L'homme pressé – Paul Morand, 332 pages, 1941

L'histoire : Pierre Niox est un antiquaire trentenaire qui s'agite. Il brasse des affaires, beaucoup. Par (seulement) dans le but de s'enrichir mais juste pour agir, car pour lui la vie est le mouvement. Mais à s'agiter en tous sens, cet homme inox-ydable fait le vide autour de lui, car personne ne peut le suivre et lui n'attend personne, car l'attente c'est la mort. Ce n'est pas grave ; les sentiments n'ont pas de prise sur cet homme au cœur d'acier qui surfe sur l'existence.
L'acquisition d'un mas provençal, qu'il détruira progressivement dans le seul but de faire du neuf, l'amène à rencontrer les anciens propriétaires, dont la délicate Hedwige pour laquelle la langueur est un mode de vie.
Les deux conceptions de la vie vont se croiser. Vont-elles trouver un compromis ? L'une va-t-elle prendre le pas sur l'autre ? Ou ces deux visions sont-elles incompatibles ?

Intérêt : Bien sûr le titre ramène à la chanson de Noir Désir. Dans les deux titres, c'est la question de l'accélération de la société qui est questionné. Quel est le sens de cette course en avant ? Les efforts entrepris sont-ils utiles ? La vitesse semble appeler la vitesse tandis que la biologie a son rythme propre que l'on ne peut modifier. Alors que se passe-t-il si l'on va à l'encontre du rythme propre à chaque individu, à chaque espèce, à chaque organisation ?

Deux bémols avant d'attaquer le livre :
D'abord, il faut passer les 80 premières pages, le temps de se familiariser avec cette écriture très riche et trouver un intérêt pour cet homme. Mais, c'est aussi là le génie de Morand. Car cet homme, pour de vrai, n'en a aucun d'intérêt. Il s'agite en tous sens pour quoi, pour qui, on n'en sait rien, tant et si bien que le lecteur a du mal à s'attacher à lui. Et Morand tire un malin plaisir à montrer toute la vacuité de cet homme. On a un peu envie de le planter là où il est et de nous arrêter, nous, là on on en est. Et de le laisser dans la solitude qu'il creuse un peu plus chaque jour. Et ce serait dommage. Car, la rencontre avec Hedwige et sa famille va changer la donne.
Deuxième bémol : faire abstraction des tournures d'époque sur les noirs et les juifs...

De jeunes mamans passionnées et passionnantes m'ont fait découvrir cette "berceuse". Si je souscris à 100% aux bénéfices de l'allaitement naturel et à 200% pour foutre la paix aux mamans dans leur choix de nourrissage, naturel, lait préparé ou mix des deux, j'avoue que les paroles de cette chanson me gênent aux entournures (je ne parle que des paroles, pas de l'interprétation en LSF qui est un outil vieux comme le monde et intelligemment remis à la mode pour favoriser la communication parents-enfant). Suis-je la seule à la trouver un poil malaisante ?


https://www.youtube.com/watch?v=yt2W45AMc14

Je n'aime pas cette chanson. Alors je suis impatiente de voir si tu vas arriver par tes images à me faire changer d'avis....

<3 La prison concerne tout le monde ; ceux qui en doutent sont bien sûrs d'eux....

Alors là le mariage qui pour moi est un des piliers du patriarcat, ou alors je sais pas ça dépend comment on l'entreprend.
@Damnée

Ca l'était au début oui (et encore, avec des tentatives sporadiques d'émancipation des époux) mais maintenant tout dépend de ce que tu y mets dedans.
Bon visiblement, c'est à un mariage de gros relous auquel tu as été.
Mais on peut l'aborder de façon à la fois très intime et très ritualisé, et dont le maître mot serait engagement. Intime parce que pas besoin de cette "débauche" de cotillons-dansedescanards-foiegras-souriresobligés, etc pour donner de la force à cet engagement ; ritualisé car cet engagement se distingue d'une promesse par la présence d'un tiers qui "enregistre" la réciprocité de l'engagement. Et là encore, pas besoin de cette "débauche de etc etc.
Un petit livret bien fait et agréable à lire, pas cucul du tout 60 pages, 10€, disponible dans les bonnes médiathèques ( ) vient de sortir chez Actes Sud dans la collection "Je passe à l'acte". Ça s'appelle "repenser nos rituels - le mariage" et cela donne des pistes pour comprendre le sens que les uns et les autres donnent au mariage et se lancer dedans ou pas.

Nous ne sommes pas tous égaux face à l'apprentissage de l'orthographe et à tout un tas d'autres choses d'ailleurs.
@Damnée

Merci.

