https://twitter.com/MarleneSchiappa/status/1016325154060865536
Je ne sais pas ce qui est le plus drôle: le fait que Macron pense que la France était prête face à #metoo alors que les premiers articles qu'on a pu lire sur le sujet tenaient plutôt du #NotAllmen, ou le fait que ça soit relayé par cette pseudo féministe.
@Suzie


"Le combat pour l’égalité femmes hommes a pu sembler dérisoire dans le passé." Quelle prétention. Comment peut-on être ministre des droits des femmes et balayer d'un revers de la main toutes les batailles qui ont justement permis à cette personne d'avoir le droit d'exprimer son inculture. Pfft. Triste époque qui ignore d'où elle vient.

Le château des étoiles - 1869: la conquête de l'espace - Volumes 1 et 2 ; Alex Alice

Encore un bel objet -en 2 tomes- que l'on peut (s')offrir sans hésiter et sur lequel on peut revenir à plusieurs reprises pour bien apprécier et la richesse des dessins et toutes les références subtilement introduites.

Le fonds:
L'histoire (c'est mieux en vrai) : Fin du 19e. La découverte de l'espace à l'heure de l'émergence de nouveaux blocs politiques. Trois enfants, le fils d'un couple de scientifiques français et deux serviteurs du roi Louis II de Bavière – lui-même embarqué volontaire dans cette quête-, déjouent des complots visant à s'emparer d'un engin permettant d'explorer l'espace.
Une uchronie qui commence dans un drame personnel pour l'enfant et qui se poursuit en récit d'aventures pour petits et grands -plusieurs niveaux de lectures sont possibles selon ses références et ses connaissances (vous allez enfin cesser de reprocher à vos parents de vous avoir fait faire allemand en LV1).
Les personnages sont bien caractérisés mais pas clichés, et leur psychologie se dessine et s'approfondit au contact les uns des autres.

La forme :
Pffft !!!! Whaou !!
Allez-voir, ça vaut mieux.
La couverture ne ment pas. Référence à Jules Verne revendiquée, elle annonce ce qui est proposée : un récit d'aventures. Et le traitement graphique est tout entier dédié à l'avancement du récit : Décors documentés mais sans esbroufe pour ne pas alourdir la lecture ; découpage, lettrage au cordeau qui nous fait dire que tout est facile, tout est fluide ; dessins qui savent emprunter au meilleur des productions franco-belges et japonaises ; schémas techniques qui nous font croire que c'est pour de vrai sans pour autant perdre en poésie, aquarelles pas mièvres (quand même : réussir à faire une BD d'aventure en aquarelle, fallait oser!)

Un cadeau raisonnable (2x13€50) et sans risque.





Un nouveau cycle vient de commencer : « Le château des étoiles – Les chevaliers de Mars »
Forcément on ne peut qu'être déçu après une BD parfaite. Mais bon, ne boudons pas notre plaisir non plus.
Les + On retrouve le même traitement graphique que le premier cycle, la même poésie et les personnages s'affirment.
Les - L'histoire devient plus confuse, les scènes d'action ne trouvent pas leur rythme dans le découpage proposé (peut-être une rupture de rythme aurait-elle été judicieuse, quitte à rompre l'unité graphique du tout).... et on craint à la fin, que le récit n'évolue vers un délire métaphysique pour lequel on n'a pas signé au départ. On verra bien comment le 2ème volume de ce 2ème cycle se sort de ces écueils.

Lettres à un jeune poète pas dispo. Je me rabats sur un petit recueil de nouvelles (encore) :

Le coffret d'or, Rainer Maria Rilke

8 courtes nouvelles qui laissent une impression en demi-teinte.
Oui, une écriture naturaliste et poétique. Oui des thèmes forts : le sacrifice nécessaire à l'Art, l'amour contraint par le destin, l'horreur du monde moderne, etc.
Mais pfft, que de pathos et de niaiseries. Récits de jeunesse, sûrement, mais doit-on toujours exhumer les bouts d'essais ?
A sauver : les passages où le poète sonde la Nature :

