleil se lever, bourrés - nous, je veux dire, hein, pas le soleil. Mais j’ai jamais foutu un pied chez lui - enfin, si j’puis dire - et encore moins osé poser une question. Jo’, on l’appréciait parce qu’il était dans la rue, lui aussi, et qu’il la connaissait par coeur. Donc j'peux vous dire que ça faisait perpet' qu’il y était. Combien de temps ? Trop. Précisément ? Aucune idée. Et j’pense que Jo’ ne savait pas non plus. P’t’être que seul le clebs...

D’ailleurs, j’ai jamais su comment il s’appelait, ce putain de corniaud à la con, parce que Jo’ disait qu’il avait pas de nom. Il baragouinait, entre ses chicos pourris, que si le chien avait pas trouvé utile de nous donner des noms à nous, y’avait aucune raison de lui en donner un, à lui. Question de non-réciprocité, qu’il disait. De respect animal. Il disait que nommer les choses, c’était les réduire, et que le langage c’était une barrière. J’ai jamais trop compris, mais j’aimais bien quand il partait dans ses délires de littéraire-philosophe, ça allumait les étoiles, et puis surtout ça faisait passer le temps et se vider les bouteilles, parce qu’il faut bien se l’avouer, m’sieur : l’hiver, dehors, les nuits sont longues, et écouter Jo’ réciter ou inventer, ça réchauffait la tête et le coeur en même temps.

Pour tout vous dire, quand il parlait, j'pense qu’il s’adressait tout autant à son chien qu’à moi qu’aux étoiles, le Jo’, de sa vieille voix rauque qui grattait les murs de la ville comme pour les faire s’effondrer. Il pouvait rester là, des heures, à penser à voix-haute, et réciter des trucs et des machins, en prose ou en vers, en rimes ou pas, et moi, surement plus con que le corniaud, quand rarement j'comprenais quelque chose, j’trouvais jamais rien à répondre. Alors on restait là, et Jo’ parlait, parlait, comme un livre d’au moins trois cent pages. De là à vous dire où il avait appris tous ces trucs, s’il les inventait, s’il récitait, où s’il s’agissait là de fragments d’une vie ruinée, j’en suis pas capable, nom de dieu, et j’en ai pas grand chose à foutre. C’était beau, et comme tout ce qui est vraiment beau, j’suis incapable de vous dire pourquoi, et surtout, j’ai aucune envie de le savoir, ça flinguerait tout le charme.

Ce qui est comique, c’est que Jo’ parlait autant quand on était seuls qu’il se montrait avare de mots avec les passants, les flics qui venaient nous faire chier - le prenez pas pour vous, hein -, ou les vendeurs de gnôle des épiceries de nuit. Le strict minimum, quoi. Bien évidemment, toujours poli, le bonhomme, mais c’est tout. “ Bonjour, whisky, croquettes, merci au revoir ”. Et une fois revenus dehors, dans le grand froid des rues désertées, il s’adressait aux trottoirs, aux étoiles, à la nuit et même à tout le reste, j’crois bien. A tout ce qui ne pouvait pas répondre, en fait, dont moi.

Mais faut pas partir trop loin, hein, j’pense pas qu’il lui soit arrivé grand chose. Ca fait quoi, deux, trois semaines qu’il a disparu ? Il a du mettre les voiles, trouver son port, ou j’sais pas : c’est pas le genre à faire des adieux, le Jo’. J’comprends pas pourquoi vous cherchez absolument à mettre la main dessus. Personne l’aurait zigouillé, quand même, j’vois pas comment on peut lui vouloir le moindre mal, et comment il pourrait se créer la moindre embrouille. Il va bien, j’en suis sûr : c’est un débrouillard, et c’est pas le genre à avoir des idées moroses même sous une nuit givrée à -4° par un soir de noël, contrairement à nous tous. Si j’devais m’inquiéter vraiment pour quelqu’un d’autre que moi-même - ce que je me refuse de faire sinon je serai mort d’inquiétude depuis longtemps - j’aurais plus les jetons pour le chien, quoi, parce que quand même, c’était une vieille bête, et j’suis pas sûr qu’il tienne la route encore trop longtemps, alors si Jo’ a mis les voiles, le corniaud a pas du suivre facilement...