Jean-Pierre Duprey (Chronique version courte)

Je comprends ; c'est dur de faire court quand on est passionné. Ceci dit, merci, je découvre ce poète à la croisée du conteur. C'est envoûtant.

https://www.google.com/amp/s/www.lesechos.fr/amp/1122341
Un contrat de travail spécifique en prison... avec un droit du travail, ça serait bien
@Damnée

Oui, mais c'est aussi parce que la main d'oeuvre est aussi peu payée que certaines entreprises y font appel (attention, je cautionne pas) ; donc je suis pas sure qu'adopter un taux horaire à la hauteur d'un SMIC développerait l'activité professionnelle en prison.

" Je suis le Christ " à l'harmonica par exemple

Chiche !

satisfaction

C'est un peu loin de chez moi
Par contre, je trouve ça sympa que les festivals fassent la part belle aux découvertes. Je veux pas ramener ma gentiane d'auvergnate, mais c'est un peu le concept d'Europavox. Quelques têtes d'affiche pour faire venir du monde et les sous des partenaires et plein, plein de découvertes d'ici et de toute l'Europe. Parce qu'après tout, si on veut du mainstream, y'a qu'à allumer sa radio. Alors vivent les festivals qui ne sont pas des machines à sous !

J'ai eu beau cliquer partout, Damien je l'ai pas trouvé. Il est pas grand je sais mais quand même. Et les gens au bar ils m'ont rien dit.
Il est nul ton click and point.

Yes ! Et ça se serait un acte manifestant ! Tous ces gens à convertir au saezisme. Education populaire !
Mais je m'emballe, je crois.

"Laurent, enlève tes lunettes" So sexy!


sur les compilations 33 tours à côté des avions sauvages, de julie piétri, de bonnie tyler et de bananarama lol. Découvert l'hommage de Voulzy à kim ".


J'avoue, pareil. Mais intercalé avec les Doors, That petrol emotion, Aretha Franklin et Corringe, alors ça efface l'ardoise.

Menteuse ! C'est pour son petit sourire coquin et son regard hombre que t'es allée le voir Et puis lui, au moins, il a les cheveux propres.
Sinon, ben, d'accord, il en faut pour tous, et il faut reconnaître que les programmateurs proposent une affiche "La mocheté du monde ne passera pas l'entrée", et des fois, ça fait du bien, mais je crois que je regrette moins la gratuité de ton festival et vais continuer à écouter le chant des vaches d'à côté. En fait, quand tu les écoutes bien, elles ont des voix différentes, si, si. Polyphonie bovine.

Puissent les années qui s'annoncent te donner tort.
Puissent-elles ne pas fatiguer ta conscience et t'amener à admettre l'inadmissible.
Puissent-elles aussi te faire tenir debout et trouver du beau à la vie, malgré tout.

Autre hypothèse : comme il est pas fichu de faire court, c'est trop frustrant pour lui de faire une setlist sur 45 minutes.

et le prochain "cats on trees" en concert gratuit ce soir, au vu du premier titre de leur dernier album, ça va le faire:

C'est où ce festival avec des concerts gratuits ? Je suis jalouse.

kim wilde , son seul concert en France (qui plus est gratuit) à deux pas de chez moi, surréaliste, à 6/7 ans j'écoutais les 99 ballons de nena et ça :
l'occasion de découvrir que cette cover d'indo était une chanson de kim en fait:


https://www.youtube.com/watch?v=BFTVQOxiM1k


Kim Wilde ! Toute mon adolescence. Les garçons étaient tous amoureux d'elle. Pfft, une fausse blonde en plus.
Sinon, je dois admettre que la reprise d'Indo est vachement bien (et pourtant, je n'aime pas Indochine).


https://twitter.com/ValRobert974/status/1151799072023556100

Tout allait à priori bien avec M. Celui qui a été la lorsque j'étais plus bas que terre, qui m'a soutenue, qui avait ce regard si différent sur moi. Je l'ai aimé à la folie...
Qu'est ce qu'il s'est passé au juste ? Le couple ? La routine ? Le temps qui passe ? Les gens qui changent ? Quoi putain ?
C'est venu petit à petit, insidieusement, un petit rien. On n'y prête pas attention au début, on se dit que ça passera. Puis ça passe pas.
Ça grandit, grossit, enfle, et ça prends de plus en plus de place. C'est quoi qui cloche, bordel ?
"Le couple, c'est des hauts et des bas". Ouais, OK. Mais quand est ce qu'on sait que c'est trop bas ?