« Dis-moi, as-tu déjà cheminé, par une matinée de fin septembre, sur une route de campagne au cœur de la Bohême ? Lourd de nuées, le ciel bas, oppressant, semble une tente gris sale dressée sur les piquets des marronniers qui, étiolés et blêmes, bordent le chemin brun ridé par les sillons des roues. Rouge, le soleil a drapé sous d'épais voiles son visage enivré de vapeurs ; quelques rayons errants se glissent de part et d'autre de la muraille de nuages pour sertir de jaune les replis bourbeux de la route. Un vent maussade roule des feuilles rousses et tord le filet de fumée qui s'exhale au loin des toits du hameau. »

Je vois pas trop ( ou ne comprend pas ) le rapport avec cette musique.


Non effectivement, cette musique n'a pas de rapport avec ton clip. C'était une réponse à Julien.R concernant une chanson qui pourrait s'appeler "vivre".

Histoire dessinée de la France,

Volume 1 : La Balade Nationale, Venayre et Davodeau
Ce premier volume est plus un n°0 qu'un n°1.
Il questionne le récit historique, c'est-à-dire, comment s'est construite l'Histoire de la France. Là vous vous dites, au mieux, c'est rasoir, au pire c'est un truc d'intellos dans son labo.
Ben non en fait.
D'une part, ce n'est pas rasoir car c'est raconté à partir du postulat suivant : 5 personnages historiques de périodes différentes, embarquent dans un véhicule qui transporte le corps de Pétain. Mais tout ce petit monde vit dans notre époque. Ils croisent des visages, des figures (je craque) d'anonymes contemporains ou pas, français ou pas, découvrent des lieux historiques et rétablissent quelques vérités.
Le support BD n'est pas un gadget car il permet des mises en situation intelligentes et d'apparence légère pour poser des questions fondamentales et fichtrement d'actualité (c'est le d'autre part) : c'est quoi la France ? C'est quoi l'origine de la France ? Y a-t-il une identité française ? C'est quoi être français.
Une lecture qui fait réfléchir, à renouveler pour se forger sa propre opinion avec un dessin de Etienne Davodeau (Rural ! Lulu femme nue) très agréable.

https://bibliobs.nouvelobs.com/bd/20171025.OBS6509/histoire-dessinee-de-la-france-arretons-de-reciter-le-roman-national-comme-un-catechisme.html

Volume n°2 : L'Enquête Gauloise, Brunaux et Nicoby
Changement de postulat.
Plus didactique, voire scolaire, il présente la civilisation gauloise à partir des découvertes les plus récentes. Ici la BD est plus une parenthèse entre des dossiers pédagogiques, qui peuvent être repris en classe (à partir du collège) avec un accompagnement car le contenu est quand même dense.

Désolée Eléa, mais je vais (encore !) parler d'une nouvelle. C'est que le format court convient bien à mon rythme de vie. Mais bientôt les vacances et les gros pavés sur la plage.
Ceci dit, j'aime bien l'extrait que tu as choisi. Je vais de ce pas chercher le livre.

Lu hier : La repentie, Didier Daeninckx

Une ancienne terroriste sort de prison et tente de reconstruire sa vie à Saint-Nazaire. Mais les fantômes ne sont jamais aussi présents que lorsqu'on les rejette. Et à l'image de l'épave qui entraîne déchirements et morts au fur et à mesure que l'on tente de la désenliser, la mise en lumière du passé ne se fera pas sans casse. Où comment l'ombre peut autant engloutir qu'abriter dans son oubli.