A vrai dire, j’pense que ça a toujours été son drame, à Jo’, que son clébard ne le suive pas, intellectuellement. Qu'il ne lui parle pas. Parce qu’au final, il a toujours été plus proche du chien que de l’homme, ça j’en suis sûr. Quand parfois, pour continuer à profiter un peu de son alcool, j'le raccompagnais jusque devant son squatt’, on faisait tout le trajet sans qu’il ne m’adresse la parole une seule fois. Tout était adressée au chien. Un sacré tableau ! Jo’, titubant et déclamant des poèmes à n’en plus finir, et ce con de corniaud, réglé comme une horloge, qui pissait et reniflait toujours aux mêmes endroits chaque soir, avec une exactitude presque surréaliste. La rue de la vieille église, le lampadaire de droite, puis la rue Saint-James, avec ses pavés et ses plots, qu’il sniffait un par un, toujours, comme si l’un d’eux allait changer d’une nuit à l’autre, ou comme s’ils recelaient un trésor olfactif inestimable, ou j'sais pas quoi... et enfin, le vieux chantier délaissé, avec son hangar pourri, et toujours le chien qui renifle à droite à gauche dans une routine dédaigneuse de pisse-partout.

La dernière soirée où j’ai vu Jo’, il parlait à son chien, comme d’hab, mais, maintenant qu’on parle de tout ça depuis un moment, en fait, ça m'revient : il lui posait des questions, très sérieusement, comme si le corniaud allait lui répondre voire même lui tenir la dragée haute. Du genre, j'ai plus les mots exacts - où alors ça va me revenir d’un coup comme ça et repartir aussi sec - mais il lui disait un truc du genre : “Encore pisser sur ce foutu lampadaires, corniaud ?! Pourquoi t’as toujours eu besoin de marquer ton territoire comme un guerrier à la con, hein ? Rien n’est à personne, personne n’est rien, et j’en ai marre de te voir te ruer sur ces poteaux grisâtres et autres merdes urbaines pour qu’un autre chien, tout aussi légitime que toi, ne vienne te griller dès le lendemain matin, dans la grande valse ridicule du territoires des chiens. Pourquoi ?”

Le clebs avait relevé la tête, puis repris sa distribution de pisse au compte-goutte, imperturbable.

C'était quasiment sa dernière phrase, avant qu’on arrive au squatt, et ça nous a laissé pensifs tous les deux pendant au moins cinq cent mètres, facile. Mais, juste avant de le laisser rentrer dans son hangar et que j'reparte, comme si le chien lui avait répondu sans que j’entende, Jo’ s’est tourné vers moi, ça m'revient tout à fait maintenant, puis il m’a dit : “En fait, c’est nous qui sommes vraiment largués. On parle plus comme il faut. Le chien communique depuis tout ce temps, et j’étais trop con pour le comprendre. S’il pisse sur le lampadaire avec assiduité chaque fois, ce n’est ni pour marquer son territoire, ni pour attirer des femelles, mais pour communiquer. C’est métaphorique, un chien, et toujours sans concession. Et à mon avis, l’corniaud, là, il dit simplement :”les réverbères, il faut pisser dessus. Tout comme les murs, les magasins, les maisons, et tout le reste. Partout, toujours, il faut pisser : votre civilisation, c’est vraiment de la merde !”

J'ai pas su quoi répondre, alors j'ai dit « Bonne nuit !». Et depuis, plus la moindre trace de Jo', ni même du chien, m’sieur. Et j'ai rien d'autre à vous dire. Juste, comme j'vous le dis, j'y suis pour rien, moi... Mais excusez, vous avez des toilettes, ici ? Faut que j’aille pisser... »

Je l'ai envoyé au mec à la gueule de Steward de Konbini, j'espère une réponse mais je n'y crois pas trop :'(


J'avoue, j'ai pas été sympa mais faut comprendre que ça devient vraiment pénible de vous voir débarquer même pas pour discuter d'un point précis et être constructif mais juste pour taper sur les féministes. (au passage, les féministes extrémistes n'existent pas).
De plus, on a pas besoin de commentaires sur comment mener nos luttes, ce que l'on doit faire ou pas. Et si on se trompe, où est le problème ? On a encore le droit de se planter, non ? Le féminisme contient assez de courants pour que chacun·e y trouve son compte et soutienne les luttes qui lui semblent importantes.
Et pour finir, on ne peut pas lutter contre le sexisme sans se déconstruire soi-même et sans prendre conscience que cette déconstruction se fait toute notre vie.