Et puis ya lui. Le pote à la compote, ce binôme.
Et puis ya eu cet instant. Celui qui, lorsque j'y repense, me noue le bide. La nuit tomba, et la boîte de pandore s'ouvrit. Aller direct pour la vallée des remises en questions et des doutes.
Chimère ? Probable. Exotisme ? Sans doute.
Mais on fait quoi maintenant ? On continue comme si de rien n'était ? Impossible. C'est comme si quelque chose s'était ouvert, que j'arrive pas à refermer. Peut être que je ne le veux pas non plus. C'est sûrement ça. J'ai pas envie de suturer la plaie, parce qu'elle me fait du bien, parce qu'elle me fait entrevoir ces couleurs vives, le rouge sang, luisant. La passion, l'étincelle de vie et la beauté des choses. Voir le sang circuler, cet élan de vie, d'énergie qu'il y a entre nous, et en nous. (Amen)
Et si c'était qu'un film ? Un fake, un gros maquillage de scène, tellement bien fait qu'on s'y tromperai ? Qu'à la fin, on nettoie tout à grand coup de jet d'eau et qu'il ne reste que la peau, monotone et unie, si tiède et si banale ?
Pour se rendre compte au final, que c'est toujours pareil. Passion, routine, désillusion.
J'ai pas envie de croire à ça. Je veux être scénariste, actrice et réalisatrice du film. Et qu'il ne s'arrête jamais. Les plaies, les failles et ouvertures seront vraies. Que ça jaillisse de partout, de la vie, du brillant et que ça prenne le bide. Bas les masques. Vous vous êtes crus au carnaval de Venise c'est ça ? Haha. Loupé. "this is real life" Comme dirait l'autre.

<3, tout simplement.

Bon anniversaire Kooseb !!
Une petite comptine british : I'm poppy, poppy, popular...


https://www.youtube.com/watch?v=tOFj1eeZg6U

tant de mots déjà depuis des mois
tant de vomi versé
d'éclaboussures reçues....
pour moi ce mouvement reste
une lutte contre la précarité
on peut tout dire, tout salir


C'est assez incroyable le travail de sape qui a été fait dans les médias, sur les réseaux, sur ce mouvement, au départ soutenu par les "classes populaires" et qui se sont fait couillonner grave en se faisant déposséder de ce mouvement, à grands coups de "je crée des scissions internes pour faire éclater le truc de l'intérieur" et d'images chocs montant, oh surprise que, tout groupe social, se compose à part égale (à vue de nez, hein, j'ai pas les chiffres), de gens biens, d'abrutis crasses et de malfaisants retors.
Des couillons. Nous sommes des couillons. Nous n'avons que ce que nous méritons.


+ souvent on se rend compte de vivre un moment merveilleux une fois celui ci passé ou à la perte de quelqu'un mais vivre un de ces moments et en être consciente... et bien c'est un truc de fou... conscientiser le moment en quelque sorte
@Damnée

<3

Somewhere else, Pascal Jousselin


Le sous-titre « Jazz, confidences et oreilles de lapin », est le meilleur et le pire atout de ce livre. Car, oui, ces 16 histoires courtes s'articulent autour de 16 morceaux de jazz, mais non, ce n'est pas un livre sur le jazz. On n'est même pas obligé d'aimer le jazz pour aimer ce livre. Aimer la musique suffit. Mais vraiment, aimer la musique, dans le sens d'être capable de se poser et d'ouvrir grands ses oreilles et son âme et accueillir la musique en soi, pas d'entendre des sons mélodieux pour meubler le silence.

Ce que ces nouvelles empruntent au jazz, c'est une liberté de ton, un enchevêtrement de motifs disparates qui reliés entre eux forment un tout cohérent. Que ce soit dans chaque histoire, surréaliste à souhait, ou dans cet album qui présente une unité dans le ton et le propos.
Disparates en effet sont les situations : pluie de harengs, saut temporel, ondes sonores qui deviennent vagues en appartements, geyser de feu déclenché par une musique et qui finira monétisé par des escrocs légaux, tout est banalisé, admis.
Mais c'est justement cette acceptation de l'étrange dans un réel non exempt de cynisme qui confère son charme à cette BD.

Dans cet univers surréaliste et poétique, le coup de crayon léger et simple associé à une bichromie bleu rend les personnages immédiatement attachants.


Plus que pour les amateurs de jazz, un album pour les rêveurs, les poètes qui sont capables d'extraire le beau dans la banalité ordinaire.