Faut bien se rappeler quand même que la non-binarité est ancrée depuis des siècles dans plusieurs cultures (amérindiennes notamment). On laissait l'enfant être non genré puis arrivé en âge de comprendre, l'enfant décidait de son genre ou assumait sa non-binarité. Ne faisons pas comme si c'était nouveau.
@Suzie


Ci-après un article (en anglais) sur la place des personnes "dotées de deux esprits" dans les cultures amérindiennes. Attention cependant à ne pas idéaliser l'inclusion de ces personnes dans des sociétés "mécaniques" dont le fonctionnement n'a rien à voir avec les sociétés "organiques" telles que la société occidentale contemporaine, pour reprendre Durkheim.
En effet, l'article pointe bien que ces personnes avaient une fonction "à part" :
- soit spirituelle (elles étaient "plus" que les gens ordinaires, donc tout bien considéré, à part ; or, comme le dit Melissa, il y a des choses peut-être plus importantes que de savoir qui désire qui, car, au pire on s'en fout ; ce qui est pas cool, ce sont les gens qui ne désirent personne, bref),
- soit économique, car considérées comme pouvant faire les travaux des hommes et des femmes, c'était quand même super pratique pour la communauté; la polyvalence-polycompétence avant l'heure en fait....

https://www.theguardian.com/music/2010/oct/11/two-spirit-people-north-america


Le clip est super, il fait très "youtube tendance", il devrait bien fonctionner en nombre de visionnages.

Beaucoup de choses ont été dites, c'est propre, c'est la prochaine campagne pour la Sécurité routière, c'est de saison, ça colle à un épisode de "Demain nous appartient", il y a côté mélodrame pour nous attendrir et nous rappeler que si on perd sa moitié, il reste "Rien". Mais, parce que y a toujours un mais.

On a déjà parlé du cliché mais surtout Saez c'est pas du Obispo ou du Calogero, et la chanson ne se prête pas réellement au scénario. On a tous un ressenti personnel sur les paroles mais "A nos amours" me paraît bien loin des images du clip dans le sens où Damien Saez chante un "hymne à l'amour" et à la vie et que donc, pour moi, la chanson est positive même sur un fond de mélancolie (comme souvent chez lui d'ailleurs).
L'amour est ce qui fait l'humain, le traverse à chaque instant tout au long de sa vie, la chanson est l'inverse de la fin du clip, elle est extrêmement encourageante et donne envie de continuer. La chanson aurait pu s'appeler "Vivre" mais bon ce serait assez mauvais comme titre.

.


Pas du tout .....


https://www.youtube.com/watch?v=WG7mYtP3ac4

Palomar, Italo Calvino

Il est de ces récits qui nous prennent au dépourvu. Leur lecture peut sembler fastidieuse, redondante, prétentieuse ou futile.
Et, sans prévenir, par la poésie des mots, ils laissent une impression quasi charnelle, sensuelle, et comme une « épée du soleil » (l'un des récits), s'immiscent en nous et génèrent les images distillées goutte-à-goutte par les mots du poète.
Palomar est de ceux-là. 27 courts récits, descriptions en image d'un monde sur lequel nous ne prenons pas le temps de plonger notre regard que ce soit le ventre d'un lézard ou le reflet du soleil autour du corps d'un baigneur.
Attention : ces récits ne sont pas à enquiller à la chaîne au risque de l'overdose, mais à prendre de-ci de-là et à laisser infuser. Idéal pour s'échapper du corsetage malodorant du bus.

On devrait toujours avoir un Nain de la Moria sous la main, c'est fort pratique


Perso, si tu comptes sur Thorin FILS DE THRÁIN FILS DE THROOOOORRRR, ROI SOUS LA MONTAGNE pour prendre des décisions intelligentes comme doser un volume d’eau, ben t’es pas sortie des Monts Brumeux. moi je fais plus confiance à la médecine elfique
Je te trouve injuste. Pour doser le volume d'eau à ajouter au malt pour brasser de la bière, les nains sont hautement compétents


Certes. Je m'incline.

A partir du moment où tu mélanges de l'argile et de l'eau, tu as une cohésion (parole de géologue/géotechnicienne ). Le temps de pose serait plutôt pour moi nécessaire vis-à-vis des charges (ions) présentes dans l'argile. L'argile sèche n'a pas de propriétés, car elle n'est pas chargée. C'est seulement lorsque tu la mélanges avec de l'eau que les réactions se font et qu'elle le devient.

Donc si tu as un temps de pose : tu permets aux réactions de se faire et tu "charges" ton argile -> Propriétés activées!

