Après les vagues créées par Banksy dans le monde de l'art, petit retour aux sources si j'ose dire.
J'ai déjà eu l'occasion de vous parler du célèbre tableau L'Origine du Monde de Courbet qui a une saveur particulière pour moi. Je me rappel distinctement du jour où j'ai découvert fortuitement cette oeuvre. J'étais collégiens et lors d'un intercours je me décide d'aller prendre repos au CDI. Je pénètre dans le silence religieux de ce lieu d'étude et ce jour là, par chance, j'ai l'occasion d'utiliser l'unique PC en libre service, un luxe à l'époque. Je tombe sur un CD-Rom intitulé Visite virtuelle du Musée d'Orsay. Intrigué, je le glisse maladroitement dans la fente. Du bout des doigt, à la pointe du curseur, je fait mes premiers pas dans ce monde pixelisé mystérieux. Un ou deux petit aller retour au hasard, je grimpe quelques marches et me retrouve dans une alcôve. Je pivote légèrement, et là, stupeur:

Je vous laisse imaginer la réaction pudique du jeune garçon que J'étais, nez à nez avec l'objet tabou, face a un écran cathodique qui n'avait plus rien de catholique.
Bref, ne tournons pas autour du pot, si je remet ce sujet sur la table, c'est qu'un livre vient de percer le mystère entourant l'identité du modèle. Je vous laisse vous délecter de cet article relatant l'histoire:
Madame "Origine du monde" s'appelait Constance Quéniaux
Constance Quéniaux serait donc le modèle de Gustave Courbet ayant posé pour son tableau-scandale "L'Origine du monde". Cette révélation du chercheur Claude Schoop résout une énigme vieille de 152 ans. Mais qui était cette danseuse d'Opéra ? Et si sa relation avec le peintre cachait aussi un autre secret érotique ?

Un sexe, des scandales, aujourd'hui... un visage ! Celui de Constance Quéniaux, danseuse à l'Opéra.
152 ans après la réalisation du tableau "L'Origine du monde" de Gustave Courbet, l'historien Claude Schopp affirme qu'il s'agit bel et bien de la représentation de l'intimité de cette artiste disparue en 1908.
Le hasard, comme souvent, a permis de faire la lumière sur ce qui était, jusqu'ici,
l'un des grands mystères de la peinture française.

En examinant une correspondance entre George Sand et Dumas fils, Claude Schopp est surpris par une coquille dans la transcription datant de juin 1871.
Dumas fils écrit : "On ne peint pas de son pinceau le plus délicat et le plus sonore l'interview de Mlle Queniault (sic) de l'Opéra". "Interview? ça ne voulait rien dire", explique le chercheur à un journaliste de l'AFP. Ce n'est pas "interview" qu'il fallait lire mais "intérieur".
Le chercheur s'en ouvre à Sylvie Aubenas, directrice du département des estampes et de la photographie de la BnF. "Ce témoignage d'époque découvert par Claude me fait dire que nous avons la certitude à 99% que le modèle de Courbet était bien Constance Quéniaux", confirme la directrice à l'AFP.
Bon.
Mais qui était Constance Quéniaux ?
Il nous reste très peu de choses de cette femme.
Née vers 1831, Constance commence sa carrière dans le corps de ballet de l'Opéra à 16 ans, en 1847. Théophile Gautier la remarque. "Ses beaux yeux noirs et sa danse élégante et correcte" écrit-il, admiratif.
On la retrouve dans un article de L'abeille impériale, "revue du grand monde des modes et de l'industrie". Constance Quéniaux "distinguée et gracieuse" y fait ses débuts en janvier 1854.
Sa beauté et son talent soulèvent des enthousiasmes, peut-être aussi des passions puisqu'un pastel représentant l'artiste est exposé au Grand Palais en 1867. Il est précisé "Constance Quéniaux, de l'Académie impériale de musique".

Dans quelles circonstances rencontre t-elle Gustave Courbet ?
Certainement par l'intermédiaire de Khalil-Bey (1831-1879), ce diplomate turc d'origine égyptienne, célèbre dans Tout-Paris pour sa collection de peintures qu'il expose dans son hôtel particulier du boulevard des Italiens.
Parmi les oeuvres qu'il possède, Le Bain turc d'Ingres mais aussi Le Sommeil du même Gustave Courbet. Ce dernier tableau représente deux femmes nues qui se reposent dans un même lit. Cette oeuvre, réalisée en 1866, déclenche déjà un formidable scandale.
Gustave Courbet est alors considéré comme "un pornographe".
Sa "Vénus et Psyché" n'a-t-elle pas été condamnée pour "indécence" ?
Un critique a même griffonné ces mots assassins : " En recherchant le hideux dans la réalité, Monsieur Courbet est parvenu à révolter le sens général".
Mais c'est précisément le scandale qui a piqué la curiosité de Khalil-Bey.
Au mois de juillet 1866, le diplomate se rend à l'atelier du peintre situé au 32 rue de Hautefeuille.
Et il lui passe commande.
A cette date, Constance Quéniaux a 34 ans. Elle ne danse plus depuis 1859 et elle est devenue l'une des maîtresses de Khalil-Bey, un homme que la presse décrit comme « lymphatique et voluptueux, sensuel et polygame, pittoresque et mystérieux ».
L'origine du monde sera longtemps caché derrière un voile vert dans la salle de bain.
Dès lors, en reconstituant le puzzle, tout semble concorder. Le sexe de Constance Quéniaux pourrait parfaitement être celui de L'origine du Monde.
Le secret du modèle aura traversé les époques... jusqu'à la coquille de Dumas fils et sa découverte par Claude Schopp, qui sort un livre début octobre.
Le dernier secret de L'origine du Monde
Constance Quéniaux ne fit jamais la moindre publicité sur ces séances de pose particulières. Son élégance et ses toilettes continuèrent de charmer longtemps les journalistes.
Dans Le Gaulois du 5 août 1878, on peut lire : "Mlle Quéniaux, artiste de la danse, très élégante, très jolie, d'un goût exquis dans sa toilette, parisienne des pieds à la tête (...) D'où sortait-elle, avant de sortir du troisième dessous ? Je l'ignore, mais elle avait de la race. Elle a dû hériter de quelque grosse fortune patrimoniale. Une vraie femme du monde - et du meilleur."
Fin de l'histoire ?
Non. Il reste un ultime rebondissement.
Savoureux.
Constance Quéniaux décède en 1908. Dans le catalogue de l'Hôtel Drouot où doit avoir lieu la vente de ses biens, le 11 juin 1908, les amateurs peuvent trouver des tapisseries, des bronzes et autres gravures mais aussi un tableau de Gustave Courbet intitulé sobrement "Fleurs". Il s'agit d'iris, de tulipes et de primevères. Etait-ce un cadeau de l'artiste... et un clin d'oeil ?
Dans cette savante composition florale, en son centre, figure une fleur avec une profonde corolle rouge épanouie et ouverte, tel un sexe de femme offert au regard des spectateurs...
Un ultime hommage du peintre ?