Ce qui me sidère, c'est qu'un justiciable puisse penser qu'une telle procédure, quel que soit l'objet de l'interrogatoire, soit normale. C'est dire la fragilité de l'être humain quand il se retrouve en tête à tête avec un uniforme, à quel point il peut se soumettre au pouvoir imaginaire de l'uniforme.

tu comprends mieux pourquoi on est nombreux-ses à avoir peur des votes en faveur de l'extrême-droite, même si on n'est pas la "victime idéale" dont tu parlais dans ton post précédent ?

oui, oui, je comprends mieux, même si là tout de suite, je t'avoue que ça ne change pas grand chose à mon ressenti. Lors des prochaines élections, les municipales, si les partis d'extrême-droite montent à nouveau, je ne suis pas sûr de me retrouver en panique ! Même si cette lecture m'a bien fait réfléchir sur le fait que l'expansion de l'extrême-droite doit toujours être crainte car c'est comme un poison, qui petit à petit envahit tout dans nos vies.


--> Sur le sens d'un vote FN aux municipales, je ne suis pas d'accord avec toi. Aux municipales, les gens tendent à voter pour une politique de proximité, avec des questions aussi basiques que : promesse d'une ligne de bus, activités périscolaires, etc, voire dans les plus petites communes, pour un homme et/ou une équipe indépendamment de son étiquette, soit parce que les candidats étaient déjà plus ou moins actifs dans la commune (assos, conseil municipal,...) soit parce qu'on le ou les connaît parce que c'est le beau-frère du cousin du voisin de sa grand-mère et qu'il est vachement sympa quand il fait des courgettes, il en donne autour de lui. Du local, du basique, du quotidien.
Si des gens qui ne répondent pas à ces catégories candidatent et réussissent aux municipales, cela signifie que ce n'est plus pour des gens qui portent des idées que l'on vote, mais pour des idées opportunément portées par des gens afin de gagner un territoire. Il n'y a plus adhésion à un bonhomme (en bien ou en mal, là n'est pas la question), mais à une idée (en bien ou, etc...). Donc, cela signifie que les votants adhèrent aux idées accessoirement défendues par un bonhomme lambda et qu'il y a volonté que ces idées soient mises en oeuvre dans le quotidien. Et ça, l'histoire montre que c'est pas cool.
Donc, pour moi, la part des votes FN dans un scrutin aussi "personnifié" que les municipales serait l'ultime signal d'alerte avant que la machine ne puisse être arrêtée.

+ Enfin après tant de fourvoiements, L'Idée, est là. Aller au plus simple, toujours, et remonter le fleuve.
-- Dégager le temps nécessaire. Le trajet sera long.

D'après une histoire vraie, Delphine de Vigan, 380 pages

L'écrivaine à succès Delphine rencontre lors d'une soirée L. ,une inconnue qui la fascine et pour laquelle elle éprouve un coup de foudre amical. Que de points communs partagent-elles ! C'est La personne qu'attendait une Delphine fragilisée depuis qu'elle est en panne d'écriture.
Peu à peu, le lien amical devient de plus en plus intense, et L. devient indispensable à la vie de Delphine. Mais lorsque la fusion est telle, y a-t-il encore de la place pour l'Autre ? Et lorsque cet Autre devient peu à peu un autre Vous, que vous reste-t-il ?

Dans ce roman, l'auteure explore une relation d'emprise, et à travers la fusion des personnages que celle-ci génère, trimbale le lecteur entre le vrai et le faux, entre la vraie vie et la fiction, entre le roman qu'elle écrit et celui que vous êtes en train de lire.

C'est brillant, pas du tout rasoir, cela se lit à toute vitesse et sauf la référence un peu lourdingue mais assumée à Misery de Stephen King, vos certitudes sont renversées au fil du récit, sans les artefacts habituels du thriller psychologique.

Pour le bonus, une interview de l'auteure :
https://diacritik.com/2017/10/31/entretien-avec-delphine-de-vigan-dapres-dune-histoire-vraie/

http://janinebd.fr/pourquoi-le-bac-2019-a-t-il-ete-un-chaos/


Merci Mélie de cette BD qui donne à voir autre chose que le message dispensé à tour de bras par les médias d'une bande de réactionnaires irresponsables et autocentrés.

Pour ceux qui découvriraient le charme de Janine, et voudraient associer l'utile (comme se préparer pour la philo de l'an prochain) à l'agréable, cette enseignante de philo a écrit un livre BD tout à fait pertinent pour rentrer dans les concepts philosophiques sans se faire chier pour autant :

C'est intelligent, bien fichu, agréable à lire et ça peut permettre d'entrer dans les oeuvres en se disant que la philo, ben c'est pas que chiant.