On devrait toujours avoir un Nain de la Moria sous la main, c'est fort pratique


Perso, si tu comptes sur Thorin FILS DE THRÁIN FILS DE THROOOOORRRR, ROI SOUS LA MONTAGNE pour prendre des décisions intelligentes comme doser un volume d’eau, ben t’es pas sortie des Monts Brumeux. moi je fais plus confiance à la médecine elfique

dans "premier bilan après l'apocalypse" de beigbeder

" ô lecteur vintage, ô bouquiniste de papier, ô survivant des greniers perdus, ô courageux toxicomane accro à la drogue la plus menacée du monde, ô valeureux protecteur des grimoires humides, ô merveilleux autiste littéraire, ô toi qui sauve l'intelligence de l'oubli, ne guéris jamais, et continues de chérir ces tigres de papier friable pendant qu'il est encore temps. (...)Ralentissons le progrès de la bêtise, s'il vous plaît. Encore un instant, Monsieur le bourreau numérique. Laissez-moi finir cette page, s'il vous plaît, lire un dernier chapitre, comme un condamné à mort fumant sa dernière cigarette. (...) Nous entrons mollement dans une apocalypse d'amnésie et de vulgarité. Si j'écris, c'est grâce à ces morceaux de papyrus où se cachait toujours une âme soeur." p. 25

"Le fait même de lire un texte sur papier fait de nous des débris, comme Montag dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, roman de science-fiction qui anticipa en 1953 le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Un monde où les livres de papier étaient interdits et où des pompiers pyromanes étaient payés pour les brûler. Le seul point sur lequel Bradbury, aveuglé par les autodafés des nazis s'est trompé, c'est le feu: les industriels se sont aperçus que le pilon est nettement plus discret que la cheminée. Le reste de sa prédiction est en passe de se réaliser: d'ici à quelques années, les tigres de papiers vont être remplacés par des écrans plats appartenant à trois compagnies américaines (apple, google et amazon), une japonaise (sony) et une française (fnac)"p.11


Voilà un bel ouvrage qui passe aussi par le toucher, le contact tactile, pour se réapproprier le plaisir sensuel du livre-objet.
L'Aimant, Lucas Harari

Un étudiant en architecture se rend en tant que client dans les thermes suisses qui constituent son sujet de thèse. Il se rend compte que la réalité qu'il vit dans ce lieu ne correspond pas à ce qu'il a appris et trouve dans cette incohérence le lien avec la légende d'une montagne dotée de sa propre volonté.
Avant de lire cette BD, prenez le temps de savourer l'objet. L'éditeur a façonné un ouvrage qui est beau à regarder, et qui offre des sensations tactiles rarement proposées grâce à un papier et une impression dignes d'un tirage de tête. Marketing ?
Non.
En fait, s'il n'est pas nécessaire de comprendre l'architecture (au vrai, François Schuitten et Benoît Peeters me laissent indifférente – oups, sacrilège), pour entrer dans ce récit, le dessin, les découpages, les rondeurs fouillies des autochtones contrastant les lignes et angles brisés des thermes font du décor un personnage à part entière, doté de sa propre volonté, que le héros va tenter de mettre à jour. Quatre couleurs noir/bleu/blanc et rouge se partagent l'espace articulé tantôt connu et saturé tantôt inconnu et ouvert sur des vides qui occupent la page.
Cela confère au récit un tempo lent qu'il faut prendre le temps pour savourer le mystère du lieu.
Petit bémol : s'arrêter à la page 145 (le briquet dans le mur ; le retour au réel proposé dans les 3 planches qui suivent sont comme un MonChéri frelaté sur une forêt-noire)


C'est surtout l'extrémisme d'une cause qui peut soit la servir soit la desservir. Et pour adhérer à une cause il faut avoir une forme de sensibilité et d'empathie. Et d'application de celle ci.