C'est là que vraiment, tu m'interpelles assez fortement. Où as-tu vu, or énorme procès d'intenton, que je débarque pour vous taper dessus ?
Quant aux commentaires, désolé mais dans ce cas il va falloir aller vivre en autarcie. Nous sommes encore en société, et ce que tu fais engendres des conséquences et des réactions, et tant qu'elles ne sont ni violentes, ni insultantes, elles devraient pouvoir t'être entendues et voir même évoluer (pas forcément dans tous les sens, mais mener une lutte comme un taureau avec ses deux oeillères en chargeant tout ce qui bouge sans entendre les sons qui t'entourent, j'appelle ça de l'enfermement.)
ON lutte contre le sexisme et souvent, et pas (qu')ici, on voit "oui, on sait que lutte pour le sexisme nous choque touTES". Oui, on sait que les hommes sont... nanani. Au final, après m'avoir fait intégrer l'écriture inclusive, supprimer les mademoiselle, recadré un paquet de choses qui m'ont fait un bien fou et dont je remercie à la fois ma daronne, mon éducation et mon daron qui ont été tous les trois des vecteur de cette évolution, j'ai la désagréable impression de ne pas voir de "celles et ceux" qui luttent pour l'égalité.

Quand j'avance calmement, suite à la lecture de dix pages de ce topic, qu'il m'étonne de ne pas y trouver le point qui inclut les femmes dans ce processus sexiste (je n'ai jamais dit que vous ne le saviez pas, j'ai simplement amené l'élement pour voir ce que vous en pensiez, incapable de relire 112 pages de posts), tu me parles instantanément de découverte, d'un ton hautain et ironique, alors que ce que je voulais, c'était votre positionnement. Et ainsi de suite : à chaque fois, c'est une hierarchisation de la lutte comme si vous en étiez les gardiennes qui laisse pantois plus d'une personne qui, à la base, joue dans le même camp que vous.

Je peux le comprendre, vous êtes à la limite de traumatisme, apparemment. Mais ça n'enlève rien au fait que j'ai envie, le droit, et le plaisir de venir ici m'exprimer et essayer, poliment et gentiment malgré certaines attaques qui m'auraient touché si j'avais moins de 30 piges, de vous faire comprendre que les oeillères, ça empêche aussi de se trouver de bons alliés.

Je suis désolé mais mes potes abrutis qui continuent de vous zieuter le cul dans le tromé, je pense que je peux moi aussi les toucher et les faire cogiter, surement un peu plus que vous. Et ce qui m'apparait pour le moment, c'est que vous flinguez directement ce genre de collaboration là en vous mettant sur le piédestal de la lutte d'une façon professorale qui ferait fuir n'importe quel communard.

Et j'ai vraiment kiffé la meuf qui dit "Je me déteste parce que je me rends souvent compte que moi même malgré ma lutte je dis d'énorme choses sexistes". Voilà pourquoi je voulais le partager. Je n'ai jamais dit que c'était ton cas, simplement que ça amène à réfléchir sur notre incapacité à nous fédérer entre hommes conscient et désireux de faire évoluer les choses avec vous dans le bon sens, et les femmes qui au quotidien vivent cette horreur qui les empêche, pour certaines, d'être universelle et d'ouvrir des voies de collaboration qui seraient, j'en suis sûr, efficaces et utiles à toutes et tous.

Ah non, physique et manifestants, oké, mais que manifestants, j'retourne dans l'ire !

Message déplacé depuis la discussion : Nouvelle stratégie commerciale.

Yeux ouverts des maisons clignant dans l'ombre claire,
Bouge aux yeux avinés, hospice aux yeux jaunis,
Maisons pleines d'horreur, de douceur, de colère,
Où le crime a sa bauge, où le rêve a ses nids.

Sous le fardeau d'un ciel qui n'est plus tutélaire,
Maisons des poings levés, maisons des doigts unis;
Les globes froids des nuits sous l'orbite polaire
Roulent moins de secrets dans leurs yeux infinis.

Emportés çà et là au gré des vents contraires,
Vous vivez, vous mourrez; je pense à vous, mes frères,
Le pauvre, le malade, ou l'amant, ou l'ami.

Vos cœurs ont leurs typhons, leurs monstres, leurs algèbres,
Mais nul, en se penchant, ne voit dans vos ténèbres
Graviter sourdement tout un monde endormi.

Marguerite Yourcenar - Les maisons et les mondes.

Ce que j'aime énormément dans ce texte, c'est sa faculté à ne pas exclure les femmes du processus sexiste, et également de ne pas oublier les hommes lorsqu'elle parle de la difficulté de la lutte et caetera. J'applique l'écriture inclusive depuis bien longtemps, les celles et ceux, et ai répudié les "mademoiselle", c'est rassurant et fédérateur de voir un point de vue qui ne parle pas de la lutte sexiste au féminin pluriel. C'est pour ça que j'ai voulu le partager ici.

J'espère qu'il trouvera lectrice/lecteur !