Ce que beaucoup de gens n'ont pas, certainement.
@Churinga


Une BD se penche résolument du côté de l'empathie. Pas à coup d'anthropomorphisme pour l'animal qui part à l'abattoir (bien qu'il n'y ait pas besoin d'anthropomorphisme pour comprendre que tuer, ben forcément ça doit faire mal à celui qui est tué), mais en questionnant (entre autres -sont aussi traitées la peur de la différence, le sens de la propriété, etc), le spécisme et la frontière entre l'homme et l'animal.....
Suite à une catastrophe naturelle (tsunami ? chute de météores?), des enfants chimères, mi-humain mi-animal sortent de terre. Majoritairement rejetés par les humains, certains, dont le héros, sont adoptés par des humains et grandissent dans une société qui ne veut pas d'eux. Plus leurs caractéristiques animalières se développent plus se développe leur conscience politique et les actes militants vont crescendo. Mais doivent-ils aller jusqu'à détruire ces humains qui exploitent la planète et tuent des animaux pour s'en nourrir ? Le 2e tome ne répond pas (encore) à la question mais laisse ouverte la réflexion sur le rapport de domination de l'homme sur l'animal.
Ephiphania, Ludovic Debeurme, chez Casterman (un triptyque, le tome 2 vient de sortir)

De la vie et autres chienneries, Virginie Lou

"Les grandes idées se paient."
Dans ce roman en 3 parties, l'auteure décortique 3 idées qui tournent mal : la démocratie, l'amour et la liberté. Ces principes justifient-ils d'anéantir et de s'anéantir ?
3 récits et autant de portraits sans complaisance (une metteure en scène qui manipule et tyrannise ses comédiens, une vieille femme voulant sauver du Mal une brute épaisse, une femme cherchant dans une autre l'intérêt que sa mère lui refuse), dans une langue incisive qui crée une ambiance de plomb, perturbée par des étincelles d'espoir aussi crispantes que les flammèches capricieuses d'un briquet en fin de vie.

Everytime we say goodbye
Une petite douceur sentimentale, parce que ça fait du bien sous le soleil. Deux versions :

la référence : Ella Fitzgerald (zapper la VO de Cole Porter ; elle a bien vieilli)


https://www.youtube.com/watch?v=jqa5kNNaMlc


et une version assez envoûtante, dans un tempo très lent : Véronique Rivière

https://www.youtube.com/watch?v=L2cFO0ESjbY&t=0s&list=PLg9RTRPIx-7xfmYDf_nf-tGg_Wv7iT0wk&index=23

Ceux qui restent, Busquet et Xöul

Il était une fois un pays magique. Un soir, Ben s'envole pour y vivre des aventures extraordinaires.
Super !
… Et ceux qui restent ?
Que font les parents de cette absence ? Un récit où les auteurs jouent de tous les paradoxes et questionnent l'envers du rêve dans une palette d'émotions en demi-teintes telles les couleurs à la fois sombres et transparentes (la couverture illustre bien la place que les adultes sont prêts à laisser à la fantaisie enfantine : un parc -donc borné- à jeux -à imaginer à partir des constructions des adultes, vidé de ceux qui sont partis, ailleurs).
En questionnant les séquelles d'un Peter Pan, les auteurs dévoilent l'envers de l'enfance. Troublant. Une grande BD.

Opération Copperhead, Jean Harambat

2nde guerre mondiale. Les services secrets anglais chargent la star David Niven et le débutant Peter Ustinov de former un sosie du général Montgomery pour faire croire aux allemands que le chef de guerre engage un autre front.
Ce récit réjouissant, drôle et subtil, emprunt d'un humour « so British », décrit comment s'est monté un canular, à coups de tromperies géniales, de ratés hilarants et de jeux de sentiments. Des dialogues brillants, un dessin qui va à l'essentiel garantissent de passer un moment pour se faire du bien. Il vous faudra juste assumer les regards dubitatifs de vos voisins de bus en arrivant à votre arrêt.


https://www.youtube.com/watch?v=kMyOWa_S5c0

Speed fiction, Jerry Stahl

Un petit bouquin idéal pour rentrer dans l'oeuvre de Jerry Stahl ("Mémoire des ténèbres"), comme on dit "à réserver à un public averti". Des histoires brèves de 2 à 20 pages, dans une langue nerveuse, souvent poétique, parfois légère, pour évoquer la dévastation des substances interdites et des rencontres qui leur sont liées. Un recueil d'une objectivité glaciale et tellement vraie.

https://www.babelio.com/livres/Stahl-Speed-fiction/493591
Une interview (sous-titrée du bonhomme)

Cinq branches de coton noir, Yves Sente et Steve Cuzor

Trois combats qui s’imbriquent : la lutte pour la vie des afro-américains alors que les blancs américains affrontent les blancs anglais pour leur indépendance, la 2nde guerre mondiale du point de vue d'un afro-américain tandis que ceux restés dans les états du sud mènent un combat ordinaire pour leur dignité.
Ça pourrait être rasoir et moraliste. Mais non.
Un récit à la construction parfaite, où tout s'emboîte parfaitement, un découpage fluide, un trait lisible, des couleurs saisissant chacune des atmosphères, font de ce récit une aventure qui tient en haleine pendant 170 pages. Un récit à relire pour mieux appréhender les émotions des personnages embarqués volontaires dans une aventure qui va les broyer.

Allez, l'espèce humaine n'est pas perdue.

http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2018/06/21/97001-20180621FILWWW00032-sondage-une-majorite-de-francais-pour-des-peines-alternatives.php

Quoique :
"Toutefois, 50% des sondés jugent satisfaisantes les conditions d'incarcération des détenus. Par ailleurs, plus de 80% estiment que les prisonniers subissent régulièrement ou occasionnellement des violences, qu'elles soient verbales, physiques ou sexuelles".
Ben en fait, si, y'a encore du boulot à faire.

Terre gâtée, tome 1 'Ange, le migrant' - Abouet, Beleteau et De Metter

Le pari est osé : faire d'une histoire située dans un pays africain une fable humaniste, ni eurocentrée ni tenante d'une négrophilie stigmatisante. Et c'est une réussite. Un «western » contemporain avec les ingrédients du western : l'appropriation en force de terres pour l'exploitation par les plus riches, le saloon-hôtel de passe, les ouvriers réduits à un quasi esclavage dans des baraquements de fortune, et l'arrivée de l'intrus, forcément suspect et rejeté qui va bouleverser cette micro-société où chacun se vend pour survivre alors que le territoire (magnifiques dessins de paysages arides aux couleurs de Christian de Metter, cf. Au revoir là-haut), se vide de sa population rêvant à l'Europe.
Un 1er tome prometteur. Pas étonnant. La scénariste, Marguerite Abouet, a écrit Aya de Yopougon.

PS : oublier la couverture, vraiment pas à l'image de l'intérieur.

Valéry Larbaud est au bourbonnais ce que pourrait être un Maupassant pour la Normandie. D'accord, ça fait pas rêver. Mais il y a quand même des trucs à sauver.
"Enfantines" est une série de nouvelles qui parle de l'enfance.... à la manière d'un bourgeois de province certes (hériter des sources de Vichy), mais.

Il est difficile de faire des récits d'enfance qui ne soient pas des projections adultes d'enfances fantasmées. Ici, Larbaud assume son milieu et en tire de jolis récits qui traitent : du prix de la recherche de l'amitié parfaite, de l'ami imaginaire (eh oui, déjà bien avant Dolto), du pouvoir de la pensée magique, de l'apprentissage du mensonge et même, de l'éveil des sens amoureux chez une adolescente, ce qui, quand on le situe dans son époque (1880-1950), était quand même culotté.
Il y a aussi du pire : dans la réed 2002 de Gallimard, zapper La Grande Epoque, Rachel Frutiger et Devoir de vacances, qui sont, franchement datées, tant dans le fond (les bamboulas), que dans la forme (exercices de style bien ch.ants).

La citation : "Pourquoi donc, à la maison, évitions-nous de rester longtemps seul avec nos parents ? Pourquoi craignions-nous de nous laisser aller à leur raconter les histoires du collège ? [...] On voit dans les journaux amusants, des plaisanteries sur les "enfants terribles"; pourquoi n'y a-t-il jamais de plaisanteries sur les "parents terribles"? C'est peut-être parce qu'ils sont vraiment trop terribles... Mais il y a autre chose : on renonce, peu à peu, à se faire comprendre. La vie de collège nous a donné tant de souvenirs qui n'ont rien de commun avec ceux de nos parents : on dirait qu'ils ont tout oublié de leur enfance, eux... Et peu à peu, nous nous sommes aperçu que cette partie déjà ancienne de notre existence que nous avons vécue près d'eux, leur a été presque aussi étrangère que notre vie de collège : ils en ont une version qui diffère de la nôtre. On dirait qu'ils ne nous ont pas connus. Ils racontent aux étrangers des anecdotes sur notre petite enfance, dans lesquelles nous ne retrouvons rien de ce que notre souvenir a gardé."

"Il fait + éducateur spécialisé". Ouch ! Çà fait mal à mon petit cœur d'éduc.
SuffragettesAB et Eléa, je comprends et partage votre position quant au fond : on ne traite pas un adulte (n'importe quel adulte, un président.... ou sa mère) comme un pote.
Mais il me semble que Suzie et Caféine pointent un aspect important, surtout quand on s'adresse à un enfant (et oui, même un petit con de collège est un enfant, même si parfois, la prof contractuelle que je suis -personne n'embauche un éduc de 50 ans-, regrette l'interdiction des châtiments corporels. Je plaisante. Quoique. Bref) : la forme.
Premièrement, l'insolence (le 'Manu'), ça vient du latin pour dire inexpérience, donc, c'est censé cesser, donc pédagogie et pédagogie. Alors que l'irrespect ("connasse"), étymologiquement c'est l'absence de répit, donc pas de fin, donc remise dans le cadre, pour le bien du groupe social, quel qu'il soit. J'en fais quoi de tout ça ? Je me dis que l'insolence, c'est de l'intelligence en vrac qui a besoin de notre patience/amour d'adulte pour s'organiser en un tout cohérent.
Or, et c'est mon deuxième point, et pour paraphraser Churinga, quand "tu" me vouvoie, ce n'est pas cohérent. Pour qu'il y ait relation, il faut de la réciprocité ; le contraire se rapproche de la domination : je sais, tu ne sais pas. Alors oui, l'enfant ne sait pas et l'adulte sait. Mais il y a réciprocité car l'enfant demande à savoir. C'est pour ça qu'il nous pose toutes ces questions qui nous saoulent. Donc, d'une certaine façon, l'enfant fait le choix de s'en remettre à un adulte pour se forger son identité. Ce n'est pas de la servitude volontaire, c'est un investissement qu'il fait en nous.... et dont il fera ce que bon lui semblera au final..... quitte à virer macronien après avoir eu une éducation trotskiste. Bref.
Perso, en tant qu'éduc je tutoie les enfants et ils me tutoient. Car il s'agit d'une relation qui se construit dans la durée (ce qui n'est pas le cas de l'échange entre notre trés-sident et le môme) ; alors qu'en tant que prof de collège je vouvoie les élèves, même les petits 6ème. Çà les questionne au début et ils s'y font vite. Ils peuvent entendre que oui, SuffragettesAB et Elea, vous avez raison, on ne parle pas à un adulte comme à un pote. Et, lorsque l'adulte donne l'exemple en utilisant ce "vous" qui leur est demandé, ça passe tout seul, même dans des collèges 'durs'.
Enfin, troisième et dernier point, et là encore SuffragettesAB et Elea vous avez raison : ce môme a voulu faire le malin et il "l'a cherché". Néanmoins, et pour suivre Suzie, une réprimande, même justifiée (surtout justifiée car le Narcisse qui est en nous ne peut pas de planquer derrière un "C'est pô juste"), ne doit jamais se faire en public. Une mère ne le ferait pas pour son enfant car elle sait combien son horripilant morpion peut être sensible. Alors pourquoi un étranger (j'aime l'idée d'associer notre trés-sident au mot étranger. Arf!) le ferait-il ?
Désolée mais c'était le temps nécessaire pour rétablir un rythme normal dans mon petit cœur d'éduc.
Et pour se détendre, une petite vidéo sur le tutoiement (à partir de 3:30) quitte à recevoir comme contre-argument que justement, ce n'est pas un exemple. Allez, En route pour la joie !


https://www.youtube.com/watch?v=Hx8cTeymsDY

Zorglub - La fille du Z, de Munuera
Le méchant de Spirou doit trouver comment composer avec sa fille adolescente. Finalement, c'est elle qui lui apprendra comment laisser ses enfants vivre leur vie. Et en plus, ils vont battre les méchants ensemble. Happy end ? Mmh... Le naturel revient vite au galop.
Une BD sympa qui, en plus d'une histoire de méchants, parle du lien père-fille avec subtilité.

Giant, de Mikaël

New York, années 30. Un homme se tait pour cacher son identité. Mensonge qu'il s'est créé pour tenir debout quand sa vie s'est effondrée, ailleurs. Fraternité des ouvriers qui construisent l'Amérique, ici le Rockefeller Center. Tons sépia d'un New York comme un brasier malsain qui consume ceux qui vouent leur vie à ériger son mythe. Un récit à rapprocher de American Land de Bruce Springsteen, la grandiloquence en moins.

Mon traître, de Pierre Alary.
Adaptation du roman de Sorj Chalandon sur la guerre d'Irlande.

Un jeune français se noue d'amitié avec un leader de l'IRA pendant la guerre d'Irlande. En même temps qu'il se forge une conscience politique, il se construit une Irlande fantasmée. Il se rêve héros de la révolution, on lui assigne la place de témoin. Autour de lui, les héros ordinaires cohabitent avec les salauds ordinaires. Trahison, sincérité. Peut-on vivre les deux à la fois?


www.youtube.com/watch?v=k8itXmqmz2M

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www.youtube.com/watch?v=RN50R3gycgo
Rajoutez une corne et c'en est des vraies, des bébés licornes.

Alain57: J'ai vu que t'as proposé Belfour. Bon choix. Vu aux deux concerts de Cantat à Clermont.
1er : un public de gros relous, des "je suis fan de la première heure alors j'impose ma loi", des plus habitués au stade Michelin (à 200m de la Coopé) qu'aux salles de spectacle. Bref, des nazes. Du coup, un concert pas à la hauteur de Cantat. Un Cantat pas toujours à l'aise avec ce public merdique. IL fait le taf mais il manque quelque chose. Première partie : Belfour. Une découverte. Et judicieuse pour la tournée Amor Fati. Mais quand on attend du Tostaky, ben on est déçu. Le public : j'avais honte d'être clermontoise. Honte d'être de ceux qui étaient là en 2014 pour le lancement de Horizons. Un public hostile. IL voulait du Cantat, le reste n'avait pas de légitimité. Belfour s'en est sorti haut la main,a quitté la scène sous 25db chichement distribués par un public qui ne méritait pas d'être là.
2e concert : changement de public, plus diversifié, plus ouvert. Du grand Cantat. Et du grand Belfour. Et quand j'ai vu ton post dans le player, je me suis dit que je ne m'étais pas trompée, que c'était un vrai groupe de scène avec une belle écriture poétique, des mélodies accrocheuses et des rythmiques bien envoûtantes. Voilà, voilà.

Oups. Voilà ce qui arrive quand on veut faire croire qu’on a de la culture. Merci.

Le fils d’amis (pour SuZie: un garçon métis (dsl mais j’aime pas le mot racisé alors que l’idée de tisser des mets ça me met plus l’eau à la bouche) attaque sa formation de policier vers Paris. C’est un garçon adorable, humain avec de jolies valeurs. Il s’engage pour aider. Jusqu’à quel’point Saura-t-il rester le même? C’est une vraie question que se posent aussi ses parents. Comme tous les métiers ou le pouvoir peut s’exercer sur autrui, il faut une sacrée force de caractère pour ne pas franchir la limite. Comme le dit le grand philosophe peter parker « With great poser comes great responsability »